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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,1.1899/​1900

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No. 18 (Mars 1900)
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Une préface
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34203#0298

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L'ART DÉCORATIF

vous le comparez à Vernet ; ce Parrocel est pour-
tant un homme rare, relativement à la multitude
de ceux qui ont abandonné la carrière dans laquelle
ils sont entrés avec lui. Lemoine disait qu'il fallait
trente ans de métier pour ro7u<?7 va;* ,?X(y?;z'x.s<? ;
Et Lemoine n'était pas un sot. Si vous voulez
m'écouter, vous apprendrez peut-être à être indul-
gents. ^
Chardin, ajoute Diderot, semblait douter qu'il
y eût une éducation plus longue et plus pénible
que celle du peintre, sans excepter celte du méde-
cin, du jurisconsulte, ou du docteur de Sorbonne.
Il continuait ainsi son exhortation :
Ce quevous voyez estle fruit des travaux du petit
nombre de ceux qui ont lutté avec plus ou moins
de succès. Celui qui n'a pas senti la difficulté de
l'art ne lait rien qui vaille ; celui qui, comme mon
fils, l'a sentie trop tôt ne fait rien du tout. Et croyez
que la plupart des hautes conditions de la Société
seraientvides, si l'on n'y était admis qu'après un
examen aussi sévère que celui que nous subissons. i)
Et le bon Chardin terminait, s'adressant tour à
tour aux artistes qu'il défendait et aux critiques
qu'il voulait séduire :
. . . Mmi ami, prends garde, tu ne connais pas
ton juge. 11 ne sait rien, et n'en est pas moins
cruel. Ad:c i, messieurs. De la douceur, de la dou-
ceur.
GUSTAVE GEFFROY.

CHRONIQUE
—EXPOSITIONS DU Mois.— Elles sont nombreuses;
la plus longuement préparée, la plus vantée
^^ est celle d'Alfred Stevens à l'Ecole Nationale
des Beaux-Arts. Des amitiés mondaines, des
camaraderies artistiques groupées dans un but
d'ailleurs fort louable, ont grossi la portée de cette
manifestation. On a comparé Stevens aux petits
maîtres flamands et hollandais, à Van der Meer et
à Terburg, on a cité à son propos les noms de
Velasquez, d'Ingres et de Courbet, voire ceux de
Balzac, de Stendhal et de Flaubert ; on l'a dit
AxzW/ 77707Jd.g7'<3Q/2a A/'éAzœV/'AAiAz. La gé-
nérosité permet ces exagérations. La justice récla-
me plus de mesure. Certes, il est arrivé à Stevens
de peindre de jolis visages, des tailles souples et
rondes, des mains au galbe délicieux, de rendre
même avec bonheur des sentiments vrais ; la
fAz/pp, leCAnzif^uixxi'oziiV, DoM/ozz7^M.s<?C7?7A2YzzoG,
par exemple, sont des œuvres expressives et char-
mantes. Mais Stevens n'est pas un psychologue. Si
la préoccupation un peu puérile du 77zoV/* lui fait
multiplier dans ses toiles les intentions littéraires,
il ne saisit la plupart du temps qu'une mode de
l'esprit, un sentimentalisme de romance hanté
d'amours et de colombes, et cet air mélancolique,
pervers ou fatal propre aux héroïnes d'Octave
Feuillet. Malgré du métier et du soin, un œil clair,
une facture brillante, ce n'est pas non plus un grand
peintre ; il ne sait pas composer, sacrifier le détail
à l'ensemble, subordonner le décord au sujet. Aussi
bien a-t-il toujours préféré le décor. Avec une mi-
nutie curieuse, en des intérieurs sans air ni profon-
deur, il a portraituré des meubles, des tapisseries,
des bibelots d'étagères, puis des robes bouffantes,
des crinolines, des cachemires multicolores, des
capotes enrubannées, des bijoux et des dentelles, le
répertoire complet des modes du second empire.
Soucieux de réaliser des harmonies d'étoffes, de

faire chatoyer le satin et la soie, il a négligé le
doux être dont ces tissus n'étaient que l'éphémère
parure, il n'a pas deviné le permanent et l'éternel
sous le voile des modes fugitives.

