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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Concours du Conservatoire de musique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0420

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CONCOURS DU CONSERVATOIRE DE MUSIQUE

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ans la dernière semaine de juillet ont eu lieu les
concours publics du Conservatoire, qui ont le pri-
vilège de rassembler dans l'excellente et jolie salle
de la rue Bergère un public spécial, passionné
pour ce spectacle d'un genre tout particulier et

qui se retrouve chaque année toujours le même.

Ce n'est point une petite affaire que ces concours, dans un
établissement destiné à peupler nos théâtres et nos concerts de
chanteurs et d'instrumentistes exercés, à former des compositeurs
et des virtuoses de tout genre, et à délivrer à tous ces jeunes
artistes, sous forme de prix ou d'accessits, des encouragements
ou de véritables diplômes de capacité. De ces épreuves, redou-
tables pour les élèves et parfois redoutées.des professeurs, il en
est qui ont lieu à huis clos; ce sont celles qui se rapportent aux
branches suivantes de l'enseignement : contre-point et fugue;
orgue et improvisation; harmonie écrite; harmonie et accompa-
gnement; solfège; étude du clavier (piano élémentaire), harpe,
contre-basse. Les autres se font devant le public : chant, opéra,
opéra-comique, tragédie et comédie; piano, violon, violoncelle,
instruments à vent.

Nous nV.ons pas à parler ici des concours à huis clos, le
secret qui les entoure étant naturellement impénétrable; mais
nous allons jeter un rapide coup d'œil sur l'ensemble des con-
cours publics, et signaler les jeunes artistes qui nous ont paru
dignes d'attention, ceux devant qui l'avenir se montre souriant et
plein de promesses.

En dehors de l'étude du solfège, fort heureusement obligatoire
pour tous aujourd'hui, l'éducation des chanteurs au Conservatoire
comprend trois parties distinctes, qui forment un ensemble com-
plet : le chant proprement dit, l'opéra et l'opéra-comique. Tous
les élèves, à très-peu d'exceptions près, suivent donc ces trois
cours; il faut qu'une voix soit absolument réfractaireà l'un des
deux genres lyriques (comme, par exemple, le contralto à l'opéra-
comique) pour que l'élève soit dispensé d'étudier l'un d'eux'. Les
concurrents se montrent donc la plupart du temps simultanément
dans les trois concours, et il n'est pas absolument rare de voir
un élève laborieux ou bien doué obtenir, la même année, les trois
premiers prix à la fois.

Ce fait ne s'est pas produit cette année, où d'ailleurs les con-
cours ont été plus solides dans leur ensemble que brillants par
la présence de quelques individualités exceptionnelles. Les deux
sujets les plus distingués des classes vocales sont évidemment
M. Couturier, qui a obtenu les deux premiers prix de chant et
d'opéra, et M"e Vergin, qui, après s'être vu décerner seulement
un premier accessit pour le chant, a brillamment emporté les
deux premiers prix d'opéra et d'opéra-comique. M. Couturier,
qui s'est fait entendre dans l'air superbe d'Hoël du premier acte
du Pardon de Ploèrmel et qui a joué la scène des cartes de
Charles VI. est doué d'une belle voix de baryton, grave, puis-
sante et. chaude, sonore et vibrante, mais il n'est pas encore
maître de sa vocalisation, et il devra se mettre en garde contre
un chevrotement précoce et qui pourrait lui être fatal. En tant
que comédien, on le" sent intelligent et suffisamment doué, à la
condition qu'il travaille sérieusement. — M"e Vergin est une
jeune femme de vingt et un ans, grande et distinguée, point jolie,
mais organisée d'une façon exceptionnelle, et qui a certainement
le tempérament d'une artiste. Elle s'est produite successivement
dans le grand air de Sémiramis} dans la scène du quatrième acte
à'Hamlet et dans le premier acte du Songe d'une Nuit d'été.
Cette jeune personne est douée d'une voix charmante et étendue,
plus convenable à l'opéra-comique qu'à l'opéra; elle a du goût, '
déjà du style, un bon sentiment musical; et, qualité rare et pré-
cieuse surtout chez une femme, elle articule avec une admirable
netteté ; enfin sa vocalisation est facile, quoique inégale encore.

