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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,2.1899

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No. VII (Avril 1899)
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Jacques, G. M.: La petite demeure
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https://doi.org/10.11588/diglit.34202#0011
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L'ART DECORAHF


LA PETITE DEMEURE

D'autres se donnent la tâche de combattre
pour assurer le pain et l'abri aux plus petits.
Un des côtës de la nôtre est de travaiiier à ce
que ies occupants des derniers échelons de la
bourgeoisie, qui sont encore des petits, aient
leur part des bonheurs que l'art n'a réservés
qu'au riche jusqu'ici.
Des bonheurs. Car une demeure où les yeux
et le cœur se compiaisent est pius qu'une
jouissance. Eiie retient et donne un autre cours
à la vie. Dans un cadre de plaisirs vrais, on
désapprend à se dépenser à ia recherche des
faux. Si ceia n'est pas toujours exact, ce l'est
souvent; c'est assez pour digniher le but.
Que faut-ii entendre par «art» dans ia petite
demeure? Evidemment, il ne peut s'agir des
beaux mais coûteux objets que l'on admire
dans ies expositions artistiques. L'enrichissement
des formes de chaque chose, déhnition qu'on
a voulu donner de l'art appiiqué, ne peut être
celie qui convient ici, car enrichir ia forme,
c'est ouvrager i'objet; partant, le rendre in-
accessibie aux humbies. Heureusement, si i'har-
rnonie n'est pas tout l'art, eiie peut lui sufhre;
et celie-ci n'est pas ahaire d'argent. D'ailleurs,
que la demeure harmonieuse, sans pius, soit
de l'art on n'en soit pas, peu importe. Le mot
ne fait rien. Où commence-t-ii, l'art? Personne
ne i'a dit; mais ce qu'on sait très-bien, c'est
qu'ii serait désirabie qu'on se servît un peu
moins de ce mot, car le résuitat le plus ciair
de son abus est de troubler les simples, chez
qui i'adjectif «artistique» a hni par ëveiiler l'idée
d'objets compiiqués, d'une forme inusitée, sur-
chargés de curiosités qu'on n'a pas i'habitude

d'y voir. Si bien que dans la plupart des bou-
tiques, si vous voulez qu'on vous présente
quelque chose d'à peu près raisonnabie, un
objet qui, à défaut de beauté, n'oifense au moins
pas les yeux et le bon sens, ii faut d'abord
dire au marchand: «Donnez-moi telle chose,
surtout, par artistique!»
Dans i'arrangement de la demeure, la pre-
mière des règles, et ia plus méconnue, est d'y
mettre les choses en vaieur; en d'autres
termes, de faire ressortir ies éléments qui la com-
posent les uns par ies autres. L'important n'est
pas d'y entasser ie plus de choses possible, comme
le veut la Parisienne, qui «aime ie fouiiiis» ; c'est
au contraire de n'en mettre que ce qu'ii faut
pour éviter i'impression de nudité. Sans être
très-renseignës sur l'intimité des Grecs, nous en
savons assez pour être certains que ces délicats
de l'esthétique ne cherchaient pas à faire de
leur demeure, comnre nous, une sorte d'entrepôt
de bric-à-brac. La profusion d'inutilités, l'éta-
lage de bibelots dans chaque coin. le besoin
de couvrir jusqu'au dernier centimètre de sur-
face de quelque «machine» fût-elle mauvaise,
plutôt que n'y rien mettre, peuvent-ils faire
naître dans l'esprit du visiteur d'autre impression
que celle de futilité ou d'ostentation chez le
maître de la maison?
Donc, pas trop de choses. Le strict minimum
d'inutilités, de bibelots; juste ce qu'il faut pour
garnir queique place qui ne peut rester vide
et qui ne se prête pas à recevoir l'utile, pour
rompre la monotonie d'une surface nue trop
vaste ou briser une ligne trop longue. C'est
par l'ensemble, bien pius que par le détaii, que

JVARTDËCORAT/F. A^o. 7.
 
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