Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

DOI Heft:
No. 5 (Février 1899)
DOI Artikel:
M. Maurice Denis
DOI Artikel:
Les monuments de Rodin
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0239

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’ART DÉCORATIF


leurs emprunts
sous d’adroites trans-
formations de la mani-
ère ; lui se borne, dans les siens,
à des extériorités qu’il cherche presque à mettre
en évidence, loin de vouloir les cacher. Dans
ses illustrations de livres, il perce quelque chose
de la naïve onction de Fra Angelico, mais sans
cette note douceâtre qui finit par écœurer à la
longue dans certaines miniatures du moine de
San Marco. Comme celui-ci, Maurice Denis

Les peintures
décoratives de M.
Maurice Denis sont
des œuvres de
dimensions encore
modestes jusqu’ici,
disséminées dans
quelques demeures
particulières àParis.
Mais le talent
de composition
qu’elles révèlent est
trop évident pour qu’on puisse douter que leur
auteur tarde longtemps^ se voir appelé à des tâches
importantes. La mort de Puvis de Chavannes
laisse une place à prendre ; nous ne craignons
pas de nous avancer beaucoup en prévoyant
que M. Maurice Denis l’occupera quelque jour.
M. G.

LES MONUMENTS DE RODIN

traite avec prédilection les sujets religieux ; son
art puise ses manifestations dans des croyances
pieuses, mais la sainteté du but ne suffit pas
à ses yeux pour sanctifier les moyens. De ce
qu’il le consacre à traiter tel ou tel épisode
religieux, il ne se croit pas obligé d’abdiquer
sa liberté d’artiste; il en use au contraire avec
la plus extrême indépendance. Aussi, dans
l’archaïsme de certains de ses sujets et de quel-
ques-uns de ses procédés, est-il tout ce qu’il y
a de plus moderne, et même un novateur.
Avec quelques autres jeunes peintres français,
entre lesquels il est sans contredit le premier,
M. Maurice Denis, qui n’a que vingt-six ans,
a résolument tourné le dos à la peinture de
chevalet. Sans se laisser éblouir par les brillants
succès des impressionnistes, il est entré de pied
ferme dans la grande voie de la peinture dé-
corative. Il y déploie d’admirables qualités de
dessin; n’eût-il pour lui que son mouvement
superbe des silhouettes, il atteindrait encore à
une intensité d’expression peu commune. Mais
il sait de plus donner aux surfaces une vie
que n’ont jamais connue ses modèles florentins,
et possède une brillante et très personnelle
couleur. Grâce à cette multiplicité d’heureux
dons, M. Maurice Denis aborde avec une éton-
nante facilité toutes les branches de l’art dé-
coratif pictural; et dans chacune, il est original
sans effort. Ses vitraux, exécutés en grand
nombre déjà, et ses papiers peints — encore
à l’état de maquettes jusqu’à ce jour sont
des œuvres extrêmement personnelles, et qui
possèdent au plus haut degré ce charme si
rare de la chose nouvelle trouvée sans la chercher.

Il est rare que le génie d’un artiste s’encadre
assez exactement dans les conditions matérielles
de son art, qu’il s’adapte assez étroitement
à la mesure tracée par la matière qu’il traite,
pour que ses dons puissent être mis en valeur
dans toute leur plénitude. Chez le sculpteur
surtout, il se mêle presque toujours aux aptitudes
du plasticien des éléments dont le juste emploi
serait dans la peinture, et qui ne peuvent que nuire
au caractère sculptural de ses œuvres. Celà est
si vrai, que la conception de beaucoup de
sculpteurs se traduit d’abord par un dessin,
que l’artiste transporte ensuite dans le domaine
tout différent de la sculpture.
D’autre part, les caractères d’une sculpture
en rapport avec les idées modernes sur l’art
sont encore loin d’être fixés; c’est à peine s’il
est permis de les entrevoir vaguement à cette
heure. La peinture tient trop de place chez les
artistes et les critiques pour qu’il en reste
beaucoup pour l’art de Donatello. Manet, Degas,
Puvis de Chavannes en France, Whistler en
Angleterre, Bôcklin et Leibl en Allemagne ont
jeté les fondements de la peinture moderne;
mais où sont en sculpture, les équivalents de
ces maîtres?
La France n’en possède qu’un : Auguste Rodin.
Celui-là compte, il est vrai.
Rodin domine la sculpture de notre temps.
Peut-être parceque, soit prédestination, soit hasard,
il n’est et n’a jamais été que sculpteur, et que
pas un souffle de sa vie artistique n’est allé à
un autre art. Si l’histoire de la sculpture moderne
n’a pas commencé avec lui, elle est en tous

205
 
Annotationen