Un peintre delafemme,c'estbien plutôtRenoir.Des
toiles rassemblées à la galerie Bernheim, un aspect
de la femme se dégage, la créature naïvement sen-
suelle, heureuse et saine, toute de charme et de
volupté. Qu'elle nous apparaisse dans le cadre d'un
salon, parmi les verdures d'un jardin, assise sur
l'herbe glauque où ses jupes s'épanouissent en co-
rde, assoupie au bord d'une eau bleue, offrant sa
chair moite et nacrée à la caresse du soleil ; c'est
toujours l'être instinctif et mutin, frais comme une
fleur, savoureux comme un fruit mûr. Ainsi que les
dames de Stevens, elle porte assez souvent des
robes à volants et des chapeaux pavoisés, elle se
meut dans un décor arrangé selon le goût de
l'instant, mais elle est de tous les temps par sa
beauté naturelle et vivante. En des œuvres limpi-
des et chantantes, où le dessin parfois se perd,
mais où demeure un accord de taches exquises,
avec la chaude merveille de son corps, son teint
de rose, ses yeux d'humide velours, elle personnifie
la grâce immortelle et l'immortel désir.

Quand on a contemplé ces œuvres de lumière
et de joie, cette peinture hardie, fleurie, d'une qua-
lité et d'un éclat si rares, on oublie la manière
brillante et sèche d'Alfred Stevens, etl'on trouve peu
d'attraits aux envois de lTàVuzL, rueBoissyd'An-
glas. Les scènes de Détaillé et de Gérôrne vous
semblent désespérément plates et raides, les Bour-
guereau plus fades que jamais, les Lefebvre eux-
mêmes d'une fermeté un peu vulgaire. On goûte
seulement un paysage provençal de Montenard,
une AW de Cazin, transparente et tiède en la dou-
ceur du clair de lune, le double portrait de
M. Humbert, trop légèrement brossé, mais d'har-
monie si discrète et de si joli style ; enfin l'œuvre
où Benjamin Constant,avec sa maîtrise coutumière,
évoque la jeunesse de ses deux Ris.
On prend moins de plaisir encore à Ro
en compagnie des peintres Kruseman, Van Elten,
Torrès Fuster et F. Maillaud ; par contre, chez
Ilessèle, rue Laffitte, des études de Ramon Pichot
vous intéressent par leur franchise de notation.
Ce sont des aspects d'Espagne, peu profonds et
peu modelés, mais baignés de lumière vibrante :
rochers rougeâtres, falaises creuses, Rots indigo,
maisons que le soleil bigarre de ses Ranimes, puis,
pour l'antithèse, des temps gris, gris violet et gris
de perle vraiment délicats ; puis des croquis d'un
certain caractère, type de paysans, scènes religieu-
ses, intérieurs pleins de ténèbres où s'accuse dure-
ment l'ardente maigreur des gitanes.

A ADR Adz/rMM, avec des bronzes inédits de Cons-
tantin Meunier, on retrouve enün des chefs-d'œuvre.
Comme Auguste Renoir, Constantin Meunier est
un maître, mais plus puissant et plus sombre.
Ces lamineurs, ces puddleurs, ces marteleurs, mé-
lancoliques cyclopes, ces femmes du peuple au
masque sévère, aux yeux de tristesse et de résigna-
tion, viennent accroître la foule des êtres que
l'artiste nous a montrés dans l'enfer du
7707/*, accablés parmi farouche destin. Et voilà qu'au
milieu d'eux, descendu pour les sauver, doulou-
reux, décharné, laissant tomber son roseau déri-
soire. un Christ s'affaise sous le poids de leur into-
lérable misère. Cependant des jeunes Elles, igno-

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