Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

DOI Heft:
No. 2 (Novembre 1898)
DOI Artikel:
L'Art Décoratif à l'Exposition de 1900
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0128

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext

La grève générale qui a sévi quelques semaines
à Paris, a failli avoir de fâcheuses conséquences à
l’Exposition de 1900. Les travaux ont été suspendus
pendant une huitaine de jours et les ouvriers ne
sont retournés aux chantiers que grâce à l’habile
intervention de M. Picard qui s’est fait leur inter-
médiaire auprès des entrepreneurs.
Le public peut être aujourd'hui rassuré. Ce retard
a été rattrapé et tout marche pour le mieux.
Tandis que les adjudications se multiplient, on
a attaqué un peu partout les gros travaux d’art et
l’aspect des chantiers est déjà intéressant pour nous.
Au Cours-la-Reine, une armée d’ouvriers travaille
aux chapiteaux des colonnes du grand palais, d’au-
tres essayent des moulures. Le travail est poussé
très activement, de sorte que, dans peu de jours,
l’aspect des constructions se dessinera nettement.
Au petit palais, la construction semble moins
avancée ; du reste les travaux d’art y sont moins
importants.
Les culées du pont Alexandre III sortent déjà
des berges de la Seine, et permettent de se rendre
compte de la courbe de l’arche. Une somme d’un
million a été prévue pour leur ornementation ; il
faut ajouter que bien des artistes, dans les offres
qu’ils ont faites, ont volontairement consenti des
prix très bas, afin que leurs noms soient inscrits
sur ce monument historique. .
Les pilones encadrant le pont ont été montés
très rapidement et se dressent fièrement, comme
pour en défendre l’entrée. Nous avons déjà dit
qu’ils seraient surmontés de Pégases et de Re-
nommées en bronze doré; les groupes de la rive
droite sont intitulés Vox pacis, ceux de la rive gau-
che . Vox gloriæ.
Les artistes se sont reparti les quatre figures
assises, en pierre, qui, au pied de ces pilones, re-
présenteront la France aux différentes époques :
la France de la Renaissance et la France de
Louis XIV, au quai d’Orsay ; la France du moyen
âge et la France moderne, au Cours-la-Reine.
Enfin le pont lui-même sera orné et des artistes
ont été désignés pour compléter l’œuvre des ingé-
nieurs. Sur les balustrades du pont, des génies
des eaux regarderont couler la Seine, et seront
exécutés par MM. Morice et Massoule, le car-
touche central sera de M. Récipon ; d’autres
cartouches aux armes de France et de Russie auront
pour auteur M. Glantzlin, professeur de modelage
a l’école Boule. Les grands candélabres ont été
confiés à M. Gauquié. Au départ des escaliers du
pont, M. Dagonet placera des vases, entourés de
groupes d’enfants.
Rappelons que MM. Cassian Bernard et Victor
Cousin, architectes, ont accepté la lourde tâche de
mener à bonne fin la décoration générale du pont
Alexandre III.


La compagnie du chemin de fer de l’Ouest s’est
décidée à envoyer quelques ouvriers sur ses chan-
tiers et les parisiens, retour de villégiature, ont été

tout étonnés de voir monter la gare des Invalides et
presqu’achevées les petites stations intermédiaires.
Ces constructions ne s’annoncent pas comme bien
merveilleuses et la compagnie de l’Ouest y continue
les traditions peu artistiques dont elle a la spécialité.
La nouvelle gare d’Orléans dont nous avons vu
les plans, en revanche, sera très jolie, mais elle est
à cinq minutes de l’Exposition.


Place de la Concorde, on a commencé les sondages
pour la porte monumentale projetée par M. Binet.
D’après les dessins publiés par les jour-
naux et les revues, cette porte sera un arc immense,
de face, avec deux autres arcs égaux formant
triangle et supportant une coupole ajourée. C’est
intéressant comme problème de géométrie descrip-
tive, mais contestable comme beauté.
Le tout sera bariolé de couleurs éclatantes, cons-
tellé de lampes électriques et chamaré de sculptures
représentant l’histoire du travail et bien d’autres
choses encore.
Nous nous joignons . aux journaux qui s’élèvent
contre cette mascarade monumentale. En voulant
faire trop somptueux, on retombera dans les erreurs
du café Riche. Nous acceptons le principe d’une
porte monumentale, mais nous nous refusons à
croire qu’on laissera M. Binet nous obliger à passer
par un portique où le vent et la pluie feront rage
et qui promet d’être la « Tour de Babel de 1900 ».
Pendant qu’il en est temps encore, souhaitons
que l’architecte modifie le projet et se montre' plus'
pratique.
En avant de la porte, s’élanceront à quarante
mètres du sol, deux grands minarets qui nous ont
paru' habilement ornés et qui auront au moins le
mérite de nous débarrasser des deux mats tradition-
nels qu’un entrepreneur officiel dresse de chaque
côté de l’obélisque, aux jours de fêtes nationales.


Enfin, quelques bonnes nouvelles nous par-
viennent de l’Exposition.
Les délégués des deux sociétés rivales se sont
mis d’accord avec le commissariat, quant aux em-
placements concédés aux Beaux-Arts dans le Grand-
Palais des Champs-Elysées.
D’autre part, l’administration serait décidée à
réduire le nombre des panoramas précédemment
autorisés. Pour n’en citer qu’un, le « Maelstrom »
du peintre Castellani est tombé dans le gouffre de
l’oubli. Il restera cependant celui de la « rue à
Paris » qui sera d’autant moins intéressant que le
pinceau de deux maîtres réunis ne peut égaler la
réalité, visible à coté... sans supplément.
Le projet d’Exposition internationale des Religions
serait abandonné, comme le précédent congrès des
religions.
Félicitons l’administration qui nous épargnera
des exhibitions par trop fantaisistes.


Georges Bans.
 
Annotationen