DOI Heft:
No. 19 (Avril 1900)
DOI Artikel:Natanson, Thadée: Felix Vallotton, peintre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0013
L'ART DÉCORATIF
N° 19 - AVRIL 1900
F. VALLOTTON
LA TABLE
FELIX VALLOTTON, PEINTRE
j^esprit naturellement paresseux se passe d'autres
raisons pour refuser d'agir. M. Vaiiotton
pourrait donc ne devoir aucune célébrité à son
oeuvre gravée, que la plupart longeraient ses
tableaux sans vouloir seulement l'effort de les
examiner. Mais encore son goût est en désaccord
avec celui qu'on voit en faveur. A une époque
où, jusqu'aux dames qui rehaussent de trans-
actions artistiques le commerce des robes dé-
fraîchies, personne «ne fait plus» — mot ad-
mirable! — «que dans l'impressionnisme», il
avoue le courage de haïr les reflets et ne se
soucie aucunement de l'atmosphère. Comment
fera-t-on pour s'intéresser à la nouveauté d'un
homme qui prétend son maître Ingres encore
plein de nouveauté et affirme que personne
n'a davantage modifié l'aspect des tableaux?
Beaucoup, et l'on peut chercher parmi les
mieux avisés, ignorent la peinture de M. Val-
lotton. Pour ne rien dire de ceux qui la
méprisent. C'est qu'il est incomparablement
plus aisé d'outrer les plus extravagants para-
doxes, pourvu qu'ils aient cours, que de faire
fut-ce un commencement d'objection à des
théories dont quelques personnes sont engouées.
Non pas d'ailleurs qu'un artiste ne puisse être
bon juge de ce qu'il y a d'excellent dans ce
qu'il n'imite point. Que par exemple Vaiiotton . .
mais passons. Ce qui est à décider c'est si,
par le moyen de ses peintures, il réussit à s'ex-
primer très éloquemment. Sans quoi nous n'aurons
à tenir compte que de ses bois.
Il a pu paraître douteux, il n'est plus permis
de douter*) que M. Vaiiotton soit peintre.
Point n'est davantage admissible qu'il échoue
à atteindre, dans le métier où il se perfectionne,
une maîtrise parente de celle que lui ont con-
quise ses gouges et qu'il n'y a personne pour
lui disputer.
Après qu'il a eu recours à diverses méthodes,
actuellement, ses cartons — depuis l'usage
qu'ont fait du carton les peintres nos con-
temporains, le sens du mot s'amplifie —
ses cartons sont peints à la détrempe. Outre
ce qui tient au procédé, la décision à prendre
d'avance sur un ton qu'on peut expérimenter
L'ART DÊCORATtF. No. )9.
!
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N° 19 - AVRIL 1900
F. VALLOTTON
LA TABLE
FELIX VALLOTTON, PEINTRE
j^esprit naturellement paresseux se passe d'autres
raisons pour refuser d'agir. M. Vaiiotton
pourrait donc ne devoir aucune célébrité à son
oeuvre gravée, que la plupart longeraient ses
tableaux sans vouloir seulement l'effort de les
examiner. Mais encore son goût est en désaccord
avec celui qu'on voit en faveur. A une époque
où, jusqu'aux dames qui rehaussent de trans-
actions artistiques le commerce des robes dé-
fraîchies, personne «ne fait plus» — mot ad-
mirable! — «que dans l'impressionnisme», il
avoue le courage de haïr les reflets et ne se
soucie aucunement de l'atmosphère. Comment
fera-t-on pour s'intéresser à la nouveauté d'un
homme qui prétend son maître Ingres encore
plein de nouveauté et affirme que personne
n'a davantage modifié l'aspect des tableaux?
Beaucoup, et l'on peut chercher parmi les
mieux avisés, ignorent la peinture de M. Val-
lotton. Pour ne rien dire de ceux qui la
méprisent. C'est qu'il est incomparablement
plus aisé d'outrer les plus extravagants para-
doxes, pourvu qu'ils aient cours, que de faire
fut-ce un commencement d'objection à des
théories dont quelques personnes sont engouées.
Non pas d'ailleurs qu'un artiste ne puisse être
bon juge de ce qu'il y a d'excellent dans ce
qu'il n'imite point. Que par exemple Vaiiotton . .
mais passons. Ce qui est à décider c'est si,
par le moyen de ses peintures, il réussit à s'ex-
primer très éloquemment. Sans quoi nous n'aurons
à tenir compte que de ses bois.
Il a pu paraître douteux, il n'est plus permis
de douter*) que M. Vaiiotton soit peintre.
Point n'est davantage admissible qu'il échoue
à atteindre, dans le métier où il se perfectionne,
une maîtrise parente de celle que lui ont con-
quise ses gouges et qu'il n'y a personne pour
lui disputer.
Après qu'il a eu recours à diverses méthodes,
actuellement, ses cartons — depuis l'usage
qu'ont fait du carton les peintres nos con-
temporains, le sens du mot s'amplifie —
ses cartons sont peints à la détrempe. Outre
ce qui tient au procédé, la décision à prendre
d'avance sur un ton qu'on peut expérimenter
L'ART DÊCORATtF. No. )9.
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