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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 5 (Février 1899)
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Scheffler, C.: La moulure dans l'art moderne
DOI Artikel:
Jossot, Gustave Henri: La décoration caricaturale
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0241

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L’ART DÉCORATIF

Ainsi, ce sont les artistes du meuble qui se
sont désintéressé les premiers de la moulure.
Us l’ont fait jusqu’ici en évitant de parti-pris les
profils conventionnels. C’est déjà beaucoup, si
l’on pense quel rôle immense la moulure jouait
dans le meuble et quelle ténacité l’ébéniste
mettait à prendre les formes architecturales
pour modèle. Mais ces artistes n’en sont encore
qu’à la négation; d’inventions affirmant un mode
de remplacement des formes auxquelles on re-
nonce, il n’existe pas encore. On se contente
de se rendre compte qu’il sied au meuble d’être
débarrassé des membres éveillant l’idée de rés-
istance à de lourdes charges ; de faire ressortir
le mode de sa construction, constituée de pièces
non superposées, mais jointes par assemblages.
Les moulures fournies par l’industrie en bandes
sans fin, recoupées à longueur et clouées par
dessus la construction, n’ont plus rien à faire
dans cet ordre d’idées.
Les Anglais ne sont pas allés plus loin que
la négation du profil mouluré. Ils ont abandonné
la tradition, mais n’ont pu s’élever jusqu’à l’idée
d’une plastique nouvelle du bois travaillé. Or,
il ne suffit pas qu’une armoire soit d’aplomb
sur ses pieds, et, pour le. reste, une simple
caisse; il faudrait rendre tangible par les formes
l’esprit et la logique de la construction en bois.
En France et en Allemagne, plusieurs artistes
du meuble y ont jusqu’à un certain point
réussi. Les Français, non sans sagacité, partent
des formes Louis XV, lesquelles sont bien moins
—■ contrairement à ce qu’on pense — la fin
d’une style que l’aurore d’un style nouveau.
Dans les bons meubles du genre rococo, les
saillies vont se perdant dans le bois ; les élé-
ments constitutifs de la moulure classique se
fondent en une seule courbe, et la plastique
des saillies est faite uniquement de nervures
arrondies et de contre-nervures formant rigoles,
qui suivent les formes infléchies du meuble
et finissent par mourir insensiblement sa
surface. A cette plastique se rattachent celles
de Plumet, de Majorelle, de Sauvage ; mais
ou ne peut dire que le profil mouluré soit dis-
paru chez ces artistes; il n’est que transformé.
Le seul artiste dont les œuvres n’on montrent
plus trace est Van de Velde. La plastique de
ce dernier dans le travail du bois lui est toute
personnelle; son rapport avec les traditions est si
lointain que c’est tout une étude de le découvrir.
Les architectes modernes, ceux du moins qui
savent s’élever au-dessus de ce qui n’est que
convention, renoncent autant qu’ils peuvent aux
profils moulurés. Celà leur est possible dans
la maison d’habitation, où la mise en évidence
des différences de matériaux et de quelques
éléments de la construction suffit à satisfaire

l’œil et l’esprit; c’est plus difficile dans la con-
struction monumentale. On est allé plus loin:
en place du traditionnel bandeau mouluré de
pierre de taille qui marque la séparation des
étages, Van de Velde a mis à découvert les
poutres en fer elle-mêmes (v. N° i, p. 14),
remplaçant le symbole par la réalité. Rien de
plus sain que ce retour au primitif jusqu’à ce
que des formules en rapport avec la vérité
soient découvertes ; mais ce ne peut être le
dernier mot de l’art. Sans la moulure, jusqu’à
ce qu’on en aie trouvé l’équivalent, impossible
de donner à la construction toute la vigueur
d’accent qu’elle doit avoir. Van de Velde lui-
même le reconnaît implicitement dans la même
maison, quand il cherche à donner au problème
de la corniche une solution nouvelle, procédant
d’ailleurs de l’esprit gothique. Le même artiste
nous montre dans ses intérieurs des solutions
admirables pour les corniches de plafonds ;
mais elles sont trop personnelles et pas assez
simples pour fournir un point de départ général.
Il est du reste à remarquer que la tradition
de la corniche, dont l’architecte moderne a tant
de mal à s’affranchir en reliant le toit au mur,
le gêne beaucoup moins dans les dessins d’in-
térieurs. Ici, la liaison du mur au plafond
commence à s’effectuer librement. La gorge
de l’ancienne corniche va toujours s’étendant,
et l’organe de liaison devient une courbe con-
cave très-allongée, où la moulure qui marque
le point de pépart dans le mur et le point
d’arrivée dans le plafond n’est plus que l’accessoire.
L’addition fréquente de consoles portantes achève
de changer non-seulement la forme, mais l’ex-
pression de la fonction remplie.
Il faut attendre. De même qu’une transfor-
mation de la colonne est commencée depuis
longtemps déjà, celle de la moulure viendra à
son heure. Ces choses d’élaborent lentement, sans
qu’on puisse prévoir ce qui sortira du travail
d’enfantement. Pour le moment, nous en
sommes à répudier le cordon mouluré partout
où c’est possible, à mieux aimer encore la
surface nue que les vieilles divisions conven-
tionnelles. Il manque encore le talent hors de
pair, le grand architecte dont l’œuvre fournira
la formule propre à remplacer celle que les
siècles avaient mûrie. c. scheffler

LA
DÉCORATION CARICATURALE
Ce titre déconcertera les artistes officiels
pour qui la décoration est un art inférieur et
la caricature un amusement de rapin. D’après
eux, cultiver l'art, le grand, c’est se borner

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