Sous le rapport scénique, M"" Vergin montre beaucoup d'intel-
ligence, de la tendresse, de la passion et une délicatesse char-
mante. A côté de ces qualités, deux graves défauts : la diction du
dialogue d'opéra-comique est mauvaise, quelquefois absolument
fausse, et le geste, beaucoup trop abondant, fait ressortir encore,
par la fréquence des mouvements, la longueur des bras. Malgré
l'importance de ces réserves, je n'en suis pas moins convaincu
que M11* Vergin, si elle continue de travailler avec ardeur, est
appelée à un très-brillant avenir.

Parmi les autres élèves couronnés, il faut surtout distinguer
les suivants : — M!le Bilbaut-Vauchelet (i"prix de chant et
2e prix d'opéra-comique), une jeune fille bien douée, qui à neuf
ans se faisait applaudir dans les concerts comme violoniste,
qui aujourd'hui joue fort bien du piano, et qui, musicienne jus-
qu'au bout.des ongles, vient d'obtenir un premier prix de sol-
fège. M'le Bilbaut-Vauchelet fera une adorable dugazon d'opéra-
comique; — M. Queulain (1er accessit de chant, ier accessit
d'opéra, 2e prix d'opéra-comique), dont le physique est un peu
pauvre, mais qui fera une bonne basse chantante d'opéra-comique
et qui possède déjà de bonnes qualités de chanteur et de comé-
dien; — Mlle Bâtard (1" accessit de chant), dont la voix de con-
tralto, d'une étendue de deux octaves et demie, est admirable ;
— M11* La Rochelle (2" prix de chant), une jeune femme douée
d'une voix charmante et chantant avec goût, mais qui ne paraît
pas se douter de ce que c'est que la scène; — M"e Sauné (2e ac-
cessit de chant et ier accessit d'opéra-comique), qui fera cer-
tainement une artiste et qui est remarquablement intelligente ; —
M. Demasy (ier accessit de chant), un ténor qui manque de
correction, mais qui a de la flamme et de la passion ; — enfin
M. Collin (2e accessit de chant et icr accessit d'opéra-comique),
qui fera un aimable et gentil ténor d'opéra-comique.

Dans les classes instrumentales, le jury s'est montré moins
prodigue de récompenses qu'à l'ordinaire. Entre autres — et ceci
est un fait absolument exceptionnel — il n'a pas cru devoir dé-
cerner de premier prix pour les classes masculines de piano.
Parmi les jeunes filles pianistes, on a surtout remarqué deux
seconds prix, M"e Carrier-Belleuse, la fille de notre excellent
statuaire, et M11" Gentil, deux jeunes personnes dont les qualicés
sont vraiment exceptionnelles et indiquent de véritables natures
artistiques. Mlle Schmidt, qui a obtenu un premier accessit, et
M,le Miclos, qui en a eu un second, paraissent bien douées et
bien dirigées. Je ne vois pas grand'chose à dire de M"es Tara-
vent et Pottier, dont les premiers prix me semblent peut-être un
peu prématurés.

Dans le concours de violon, deux premiers prix ont été dé-
cernés en toute justice, l'un à M. Diaz-Albertini, un artiste déjà
formé, dont le talent est plein de feu, de chaleur et d'éclat, l'autre
à M"° Pommereul, une jeune fille charmante, dont les qualités
fort distinguées sont incontestables. M. Heymann, qui a obtenu
le seul second prix, sera certainement un artiste, et promet beau-
coup pour l'avenir. Les deux premiers accessits, MM. Berthelier
et Gibier, méritent aussi une mention flatteuse.

Enfin le concours de violoncelle a montré plusieurs sujets
distingués. La galanterie française me défend d'insister sur la
valeur du premier prix décerné à M"e Hillemacher, qui a le tort
de jouer constamment faux avec un imperturbable sang-froid;
mais le second prix, M. Farnow, fera assurément un sujet hors
ligne, et M. Bruneau n'a vraiment plus grand'chose à apprendre
pour être un excellent virtuose.

En somme, il faut répéter que les concours de 1875 onc été
satisfaisants au point de vue de l'ensemble, et qu'ils promettent
pour l'année prochaine des résultats très-brillants.

Arthur Poiigijj.
 
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