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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Tardieu, Charles: Hippolyte Boulenger, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0325

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HIPPOLYTE BOULENGER

(fin».)

'apogée officielle de ce talent fut le Salon de Bruxelles, 1872. Trois grandes
toiles, qui comptaient parmi les meilleures du Salon sans distinction de genre,
— l'Allée des Charmes, les Rochers de Falmagne et Auderghem (environs de
Bruxelles) — mettaient Boulenger à la tète de l'école belge du paysage, à
laquelle son initiative donnait une impulsion nouvelle et que ses exemples
devaient contribuer à transformer. L'Allée des Charmes, dont le gouvernement
a fait depuis l'acquisition pour le musée de Bruxelles, obtint la médaille d'or,
décision qui fut à la fois ratifiée et contestée, en ce sens que chacun des trois tableaux du peintre
avait ses partisans, ceux-ci attribuant, comme le jury, la médaille à l'Allée, ceux-là aux Rochers,
d'autres encore à Auderghem, tous reconnaissant que la récompense était légitimement acquise au
paysagiste. Et cette lutte entre trois préférences, parmi les amateurs et les artistes, était encore un
hommage rendu à la diversité des aptitudes du peintre, dont le talent flexible avait réussi à se
manifester avec une égale supériorité dans des conditions tellement dissemblables de motif et de
facture que chacune de ses toiles aurait pu être signée d'un nom différent. C'est que Boulenger
n'était pas l'homme d'un seul tableau, mais essentiellement l'homme de la nature, toujours mobile et
variée à l'infini. Alors que tant d'autres ne songent qu'à augmenter leurs recettes pécuniaires en
exploitant une heureuse recette d'atelier, il n'est pas d'impression qui ne sollicitât son pinceau
toujours avide de sensations nouvelles et impatient de les fixer sur la toile. L'Allée des Charmes,
une allée qui avait l'esprit de ne pas chercher la majesté des châtaigniers séculaires de Théodore
Rousseau, rendait fidèlement et non sans poésie un effet plus modeste, un effet local, très-fréquent
dans les bois dont Boulenger était l'habitué. Le contraste était frappant entre la nature attristée de
cette allée déserte et fuyante, aux arbres jaunis et à demi dépouillés par l'automne, et le pêle-mêle
exubérant et joyeux <¥ Auderghem, encore un printemps, et qui peut-être n'eût pas trouvé grâce
devant Lessing, mais si vrai, si vivant, si fécond pour ainsi dire, qu'on devinait sous la vibration de
la couleur les bouillonnements de la séve. Ces deux belles pages, très-différentes d'aspect et d'exé-
cution, étaient inspirées par la nature propre aux environs de Bruxelles, nature mixte où la Flandre
et la Wabonnie semblent se donner la main tout en se tournant le dos. Les accidents de
terrains ne s'y élèvent pas à la hauteur des buttes Chaumont. Mais des spectacles multiples en
égayent les vastes horizons. Boulenger, qui aimait à en chercher l'expression caractéristique, en était
pénétré, mais non lassé. Cependant, soit pour se renouveler, soit pour montrer qu'il ne craignait pas
de sortir de son Tervueren favori et d'affronter l'inconnu, il lui avait plu de risquer une périlleuse
épreuve en se mesurant avec la montagne, écueil du paysage en général, et surtout pour le peintre
dont le talent s'est développé en plaine. Mécontent d'un premier essai, il avait gratté avec une sorte
de rage une anfractuosité de roche dans la Meuse, qui pourtant ne laissait que peu de chose à désirer.
Les Rochers de Falmagne, site sauvage et désolé, ciel orageux et plombé, lui faisaient une brillante
revanche. Les Ardennes belges, les bords de la Meuse lui ont fourni plusieurs tableaux, entre autres
une grande et pittoresque vue du fleuve au sortir de Dinant. Mais en somme il n'y avait là que des
distractions, des infidélités à ce qu'on pourrait appeler le « chez soi » de son talent, à ses campagnes
de Tervueren, à sa forêt de Soignes, qu'il explorait en tous sens, à toute cette nature des environs de
Bruxelles, qu'il a marquée de son empreinte et dont son souvenir est inséparable. Il y revenait en 1873
pour son Boistfort du Salon de Paris, où il ne passait point inaperçu, où plusieurs fois déjà les maîtres
de la critique, — ainsi qu'on peut s'en convaincre en parcourant le second volume des Salons de Bur-
ger, — avaient cité son nom avec éloge. Et le dernier tableau qu'il ait achevé, celui que M. Th. Chauvel

1. Voir tome II. p. 270.

Tome II. 37
 
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