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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 5 (Février 1899)
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Gardelle, Camille: Charles Plumet, architecte
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M. Tony Selmersheim
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0237

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L’ART DÉCORATIF

sout exquises, s’il ne lui avait pas été permis
auparavant d’essayer ses idées, de préciser ses
intentions, d’assouplir sa manière. Il y a dans
la succession de ses oeuvres une gradation con-
tinue, un progrès constant qui montrent qu’après
chacune d’elles son goût s’est épuré, son indi-
vidualité s’est dégagée, pour atteindre enfin à
cette maîtrise qui dénote l’artiste vraiment per-
sonnel.
Ainsi Plumet est parti des principes de con-
struction du moyen-age ; il les a scrupuleusement
appliqués, mais en les adaptant avec habileté
aux matériaux et aux besoins d’aujourd’hui,
en profitant de tous les progrès scientifiques et
industriels. Ainsi ont surgi des formes qui lui
appartiennent en propre.
Grâce à ses efforts, notre architecture privée
a fait un pas considérable. Tandis que s’étalent
tant de productions d’un mauvais goût insigne,
tandis que se succèdent des incohérences qui
déconcertent la raison, Plumet a orienté le
sentiment moderne et ramené notre architec-
ture vers les sources les plus pures de sa ré-
génération. Il a rappelé les conditions, trop
longtemps négligées, en dehors desquelles il ne
saurait exister de véritable beauté : la sincérité
dans le développement du programme à rem-
plir, l’adoption d’une structure générale qui
soit la franche expression de ce programme ; la
parfaite connaissance des matériaux et leur adroite
mise en œuvre suivant leur puissance et leur
fonction, le choix d’une ornementation discrète
et calme, bien pondérée, qui complète et en-
richisse l’œuvre sans la surcharger, qui donne
de l’accent aux éléments de construction sans
les dénaturer, qui ajoute à l’unité de l’ensemble,
et contribue à sa parfaite harmonie.
Ces préceptes — c’est le cas de le dire —
sont renouvelés des Grecs; mais que d’archi-
tectes les méconnaissent encore et s’imaginent
rajeunir notre architecture en nous servant de
mauvais Louis XIV ou Louis XV, à toutes
sortes de sauces, plutôt écœurantes, ou bien en
allant demander à l’étranger un style qui ne
peut nous convenir!
L’art de Plumet est bien français, car il est
fait de clarté et de logique; il est bien moderne,
car on n’y sent pas de réminiscences du passé.
Considérez ces façades de l’avenne Malaboff et
de la rue de Tocqueville dont tout le charme
réside dans la franchise absolue de l’expression.
La variété y naît des colorations diverses des
matériaux. La sculpture y joue un rôle sobre
et les moulurations, modelées avec une saveur
toute spéciale, s’estompent d’ombres douces.
Les baies sont égayées par les teintes vertes de
leurs menuiseries; les balcons se développent
en gracieux enroulements. Point d’inutile et

fastidieuse corniche pour couronner lourdement
l’édifice; mais un simple encorbellement d’une
courbe élégante qui supporte une svelte galerie
faite de colonnettes dont les chapiteaux sont
les sommiers des arcs en brique émaillée qui
les réunissent. Il faudrait analyser encore la
décoration intérieure, les panneaux en grès
flammé et les pavements en mosaïque des vesti-
bules, les tentures, les ferronneries de la cage
de l’ascenseur, les vitraux, la quincaillerie, les
appareils d’éclairage électrique. Pas un détail
où n’apparaisse la personnalité de l’artiste.
La disposition et l’éclairage des deux escaliers,
séparés l’un de l’autre par des cloisons en
briques de verre, est des plus heureuses. Enfin,
la collaboration d’artistes tels que M.M. Selmers-
heim, Charpentier, Gaudin, Aubert, novateurs
dans les arts du décor, comme Plumet dans
l’architecture, complète cette œuvre, qui est
assurément un modèle parfait.
Ad. Plumet n’est pas moins heureux dans le
meuble, pour lequel il a trouvé une formule
aussi neuve et sobre que celle de son architec-
ture. Ses travaux dans ce domaine ont rencontré
le succès dès le début; les formes imprévues
de ses meubles, un peu grêles à mon sens,
mais d’une élégante souplesse, d’un charme
raffiné, et d’un caractère franchement français,
ont plu de suite au public. Seul ou en colla-
boration avec M. Tony Selmersheim, Plumet
a composé des salles à manger, des salons, des
chambres à coucher, et prouvé que le rôle de
l’architecte doit s’étendre aux moindres détails
de la décoration intérieure.
Le moment approche où le public sera las
de l’éternel rabâchage, où l’on n’osera plus
demander à un architecte de la Renaissance du
néo-grec ou du Louis XVI., et où le fatras
de l’ornement parasite sera dédaigné de tous.
Plumet est l’un de ceux à qui nous le devrons.
CAMILLE GARDELLE

M. TONY SELMERSHEIM
M. Tony Selmersheim a
conquis très-jeune une place
distinguée'dans l’art appliqué,
et l’a conquise — fait assez
singulier — dans une voie
toute différente de celle où ses
études le conviaient à marcher,
en effet, est sorti il y a quatre
ou cinq ans de l’Ecole Guérin, dont l’enseigne-
ment forme surtout des décorateurs de surface ;
or, il ne s’occupe pas du tout de décoration,
mais il est en revanche un habile modeleur.
Comme M. Plumet, M. Aubert et deux ou
trois autres artistes, M. Selmersheim est un des

M. Selmersheim,


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