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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 4 (Janvier 1899)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0231

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L’exposition ouverte le 15 décembre à la Galerie
des Artistes modernes, 19, rue Caumartin, par ce
petit groupe d’artistes qui continue de s’appeler
« les Six » — bien qu’ils soient aujourd'hui sept —
n’apporte que peu de révélations nouvelles, mais
on peut dire que presque toutes les œuvres expo-
sées comptent parmi les meilleures des artistes ex-
posants.
M. Aubert, qui vient premier dans l’ordre alpha-
bétique, déploie un important contingent de tissus
de tenture en laine tissée et en velours imprimé, et
quelques tapis dans lesquels on retrouve les qua-
lités ordinaires de l’auteur. Rien n’est plus clair,
mieux composé, plus harmonieux de dessin et de
couleur. C’est pitié de penser que tant de gens
courent acheter dans quelque boutique anglaise
des étoffes criardes et qui passent en six mois,
quand l'industrie française leur offre au même prix
les choses ravissantes, et répondant si bien à nos
goûts, que M. Aubert crée pour elle !
Vient ensuite, toujours de M. Aubert, une vi-
trine d’éventails et de pièces en dentelles polychro-
mes, dont nous parlons à une autre place et dont
nos pages de gravures donnent de nombreuses re-
productions ; puis deux frises et un panneau en
faïence. Ce dernier, fait pour la décoration murale
d'une salle de bains, est remarquable par l’habileté
avec laquelle l’artiste a su tirer une composition
complexe et de grande surface de trois ou quatre
dessins de carreaux.
De M. Alexandre Charpentier, l’exposition mon-
tre une vitrine de plaquettes, médailles et petites
boites en argent et en bronze patiné, et des boites à
jeu en cuir avec couvercle d'argent. Ces bibelots
présentent l'intérêt ordinaire des productions de
M. Charpentier ; mais la pièce principale de cet
artiste est sa pendule en collaboration avec M.Tpny
Selmersheim. La monture en bois de padouck de
ce dernier, d’une forme élégante qui rappelle un
peu celle de certaines pendules Louis XV, et les
groupes en bronze doré de M. Charpentier la fuite
de l’Heure et les Parques’, forment dans leur en-
semble un très bel objet d’amateur.
M. Jean Dampt a deux broches finement ciselées,
mais peut-être un peu naturalistes, le plâtre d’un
boitier de montre modelé avec la distinction ordi-
naire de M. Dampt, et la porte de sa propre salle
à manger. Dans les boiseries et les meubles de
celle-ci, M. Dampt a eu l’idée d’allier trois bois,
le chêne, le sapin et le noyer, idée dont il a tiré
bon parti. Laporte, décorée de sculptures de fruits
et de céréales heureusement disposées, est garnie
de ferrures forgées qui nous laissent l’impression
que M. Dampt excellerait dans l’art de la forge
encore plus que dans aucun autre, si les circons-
tances le poussaient de ce côté.
M. Desbois — le nouveau venu dans la compa-
gnie — a placé quelques-uns de ses beaux étains ;
M. Moreau-Nélaton, des poteries décorées en cou-

leurs vives, nouvelles d’effet, ce qui commence à
devenir difficile en céramique. Dessins pleins de
distinction, plusieurs trouvailles dans le nombre
(le décor de toiles d’araignée entre autres).
Avec M. Plumet, nous arrivons au « clou » de
l’exposition : sa salle à manger pour le peintre De-
taille, en collaboration avec M. Tony Selmersheim.
Cet ensemble, en bois de frêne, se compose de deux
grandes constructions se faisant face et occupant
deux des côtés (environ 6 mètres) de la salle, les
deux autres étant occupés par la porte et la fenê-
tre. Chacune des deux constructions' comprend un
buffet à chaque extrémité; les buffets de l’une
font corps avec la cheminée, placée entre eux, et
ceux de l’autre avec une grande tablette qui les
réunit. Cet ensemble est largement et simple-
ment traité ; c’est là de vrai meuble, tel qu’un ar-
chitecte peut et doit le comprendre, exempt de la
fausse recherche dans laquelle tant d’artistes, et
non des moindres, s’ingénient à vouloir découvrir
le nouveau.
La manière de MM. Plumet et Selmersheim s’est
modifiée dans le sens de la robustesse, sans rien
perdre d’ailleurs de sa grâce. Il est inutile de dire
qu’ici, la décoration est liée' de la manière la plus
intime avec la construction, ainsi qu’il doit en
être; ou, plutôt, elle n’existe pas,.à moins qu’on
veuille ainsi qualifier le modelé des pièces por-
tantes. Ce modelé est, il est vrai, réellement un
chef-d’œuvre en son genre par sa puissance s’al-
liant au moelleux,par son parfait accord avec les
fonctions des pièces, et par l’habileté magistrale
avec laquelle toutes les difficultés qui peuvent se
présenter dans ce gènré de travail ont été sur-
montées.
Les mêmes qualités sè retrouvent dans une autre
salle à manger de dimensions plus courantes (buf-
fet-dressoir, table et fauteuil) composée par M.Plu-
met seul. Un petit cartonnier et un tabouret de
piano, tous deux en collaboration avec M. Selmers-
heim, sont fort jolis dans leur simplicité. Tous ces
objets sont en bois de frêne, peut-être le plus beau
des bois du pays, délaissé, nous ne savons pour-
quoi, par l’industrie du faubourg St-Antoine,et que
M, Plumet semble — avec infiniment de raison —
vouloir remettre en honneur.
Voilà de véritable art appliqué, de l’art dont la
place n’est pas uniquement chez 1’ « amateur » ou
dans les musées, et dont les auteurs rendent à la
communauté les services qu’elle attend aujour-
d’hui de l’artiste !
Nous en diront autant de plusieurs des objets
exposés par M. Tony Selmersheim. Ses appliques
d’éclairage, bougeoirs et poignées de portes, tout
simples en apparence, sans autre parure que la
pureté des formes, facilement exécutables sans
grands frais, renferment mille fois plus d’art que
les inutilités débordant de recherches auxquelles
trop d’autres consacrent leurs labeurs.Ce qui n’em-

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