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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 3 (Décembre 1898)
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Les verriers de Nancy
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Verres de table
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0135

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mais, chose singulière, ces artistes sont en même
temps au nombre des fabricants de qui nous
viennent ces lamentables objets. Si l’on s’étonne
de ce cumul, ils répondent que c’est la fabri-
cation en masse suivant les habitudes du
public qui leur donne les moyens de consacrer
leurs loisirs à l’art, auquel ils ne gagnent rien.
Est-il bien sûr que ces Messieurs soient dans
le vrai? Ils nous semblent, au contraire, com-
mettre deux grandes erreurs. D’abord, l’art
n’est pas nécessairement si peu lucratif qu’ils
l’affirment; il ne manque pas d’exemples poul-
ie prouver. Ensuite, rien n’est plus faux que
le préjugé qui lie l’idée d’art à celle d’objet
sans utilité immédiate, ou même à celle d’objet
de luxe.
Evidemment, la production d’objets tels que
ceux auxquels MM. Gallé et Daum se consacrent
comporte tant de difficultés, le danger de
destruction d’une pièce coûteuse aux trois
quarts terminée est si grand qu’il ne peut
être question d’adapter leurs formules ordi-
naires à l’objet usuel. Nous n’entendons pas
non plus le moins du monde contester le
bienfait du bibelot, joie de son possesseur et
source d’éducation pour la masse qui l’admire
aux vitrines du marchand. Mais est-ce à dire
que la tâche des artistes dont nous parlons soit
remplie? Précisément parcequ’ils sont les premiers
dans leur art, n’est-ce pas d’eux qu’on devrait
attendre l’introduction du beau dans ce qui
touche le plus la généralité, c’est-à-dire dans
l’usuel? Le don créateur dont ils ont donné
la preuve éclatante dans un genre, leur est-il
plus difficile de le mettre au service d’un autre?
Après avoir triomphé du péril de présenter
l’inédit aux plus exigeants, est-il trop téméraire
de l’offrir à ceux qui le sont moins ?
Ce qui s’impose maintenant à l’art verrier
industriel, c’est une fabrication dans des con-
ditions de forme et de décor telles, que le prix
de l’objet ne soit pas grevé de la perte de dix
pièces manquées pour une réussie. Ces con-
ditions sont-elles impossibles à réaliser? Non;
les verreries de M. Powell, qu’on trouve partout
en Angleterre, sont là pour le prouver. Unique-
ment de deux éléments, une forme simple
mais bien étudiée et l’opalisation du verre à la
bonne place sur cette forme, M. Powell a tiré
une infinie variété d’objets très - agréables,
harmonieux, et du prix le plus modique. Sans
doute, l’amour de l’Anglais pour son «home»
dans toutes les classes fournit à une telle
industrie un élément de succès qu’elle ne
trouverait au même degré en France ; mais il
y a chez nous tout de même assez de gens
qui préfèrent les jolies choses aux laides pour
qu’il soit sûr d’avance que des objets compris

comme ceux de M. Powell ne restent pas long-
temps dans les boutiques.
Cette digression ne diminue en rien la haute
estime due à l’œuvre des verriers de Nancy.
Il y a dans certains vases de M. Gallé une
véritable poésie, et tout ce qui sort de ses
mains est d’une distinction suprême. Dans un
caractère et par des moyens plus simples,
M. Daum atteint aussi à la beauté; simplicité
relative cependant et qui n’est pas encore apte
à s’industrialiser. Si la difficulté vaincue donne
la mesure de la valeur de l’objet, la palme
revient à ces artistes, car jamais nul ne s’en
est imposé de plus grandes et n’en a mieux
triomphé. m. g. et j.
VERRES DE TABLE
Notre admiration pour les œuvres de Gallé,
de Daum, de Tiffany et d’autres ne peut nous
empêcher de convenir que ces verriers célèbres
n’ont trouvé le nouveau dans leur art qu’au
détriment du caractère de la matière qu’ils
traitent. Les artistes français en ont fait une
sorte de roche, comme autrefois les Chinois.
Dans les mains de Tiffany, le verre est devenu
une matière toute nouvelle, d’où presque toutes
les propriétés qu’on connaissait au verre sont
exclues profit de valeurs nouvelles.
En somme, quel que soit leur mérite, ces
artistes ont quitté la grande route pour aller
s’ébattre à travers champs. Ils ont poursuivi
les contrastes de couleurs et d’éclats là où il
s’agirait avant tout de la forme, la matière
restant à peu près invariable.
De là cette conséquence fâcheuse : tout poul-
ie verre de luxe, rien pour le verre usuel.
C’est l’industrie qui s’est chargée cette fois
d’introduire l’art dans l’objet. En Angleterre,
Morris lui avait fourni un modèle de verre de
table (page 152) d’une admirable pureté de
formes : la perfection. Aujourd’hui, les Anglais
possèdent quantité de bons modèles, qu’on
trouve dans tous les magasins de verreries et qui
ne coûtent pas cher. Nous donnons page 141
les photographies de plusieurs, et, sur la même
page, celles de pièces remarquables de M. Powell,
traitées dans le même esprit.
La Belgique suit l’Angleterre. Les cristalleries
du Val St Lambert auxquels nous consacrons
un article, font de la verrerie usuelle d’un
goût parfait. En Allemagne, on commence.
Les Allemands ont en M. Koepping — dont
nous avons reproduit les nouveaux verres de
table dans le numéro précédent — un maître
qui pouvrait bien les conduire loin dans cette
voie.
A Paris, deux artistes travaillant en commun,
 
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