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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Champier, Victor: Notre bibliothèque
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0261

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JF.CL'S-CHRIST, par M. Louis Veuillot; ouvrage contenant
i8> gravures et 16 chromolithographies; — Ambr.-Firmin
Didot, éditeur, 1875, gr. in-8".

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

les courbures ogivales des arceaux, les flèches qui de partout
XXVIII. s'élancent dans l'espace sans bornes, tout ce mouvement d'ascen-

sion de chaque partie du temple et du temple entier, contribuent
à donner à l'âme une impression confuse de sévérité et de
terreur.

Il se passa d'abord des siècles avant que le christianisme pût
donner à son temple une forme correspondant à sa conception
de Dieu, de la nature et de l'homme. Lorsqu'il lui fut permis de
sortir des catacombes pour célébrer ses mystères au grand jour,
il dut se servir, en les modifiant, de monuments destinés pri-
mitivement à d'autres usages. Ce fut d'après ces premiers mo-
dèles qu'on éleva Saint-Paul de Rome, avec ses hautes nefs ;
puis, en s'éloignant toujours de l'art grec, on arriva à créer l'ar-
n des livres qui chitecture byzantine et celle qu'on a nommée romane, analogue
mettent le plus au caractère grave et simple du christianisme dans les premiers
en relief l'in- temps. Enfin le génie chrétien trouva son expression parfaite
fluence que le dans la cathédrale gothique qui offre une évidente combinaison
christianisme a des architectures antérieures, sans néanmoins en être ni la repro-
exercée sur les j duction ni l'imitation. Mais la foi s'affaiblit; le sentiment reli-
arts depuis gieux devint moins vif avec la Renaissance, et l'art antique fit
quinze siècles j alliance avec Fart chrétien. L'ogive et le plein cintre se mêlèrent ;
c.ct celui que on emprunta au temple grec ses lignes élégantes, et la voûte
jnous avons sous j latine, devenue le large dôme des Brunelleschi et des Michel-
les yeux ; il montre, par un heureux choix de ; Ange,, fut substituée aux tours légères et sveltes dont la pointe se

perdait dans la nue.

Toute cette partie architecturale de l'art chrétien est repré-
sentée avec beaucoup de goût dans le livre publié par la maison
Didot. Nous regrettons toutefois de la trouver rejetée presque
tout entière à la fin du volume. On aurait pu, ce nous semble,
faire suivre de plus près les gravures et le texte. De cette façon,
le lecteur aurait établi facilement un parallèle entre l'état de la
croyance religieuse à telle ou telle époque ec la nature du déve-
loppement artistique.

La sculpture tient une moins grande place que l'architecture
et cela devaic être. Le christianisme, en effet, dominé par la pen-
sée du monde spirituel, ayant le mépris de la chair destinée à se
flétrir si vite, ne pouvait concentrer ses efforcs sur un art dont
la condition première est la perfection extérieure de la forme.
Deux types cependant se font remarquer dans la sculpture chré-
tienne, autour desquels se rangent des figures intermédiaires
représentant toutes les nuances des sentiments qui les séparent :
ce sont le Christ et Satan. De là deux divisions, deux branches
distinctes de l'art qui contrastent entre elles comme le bien et le
mal dans la création. A côté du Christ, type idéal du Beau
absolu, sont toutes les créatures humaines rattachées à lui par
la vertu, et représentant les états divers dans lesquels se trouve
tout homme marqué par l'originelle dégradation. La tristesse du
repentir, la crainte de retomber, l'effort du combat, l'ardente
aspiration au terme de cette lutte décisive, ec tout ensemble la
paix, la confiance, le désir, l'espoir, le premier mouvement par
lequel le pécheur renaît à la vie spirituelle jusqu'à l'extase où le
saine, enivré de la lumière de Dieu, oublie la terre, forment
autant de degrés que gravit la créature imparfaite pour se con-
fondre enfin, par l'intermédiaire des anges, avec le modèle divin.
Quant à Satan, qui est le type du mal, il représente le dernier
état de dégradation et a fait naître également des figures de
pécheurs dont l'âme plus ou moins ternie apparaît sous une enve-
loppe plus ou moins hideuse. De là ces créations bizarres du
moyen âge qui sont les images symboliques de Satan.

Ce fut surtout dans la peinture que l'art chrétien prit son
développement. C'est aussi cette partie qui tient la plus grande
place dans le livre dont nous parlons. Les gravures des tableaux
les plus célèbres ont été semées avec autant de profusion que de
goût; elles arrêtent à chaque instant le regard et charment le

gravures, quelles transformations a subies en
matière d'arc l'idéal catholique à travers les
siècles. Nous ne nous occuperons pas de l'œuvre
historique, qui est telle qu'on la devait accendre
de M. Veuilloc; mais en feuillecanc ces pages
pleines de magnifiques ornemencs, nous ne pou-
vons nous défendre de quelques réflexions rela-
tives à l'action qu'exercenc les reli-
gions sur les destinées de l'art.

Chez les modernes comme chez les
anciens, le monumenc qui craduic le
plus fidèlemenc les idées, les aspira-
cions des peuples, c'esc le temple.
Dans l'Inde, il est l'expression du
panthéisme; au lieu d'offrir un tout
régulier saisissable à l'œil, il force, par
ce qu'il a d'inachevé, l'imagination à
initiale du xiv« sibci.e. l'étendre encore. Il semble indéfiniment
Bibliothèque s'agrandir. En Egypte, le cemple esc

de M. Ambroisc-Firmin Didot. n OJ r ' r

un sépulcre ; il représence la pensée
grave ec crisce de la more qui pèse sur l'homme et le possède
couc entier. La Grèce, elle, au concraire, s'enivre du sencimenc
de la vie et de l'idée de sa propre excellence. Repliée sur elle-
même, elle cherche ses horizons en soi. L'humanité est placée,
dans ce pays, sur un piédestal ; Dieu n'est considéré que comme
le type idéal de l'homme. Aussi le cemple n'esc-il que le séjour
de divinicés humaines. N'y cherchez pas le vague infini de Dieu,
ni l'immensicé de la nacure, n'espérez pas être cransporcé par des
rêveries célesces. Vous serez ravi par la grâce ec la majescé des
lignes ; mais vous ne perdrez pas le sens des réalicés terrestres ;
vous' ne serez pas troublé par de vagues aspirations vers un
monde immatériel, par des joies infinies, par des triscesses iné-
narrables.

Quel esc à son tour le caraccère du cemple chrécien? Symbole
des dogmes de la religion nouvelle, il représence la créacion dans
son étac présent ec dans ses rapporcs avec l'écac, les lois ec les
fucures destinées de l'homme. Les grandes ombres de ses voûces,
qui forment comme une atmosphère silencieuse d'où la crainte,
l'espérance, la vie, la mort sont exhalées de couces parcs, l'autel
où le Dieu rédempeeur réside et où convergenc les longues nefs,

Tome II. 30
 
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