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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 15 (Décembre 1899)
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Gerdeil, O.: Décoration du musée de Neuchâtel
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Reboux, Paul: André Morisset
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0124

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L'ART DÉCORATIF

M. Heaton a cherché un procédé de décoration
qui ne fût pas en désaccord avec le reste, et
l'a trouvé dans le papier repoussé à la main.
On devine la grandeur de l'efFort qu'il a
fallu pour exécuter un tel travail dans une
petite ville, avec des matériaux à créer et une
main d'œuvre à former. C'est tout une in-
dustrie qu'il a fallu iaire surgir de terre. Mais
l'élan est donné, et d'autres travaux n'ont pas
tardé à succéder à ceux du musée pour ali-
menter l'atelier de Neuchâtel.
L'industrie du cloisonné d'intérieur ainsi
créée, M. Heaton a dû se mettre à l'œuvre
pour créer celle de la mosaïque de verre, in-
dispensable à l'extérieur. La commande faite
à M. Robert d'une grande frise de façade pour
le musée de Berne a été l'occasion. L'atelier
des mosaïques de verre est actuellement en
pleine marche, parallèlement à celui des cloi-
sonnés de cuivre. Grâce à la persévérance des
deux artistes, les architectes ont désormais â
leur disposition le procédé de décor dont leurs de-
vanciers de dix siècles tirèrent les merveilleux
effets que nous admirons encore aujourd'hui.
o. G.

ANDRÉ MORISSET
Morisset est encore inconnu. Il faut voir
dans cette obscurité consentie un des traits les
plus estimables de son caractère. N'avoir pas
encore, â vingt-quatre ans, réuni une exposition
générale de ses œuvres constitue aujourd'hui
une surprenante exception. Il arrive à tant
d'éphèbes de croire qu'ils servent pompeusement
l'histoire artistique en rassemblant leurs pre-
mières ébauches, leurs enfantines pochades
sans soupçonner l'indulgence amusée que font
seulement naître ces exhibitions impertinentes!
Tout autre est le sentiment éveillé par les
premières productions de Morisset.
Des paysages. — Pas de coins, pas de motifs.
Des grandes lignes et une coloration choisie.
Les premiers plans traités scrupuleusement,
l'ensemble témoignant toujours une volonté
déjà discernante et un souci d'effet décoratif.
Peu à peu les horizons se simplifient, se
réduisent à des fonds. Les plantes, les fleurs
du premier plan se développent, l'esprit de
leur forme s'exalte, leur teinte s'affirme en
des touches larges et plates, leurs caractères
propres deviennent nettement perceptibles.
Pour être durable, cette belle époque de vie
au plein air et de labeur devant chaque brin
d'herbe rencontré était trop belle et trop
heureuse. Morisset, mettant à profit sa connais-

sance intime de la flore, et la mémoire encore
toute chantante de soleil, composa quelques
projets de dessins industriels.
Ce fut une révolution.
De vieux traditionnalistes, regardant par-dessus
leurs lunettes, aigres, envieux, féroces, com-
mentèrent et critiquèrent à plaisir: «Vous n'y
êtes pas du tout, jeune homme! Vous faites
du camaïeu : ça ne pas. Puis, de quelle
époque relevez-vous? sur quelle autorité vous
êtes-vous appuyé pour faire cela? Donnez-nous
du nouveau, soit, mais du nouveau procédant
de l'ancien. Reprenez un vieux dessin de style,
ajoutez-y, retranchez-en, voilà le moyen de
faire du nouveau qui plaira au public.»
Mais Morriset s'exercait à composer des
dessins pour étoffes dont le motif principal
s'inscrivait dans la surface garnissable d'une
chaise ou d'un fauteuil, qu'on pouvait ainsi
recouvrir sans avoir à couper et à défigurer le
thème décoratif. Il s'efforcait d'imaginer de
grandes lignes d'ensemble n'ayant que des
raccords très simples et très réduits.
Je voudrais ajouter ici quelques détails
exacts sur l'impression. Lorsqu'une première
couche de teinte uniforme est étendue sur
la feuille, on procède à l'application du jeu
de fond, c'est à dire d'un semis régulier de
formes élémentaires, isolées ou dépendant les
unes des autres. Le jeu de fond est de même
couleur que le fond, mais de valeur différente.
Supposons un fond orange. Le jeu de fond
sera orange plus clair ou plus foncé. On
l'éclaircira avec du blanc chaud, on le foncera
avec du bistre. Mais pourquoi ne pas employer
pour le jeu de fond une couleur différente,
et par exemple l'imprimer jaune sur fond orange,
bleu sur fond vert? On éviterait ainsi de salir
le ton local par l'adjonction toujours alourdissante
d'un bistre ou d'un blanc. — Appliquer cette
innovation fut l'objet de tous les dessins de
Morisset. Il obtint des papiers qui, au lieu
d'être uniformément plâtreux et ternes, avaient
une fraîcheur et un éclat absolument inattendus.
Pour le tissage des étoffes destinées au décor
il souhaitait la même amélioration. Ce travail
nécessite une «trame» et une «chaîne». La
trame est l'ensemble des fais horizontaux, la
chaîne est l'ensemble des fils perpendiculaires.
L'une donne la teinte, l'autre la valeur. Or la
tradition française s'obstine à faire produire les
différences de valeur par le passage dans la
trame de fils de chaîne bistres pour les ombres
et crème pour les clairs. L'inconvénient signalé
plus haut se reproduit ici. — Les projets de
Morisset étaient conçus de telle sorte que les fils
de chaîne n'avaient plus besoin d'être neutres,
et les tons très particuliers des étoffes qu'il

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