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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 15 (Décembre 1899)
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La Jeunesse, Ernest: Joseph Granié
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Frantz, Henri: Quelques bijoux de Victor Prouvé
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0122

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L'ART DÉCORATIF

et à l'admiration simple, non préparée, sincère
comme lui. A peine si nous indiquerons une
idée, un rêve près de sa réalisation de ce poète
qui ne laisse pas ses rêves mourir en route: je
veux parler de la création d'une sorte de temple
laborieux et sacré du Labeur et de la Beauté,
en dehors des temps et du Progrès, d'un équi-
valent de la Manufacture de Sèvres, où émailleurs,
peintres et dessinateurs, calligraphes et orfèvres
se réuniraient dans de la verdure et du soleil
pour établir sans hâte le patrimoine incessant
de la Pensée et de l'Ecriture française, où l'on
enluminerait dignement les chefs d'œuvre qui
naîtraient au jour le jour, où, se riant des
impressions odieuses et des injurieuses typo-
graphies, les manuscrits immortels ornés d'ini-
tiales adéquates se vêtiraient de couleurs et d'ors
pour faire revivre à jamais une époque, son
goût et son elfort. Ah ! l'idée chère ! l'idée qui
nous transporte loin de cet âge pressé! La belle
et claire idée! Et il ne faudrait qu'un peu de
bonne volonté puisque déjà Joseph Granié s'est
assuré, a assuré à l'Etat français une maison
immense et un domaine sans égal! Mais nous
ne pouvons que former des voeux. En attendant,
au terme de cet article qui est non une étude
documentée, mais l'impression modeste d'une
visite â l'atelier d'un artiste qui n'expose pas
au Salon et qui veut des expositions à soi,
très rares, â l'étranger ou à Paris et ne rien
devoir qu'à soi, disons, comme au début,
notre admiration pour ce créateur, pour ce
rénovateur, pour son bel elfort, pour ses résultats.
C'est un peintre, c'est un cerveau, c'est une
«patte» et une âme. ERNEST LA jEuxESSE.

QUELQUES BIJOUX DE VICTOR
PROUVE
M. Victor Prouvé est certainement, parmi
les artistes dont l'art français peut s'enorgueillir,
l'un de ceux (on serait presque tenté de dire
rf/aù) dont le talent se présente sous les aspects
les plus multiples, et qui excelle aux activités
les plus variées. Sculpture, peinture, eau-forte,
cuir repoussé, fer forgé, orfèvrerie; il n'est pas
de domaine artistique qui lui soit étranger.
Mais ce qu'il faut retenir surtout de la multi-
plicité de cet artiste, ce n'est pas seulement
qu'il s'est attaqué aux œuvres les plus variées
et les plus diverses; cela seul prouverait un
esprit curieux, mais ne suffirait pas à justifier
la réputation justement acquise de M. Prouvé.
Ce qui fait sa vraie valeur, c'est qu'il a su
rester fidèle à l'esprit de chaque matière traitée,

et y déployer, sans aucune prétention à cela,
une technique qui étonne les spécialistes les
plus pointilleux.
Mais M. Prouvé n'abdique pas pour cela les
grandes qualités qui distinguent son talent, et tout
en se pliant aux exigences de la matière, toute
la puissance originale de son imagination con-
serve à chacune de ses productions un caractère
particulier. Son œuvre si diverse en apparence,
reste, pour peu qu'on veuille y réfléchir, par-
faitement et compose un des plus beaux
ensembles que notre art moderne ait produits.
Aussi ai-je toujours constaté avec le plus
profond étonnement que jamais aucune expo-
sition n'avait jusqu'ici réuni l'ensemble de
l'œuvre de ce grand artiste. Un groupement
de ce genre échapperait pourtant aux critiques
que l'on pourrait faire à la plupart de nos
expositions monotones et d'où l'originalité ne
se dégage jamais suffisamment. Et je ne puis
m'empêcher en y songeant de grouper en mon
souvenir tant et de si belles choses que nous
vîmes presque toujours séparées ; je revois
dans son éclat sombre cette belle toile du
musée de Nancy: le édvarA ZEw27?dy, où
l'artiste fait revivre avec une audace incom-
parable une des pages les plus terrifiantes et
les plus évocatrices de l'Alighieri; puis encore
les panneaux de l'hôtel de ville de Nancy si
simplement décoratifs, préparant déjà la grande
fresque exécutée pour la mairie d'Issy à Paris.
Et dans un autre ordre d'idées, voici le beau
AAwzw/.r/M'ù ùhvtwT' (Nancy); voici à peu près
à la même date les premières reliures exécutées
en collaboration avec Camille Martin, ce char-
mant et délicat artiste que la mort est venue
enlever à notre amitié, au moment où la for-
tune commençait à lui sourire. Et la coupe
A? Ahv'g et, à des dates diverses, les reliures
d'une si belle tenue où Victor Prouvé a essayé
comme une synthèse de Salammbô, d'Hérodias,
et de bien d'autres œuvres.
Les activités diverses de l'artiste, l'art avec
lequel le peintre sait rendre les grandes har-
monies, avec un rare souci de l'unité de l'œuvre,
et la fougue généreuse du sculpteur qui s'affirme
dans la belle coupe exposée ici, vous feraient
presque oublier, et ce serait fort dommage,
certains côtés moins connus de l'œuvre de
Victor Prouvé: je veux parler de ses remar-
quables travaux d'orfèvrerie. C'est depuis cinq
ou six ans, ce me semble, que M. Prouvé s'est
senti attiré vers cet art qui exige une forme impec-
cable et une logique rigoureuse, et qui fut
cultivé avec tant d'amour par les grands peintres
italiens du XV^ siècle, tels que le Ghirlandajo,
Andrea Verrochio, les Pollaiccolo, et bien
d'autres encore.

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