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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 5 (Février 1899)
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M. Tony Selmersheim
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M. Maurice Denis
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0238

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L’ART DÉCORATIF

pionniers de l’art appliqué français : nous voulons
dire un de ceux qui, réagissant contre l’in-
fluence anglaise, cherchent des formules nou-
velles en restant attachés aux traditions de l’esprit
de leur pays. Tâche peut-être encore plus difficile
en France qu'ailleurs pour beaucoup de raisons,
et entre autres, parce que notre génie national
ne peut s’accomoder ni d’une trop grande
simplicité comme celui des Anglais, ni d’une
étrangeté puisant directement ou indirectement
ses sources au fantastique, comme celui d’autres
peuples du Nord et de plupart des races orien-
tales. L’art français, avant tout clair, élégant,
riant, répond à l’esprit d’un peuple chez qui ces
traits sont plus développés que chez aucun autre;
il a toujours influencé celui des autres pays
parce que la grâce séduit dans l’art comme dans la
femme, et n’a jamais été lui-même influencé que
passagèrement par le leur, si l’on excepte l’art
italien, c’est à dire celui d’un peuple de même
souche. Il est possible qu’aujourd’hui que la face
du monde est changée, l’art français ne s’impose
plus dans l’avenir comme autrefois; mais il est
certain que l’art d’ailleurs ne s’imposera pas à
la France, car notre race est celle qui se croise
le moins avec les autres et la plus jalouse
de toutes de conserver les traits qui lui sont
propres. Notre tempérament veut pour notre
art certaines façons d’être, exclusives de principes
sur lesquels d’autres peuples peuvent baser le leur.
M. Selmersheim excelle surtout dans les
travaux du métal ; le procédé de la fonte est
plus propre qu’aucun autre à mettre en valeur
la souplesse de son modelé. Ses poignées de
portes et de meubles, ses appareils d’éclairage
et autres objets en bronze portent la marque
d’une imagination qui sait rester sobre dans
l’abondance, et sont d’une élégance parfaite.
Dans le meuble, il collabore fréquentent avec
M. Plumet, mais travaille seul d’autres fois. Ce
sont surtout de petits meubles qu’il produit
dans le second cas : toilettes, tables de salon,
etc, dans lesquels ses aptitudes de modeleur
peuvent se complaire aux détails délicats que
ce genre admet. Ces petits meubles sont des
plus agréables, avec des formes pas d’une
originalité saisissante eut-être, mais pleines de
grâce et d’un goût impeccable. Dans les grands
ensembles mobiliers faits en collaboration avec
M. Plumet, le talent de M. Selmersheim se
révéle sous une autre forme par des mode-
lages extrêmement habiles de pièces de con-
struction ; par exemple, dans la salle à manger
pour M. E. Détaillé exposée dernièrement au
Salon des Six, rue Caumartin, celui de certains
arceaux changeant de plan.
Malgré ces succès dans le meuble, il nous
semble que la voie de M. Selmersheim est sur¬

tout dans l’art du métal fondu. Ce qu’il a
produit jusqu’ici dans cet art montre une sou-
plesse de talent qui lui permet d’en aborder
tous les côtés, depuis l’objet luxueux jusqu’au
plus simple. Dans cette dernière classe, les
appliques d’éclairage, flambeaux de piano, chande-
liers, bougeoirs etc. exposés l’année dernière par
M. Selmersheim résolvent, on peut dire d’une
manière parfaite, la question d’un art véritable-
ment industrialisable et pouvant être mis à la
portée d’un grand nombre. L’auteur de ces objets
serait l’homme indiqué pour faire entrer 1 art mo-
derne dans l’industrie parisienne du bronze, si
cette tache pouvait entrer dans ses vues. Aussi,
s’il nous était permis d’exprimer un souhait
dans l’intérêt de tous, ferions-nous celui de
voir M. Tony Selmersheim consacrer un peu
de son talent à des productions de caractère
analogue à celles que nous venons de citer;
et d’autre part, quelques grands industriels du
bronze chercher en lui l’artiste propre à rem-
placer leurs modèles, aussi surannés que laids,
par d’autres répondant mieux à l’éducation arti-
stique grandissante du public. j.

M. MAURICE DENIS
Il y a deux sortes d’archaïsme.
L’un, quicourtles rues, archaïsme
de boutique, copiste impuissant,
vole les morts comme le plagiaire
vole les vivants, sans savoir se
servir du produit du larcin,
incapable qu’il est de se l’assi-
miler. L’autre, au contraire
fécond, prend sa source dans
l’amour passionné d’un artiste pour certaines
formes du passé; il voit en elles un idéal qui
manque au présent, idéal avec lequel il s’efforce
d’entrer en communion. Celui-ci seul peut
tirer du passé des trésors nouveaux, parce qu’il
donne plus qu’il ne prend, et que ce qui le
passionne dans l’art ancien, il l’en extrait pour
l’appliquer à la pensée d’aujourd’hui; parce
qu’en un mot, ce qu’il voit dans le passé fait
marcher ce passé.
L’archaïsme de Maurice Denis est de cette
espèce rare; le rôle qu’il joue dans son œuvre,
et qui lui est tout personnel, n’apparaît que
comme tout-à-fait accessoire. Les primitifs italiens
l’ont séduit; dans Giotto et d’autres du même
temps il a trouvé un charme dont il a voulu
que son œuvre aussi fût imprégnée ; mais il sait
être lui-même dans tout ce qu’il fait. Il a tra-
vaillé à Florence ; il ne s’y est point fait florentin.
Les archaïstes qui n’ont que du métier — c’est
à dire le grand nombre — s’évertuent à déguiser


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