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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 15 (Décembre 1899)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0159

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I.'ART DÉCORATIF -ŒC.--

CHRONIQUE
'H EXPOSITIONS DU Mois. — Deux expositions de
] j peintres bien différents ont eu lieu Tune
Fl chez MM. Durand-Ruel, l'autre à l'Art
R ^ Nouveau (S. Bingj.
La première est celte de M. Luce,
peintre néo-impressionniste et pointittiste.
L'habilité de M. Luce est grande, ptutôt trop
grande. Mais le spectateur non prévenu comprend
difficilement qu'un artiste en arrive, pour suivre
jusqu'au bout une conviction théorique, à voir les
choses comme M. Luce les voit. Le premier coup
d'œil sur ses vues métallurgistes de Charleroi
éblouit par un violet violent. Le second montre un
savoir-faire peu commun dans le rendu de la nature
sur cette base conventionnelle ; je dis convention-
nelle, car aucune explication théorique ne pourrait
faire qu'il existe au monde un seul homme voyant
tout violet. Le plus singulier, c'est qu'il semble que
pour M. Luce même, ce phénomène optique n'existe
qu'au pays de Charleroi ; ou n'en retrouve pas
trace dans les paysages épisodiques de Paris et de
Gisors exposés par l'artiste dans une autre partie
de la salle. Dans ces conditions moins excentriques,
il reste une peinture se tenant dans une honnête
moyenne, adroite, poussée malgré le souci de
l'artiste qu'il n'y paraisse pas, ni plus ni moins
pensée ou sentie que beaucoup d'autres.
je n'imagine rien de plus instructif que les
<y. jardins d'Espagne^ du peintre Santiago Russinol
(chez Bing), vus au sortir des violences voulues
de AL Luce. Aucune leçon ne saurait démontrer
d'une manière plus topique la vanité des théories
en art. M Russinol est neuf, tout ce qu'il y a de
plus neuf, et personnel, tout ce qu'il y a de plus
personnel, avec les procédés de tout le monde. Mais
il est guidé par le sentiment le plus vrai, le plus
profond de ce qu'il peint. Il semble que l'âme même
des anciens et magnifiques jardins de Grenade et
d'Aranjuez passe dans son pinceau. Devant ces
toiles, il n'y a pas besoin de connaître l'Espagne
pour sentir la mélancolie de son grand passé sous
son ciel bleu et son soleil implacable. La critique
tient dans ces deux mots : c'est admirablement
peint et touchant.
Chez Georges Petit, exposition annuelle des
céramiques de M. Lachenal, en grand progrès. Des
recherches souvent heureuses de forme et de cou-
leur dans les grès ; des dessins où l'artiste trouve
fréquemment le point nommé de la stylisation pour
le tempérament français — c'est-à-dire pas trop
poussée. En particulier, dans beaucoup de pièces, un
bon emploi simultané du relief et de la couleur dans
le décor : rien de trop, rien de trop peu, l'une
aidant l'autre. Dans quelques pièces plates à décor
floral, des tons vigoureux neufs et d'un bon effet.
Evidemment il y a à prendre et à laisser ; avec
l'extraordinaire facilité, l'abondance de M. Laché-
nal, il n'en saurait être autrement. Mais le bon
l'emporte cette fois sur le médiocre ; c'est le prin-
cipal. j.

us NOUVEAUX MONUMENTS. —- Iis sont légion.
Faut-il parler du Ar
. de 1 )alou. du Mom/wd'/V a//v AfoiTx
-R—de Bartholomé? Nous arrivons trop tard.
D'ailleurs, toute la presse s'est trouvée
unanime dans l'éloge. Il nous faudrait
répéter ce que d'autres ont bien dit.

Le monument d'Alphand, avenue du Bois de
Boulogne. Encore une œuvre de Dalou ; mais plu-
tôt secondaire ; puis, le lieu lui fait tort. Les monu-
ments, c'est bien ; les hêtres, c'est encore mieux...
passé la place de l'Etoile.
Statue de Ferdinand de Lesseps, par Frémiet.
Inaugurée le 1/ novembre à Port-Saïd. Elle est à
l'extrémité d'une jetée peu élevée, mais entrant loin
dans la mer. La place n'est pas banale, et si l'on
en croit ceux qui ont assisté à la cérémonie, l'œuvre
est digne de la place.
Dans la basilique du Sacré-Cœur, à Montmartre,
inauguration d'un monument élevé par souscrip-
tion à la mémoire de Louis Veuiilot, le grand
pamphlétaire catholique. Elle s'est bornée à une
cérémonie religieuse, rehaussée d'un peu de
musique sacrée, et qu'un panégyrique de l'écrivain
a suivie.
Le monument, dû au ciseau de Fagel, est un
haut-relief en marbre blanc, de dimensions plutôt
considérables, encastré dans la muraille d'une des
chapelles de l'abside. Deux figures allégoriques, la
Foi et la Vaillance chrétienne, y encadrent un
pilier roman surmonté d'un beau buste où revit en
traits expressifs l'énergique physionomie du lutteur.
La caractéristique qui domine dans les deux
figures est la grâce. L'une, drapée dans de longs
voiles, est assise et de ses deux mains étreint une
lourde croix. L'autre, à laquelle l'artiste a donné
le vêtement du moyen âge, est debout, dans une
attitude assez hère, et son bras s'appuie sur un
bouclier timbré d'une plume et d'une croix, que la
devise de Louis Veuiilot accompagne :
cnuGwzo (par la croix et la plume).
De chaque côté du buste, inséré dans un enca-
drement trilobé, les silhouettes,finement esquissées,
de Saint-Pierre de Rome et de Notre-Dame de
Paris garnissent le fond du haut-relief. Elles
marquent d'une façon très précise les deux
pôles entre lesquelles la pensée de l'écrivain se
déroula.
La chapelle dans laquelle on a placé, entre deux
pilastres, le monument que nous venons de décrire
est dédiée à saint Benoît Labre, le dernier saint
français canonisé à Rome.
M. de Saint-Alarceanx, le statuaire, vient de
rentrer à Paris avec la maquette définitive de la
statue d'Alexandre Dumas hls, dont il est chargé.
Le comité l'a reçue à l'unanimité.
Alexandre Dumas hls est assis, légèrement pen-
ché, écoutant une femme détachée du groupe de ses
héroïnes, gracieuse guirlande humaine qui décore
la partie droite du monument. Il écrit sous sa
dictée les confidences que, la main en pavillon
sur sa bouche, cette femme chuchote à son
oreille, et dont il fera quelque plaidoyer en faveur
de la femme.
Le piédestal est rond, et la silhouette générale
du monument, dont les personnages sont beau-
coup plus vivants que ceux du monument d'Alexan-
dre Dumas père par Doré, a été visiblement
conçue de façon à n'être point par trop dispa-
rate en face de ce dernier et à lui faire pendant en
quelque sorte.
L'œuvre est définitivement arrêtée aujourd'hui et
elle sera exécutée d'après cette maquette. Mais on
ne peut espérer la voir sur la place Malesherbes
qu'à la hn de l'année prochaine sinon en ipoi.
Le décor statuaire de la place des Trois-Dumas
doit être complété par une statue du général
Dumas, œuvre du jeune sculpteur Alphonse
Moncel. R.

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