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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [13]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0334

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SALON DE 1875. 297

et tout à fait le Saint Michel (n° 1458). Ce dernier est un fort vilain péché dont la respon-
sabilité première remonte au Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, qui a eu
l'intelligente inspiration d'en faire la commande pour servir de modèle à une tapisserie exécutée
aux Gobeîins pour la salle dite des Eveques au Panthéon. M. Merson eût sagement agi en refu-
sant tout net une faveur si préjudiciable à son talent. Naturellement son œuvre a fait penser
au Raphaël du Louvre, comparaison écrasante, et l'on n'a que trop promptement constaté que
son saint n'est pas même en équilibre sur le démon qu'il maintient sous ses pieds, que le coloris
constitue une gamme inénarrable, et que ce serait de toute manière absolument mauvais sans
un encadrement d'arabesques charmantes créées à souhait pour prédisposer à l'indulgence.

Il faut tenir compte, dans une fort large mesure, du sentiment très-élevé qui a inspiré au
jeune artiste le Sacrifice à la Patrie, sentiment qui lui fait le plus grand honneur et auquel je ne

Le Mort.

Gravure de Smeeton et Tilly, d'après le tableau de Stanislas Torrents.

saurais trop applaudir; mais c'est précisément parce qu'il vise haut qu'on lui doit davantage la
vérité afin de l'éclairer, de lui indiquer où son talent s'égare et d'aider des efforts si dignes
de tous encouragements à mieux atteindre le but. M. Merson a l'allure décorative et ne l'a pas
qui veut ; c'est un don que je tiens en sérieuse estime, mais qui abonde en dangers ; il permet
de donner à peu de frais une certaine tournure à ce que j'appelle des œuvres de marqueterie,
c'est-à-dire composées de figures prises de ci et de là, et c'est un peu le cas du Sacrifice à
la Patrie; tout le monde a rencontré l'enfant nu, le génie, si vous voulez, dans Raphaël, et la
Renommée dans Goltzius, Barthélémy Spranger et Compagnie. Ce qui appartient le plus en propre
à M. Merson c'est le mouvement désespéré de la mère ; il n'est pas irréprochable, mais il est
dramatique et bien en situation, et la part de l'éloge l'emporte de beaucoup sur celle de la
critique. Il est fâcheux que l'arbre brisé semble sortir du corps de la mère et plus fâcheux
encore que M. Merson soit si peu coloriste. Il est jeune; il lui reste encore beaucoup à acquérir;
il n'a qu'à vouloir.

Je ne suis pas un des fanatiques de M. Bouguereau et je ne crois pas que je sois jamais
en passe de le devenir, mais j'ai l'injustice en horreur et je n'admets point qu'on ne le traite pas
Tome II. 38
 
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