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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 3 (Décembre 1898)
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Verres de table
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La verrerie de Venise
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0136

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L’ART DÉCORATIF -C^=^

MM. RippLRonai et Pitcairn-Knowles ont produit
dans les derniers temps des verres de table
originaux, dont nous donnons quelques-uns
page ooo. Leurs formes, dans lesquelles ces
artistes semblent chercher le fruste, même le
rustique, ne peuvent être acceptées sans réserves;
en général elles ne répondent par assez au
but — première de toutes les conditions à
remplir par des objets si simples; — de plus,
le caractère de la matière est souvent méconnu,
la couleur étant forcée jusqu’à la rendre opaque.
Ces remarques n’empêchent pas les verres de
MM. Rippl - Ronai et Pitcairn - Knowles de
témoigner d’une richesse d’invention qui, bien
dirigée, permet d’attendre beaucoup de ces
artistes. R.
LA VERRERIE DE VENISE
Murano, où les verriers vénitiens commen-
cèrent leurs premiers essais dès les temps reculés
du moyen âge, est une petite île située à 8 ou
çjoo mètres au nord de Venise. Là, le lit de
la mer est formé d'un dépôt de quartz très
fin et très pur, apporté par les torrents des
Alpes. Ce quartz est la principale matière
première du verre de Venise, et le prix qu’y
attachent les verriers de Murano est si grand,
que la Chambre de commerce locale a obtenu
du ministre des travaux publics d’Italie, en 1886,
un décret par lequel il est interdit de l’em-
ployer à quelque autre usage que ce soit.
Simples artisans d’abord, et confectionnant
seulement des ustensiles, les verriers de Murano
devinrent de bonne heure des artistes célèbres.
Au douzième siècle, les souverains et les plus
hauts personnages de la chrétienté et du monde
musulman se disputaient déjà leurs œuvres à
prix d’or. Leurs productions faisaient l’orgueil
et étaient l’une des richesses de la «reine de
l’Adriatique». En 1223, le Sénat ordonna que
les noms des verriers fussent inscrits aux archives
de la République, «pour être tenus en grande
estime et être respectés dans l’histoire». Après
cet édit, les familles patriciennes de Venise ne
pensèrent pas déroger en donnant leurs filles
en mariage aux maéstri de Murano, et les
enfants nés de ces unions eurent droit à tous
les privilèges nobiliaires.
En revanche, le Conseil des Dix n’était
pas tendre pour les verriers qui, séduits par
les offres magnifiques de souverains étrangers,
tentaient de s’établir hors de la République.
Après deux avertissements, leurs biens étaient
confisqués; et si l’artiste infidèle restait sourd
au troisième, un émissaire partait avec mission
de faire justice par le fer ou le poison. Il faut
croire cependant que le Conseil des Dix finit

par abandonner cette procédure sommaire,
puisque sous Henri II, plusieurs familles mura-
niennes émigrèrent en France, y établirent leur
industrie et moururent tranquillement dans leur
lit. C’était le temps où la verrerie vénitienne
était à l’apogée de sa prospérité, comme aussi
la fortune de la République.
A la fin du seizième siècle, la décadence de
Venise commença, et avec elle, celle de l’art
de Murano. Les formes s’alourdirent, les couleurs
se firent criardes. Les efforts du Sénat furent
d’autant plus impuissants à arrêter la dégringo-
lade, que la vogue des cristaux de France et
de Bohême se répandait justement alors dans
toute l’Europe. Vers 1700, quelques vaillants,
Giuseppe Briasi, Bigaglia, Seguso, Mialti et Bar-
bini brûlèrent encore quelques cartouches pour
le retour aux an¬
ciennes traditions :
ce furent les der¬
nières. Après eux,
la verrerie véni¬
tienne ne fit plus
que végéter, ou¬
bliée de tous et s'ou¬
bliant elle-même.
Au commence¬
ment de notre
siècle, les anciens
secrets de compo¬
sition étaient per¬
dus.
En 1856, il y
avait à Venise un
légiste riche et con¬
sidéré, le docteur
Salviati. Ce légiste était amateur passionné
d’émaux, de verres, de mosaïques, etc. Il s’était
mis en tête de faire renaître de ses cendres
le vieil art vénitien. Tout en piochant ses procès,
il courait les bibliothèques, sortait les vieux
bouquins de la poussière, les compulsait avide-
ment, tournait et retournait les vieux cristaux,
interrogeait les anciens. Un beau jour, il ferma
son étude pour s’associer avec un artisan, des-
cendant d’une vieille famille de Murano, Lo-
renzo Radi. Il avait retrouvé les vieux secrets
perdus depuis un siècle et demi.
Sous l’impulsion de cet homme persévérant,
Murano a revu les beaux jours d’autrefois.
Le docteur Salviati est mort en 1889, en léguant
à son fils, M. Giulio Salviati, un nom connu
de toute l’Europe et l’un des établissements
les plus prospères en son genre.
Les outils des artistes verriers — à part le
four — sont tout ce qu’il y a de plus simple.
Une longue canne à souffler en fer, une paire
de grands ciseaux, quelques tiges graduées pour

C. MEUNIER « LES SOUFFLEURS
AU VAL ST LAMBERT « « « « « c


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