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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 16 (Janvier 1900)
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JANVIER 1900


Te n'éleverai pas au rang des chefs-d'œuvre les
J meubles de M. Kohlbecker reproduits dans
ce numéro; une critique serrée montrerait
que l'auteur aurait pu facilement faire mieux
en plus d'un point. Cela n'empêche qu'ils
m'inspirent infiniment plus d'estime que les
divagations dans lesquelles se perdent trop de
dessinateurs à la recherche du nouveau dans
l'art industriel.
Il n'y a pas de branche dans laquelle le
champ ouvert à l'imagination soit plus restreint
que dans le meuble. Un meuble, c'est de la
charpente et de la menuiserie, c'est-à-dire
l'œuvre de deux métiers travaillant le bois, qui,
par sa nature fibreuse et le mode d'action des
outils, n'admet que certains genres de formes
dans lesquelles la ligne droite est la règle et
les sinuosités l'exception. D'un autre côté, il
existe pour chaque sorte de meuble quelques
types dont on ne peut sortir, parceque ce sont
les seuls qui correspondent exactement à la
destination. Voilà donc deux raisons radicales
pour s'abstenir de vouloir introduire dans les
formes et les lignes du meuble tous les caprices
que l'imagination peut suggérer, et se borner,
dans la recherche du nouveau, à des études
qui ne semblent, au premier abord, que de
détail. Que le public sache bien que ces élu-
cubrations disparates, plus ou moins artistiques,
plus ou moins industrielles, à l'ensemble des-
quelles on a voulu donner le nom de «modem
styles — et qui sont bien tout ce qu'il y a
de moins «style» au monde! — ne traduisent
pas la pensée des grands esprits qui se sont
employés à convaincre ce siècle qu'il doit
produire autre chose que ses devanciers, des
Viollet-le-Duc, des Ruskine, des Morris; que
ces choses-là ne sont que la caricature d'une
grande idée mal comprise par des néophytes
plus fongueux que réfléchis, ou exploitée par
des charlatans.
En payant le tribut d'éloges qui lui est dû
au dessinateur qui se borne modestement
comme celui qui fait le sujet de ces lignes —
à tâcher de se rendre compte des conditions
dans lesquelles les formes naturelles et la fabri-
cation des objets usuels peuvent fournir le
maximum du rendement en beauté, l'écrivain

combat pour sauver la cause de la réforme
artistique du discrédit que trop de fantaisies
sans raison, sans beauté, sans goût, sans rien
jettent sur elle. Voilà pourquoi je m'arrête —
de propos très-délibéré — à des objets qui ne
paraissent présenter rien de remarquable au
premier abord.
Prenons un des meubles de M. Kohlbecker
au hasard, la garderobe. Elle a la forme que
ce meuble a toujours eu; c'est une simple
caise rectangulaire. Voudriez-vous indiquer une
autre forme, ou seulement une variante qui
remplisse aussi bien toutes les conditions voulues,
procure autant de commodités, ménage mieux
la place, se prête mieux à l'économique et
solide travail du bois? Il n'y en a pas. Ee
dessinateur a donc eu raison de ne rien changer
à celle-ci. Il aurait du moins pu, direz-vous,
accidenter un peu cette forme élémentaire,
disposer par exemple à droite et à gauche
une console sur laquelle serait venu se poser
un vase, un bibelot. Soit ; mais comme vous
devrez ensuite faire une proposition de même
genre pour chacun des autres meubles, vous
serez conduit à un ensemble où ce seront les
consoles à bibelots qui tiendront le premier
rôle. Au lieu de meubles contrastant entre
eux par le caractère précis de chacun, il ne
vous restera qu'une collection d'inutilités se
ressemblant toutes plus ou moins.
Continuons. La caisse se compose d'une
charpente formée de quatre montants droits
réunis par des traverses droites, excepté celle
du faite, qui est un peu ceintrée; les cadres
ainsi formés sont clos par des panneaux.
Essayez d'inventer une autre construction raison-
nable. Vous perdrez votre peine. Tout ce que
vous changerez à celà, tout ce que vous
déformerez, tout ce que vous ajouterez sera
toujours inutile, presque toujours nuisible. Tout
novateur qui fait autre chose que celà et se
dit «constructif» se trompe; ce n'est que du
semblant de construction qu'il fait, et du plus
mauvais; demandez au premier architecte ou
ingénieur venu.
Alors, qu'a donc fait le dessinateur? En quoi
son travail a-t-il consisté? Qu'est-ce qui est de
lui dans ce meuble?

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