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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 22 (Juillet 1900)
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Thomas, Albert: La sculpture au Grand Palais
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Frantz, Henri: La peinture décorative à l'exposition de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0153

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JUILLET 1900

et chez Frémiet à ['exacte reconstitution des
scènes du passé, sans effort de résurrection ; il
mène à ce réalisme étroit qui muitiplie, à la
Décennale, les figures aimables, adroites, inex-
pressives.
Au milieu de ces manifestations de person-
nalités non pas médiocres mais un peu secon-
daires, trois œuvres proclament une personnalité
de premier ordre. Ce sont des œuvres de
Rodin. Un esprit vaste et pénétrant, une sensi-
bilité profonde, une imagination riche et tumul-
tueuse, une aptitude merveilleuse à l'expression
des mouvements de l'âme et de la vie morale,
voilà ce qu'elles nous révèlent. Contemplez ce
buste de Victor Hugo : toute la pensée du
Poète, avec sa sérénité et ses orages, avec sa
vision totale de l'Univers, habite ce front im-
mense, ces yeux d'ombre, s'accuse dans les
reliefs de ce masque sublime qui semble celui
d'un moderne dieu Pan, non plus âme ins-
tinctive, mais conscience lumineuse du Monde.
Dans l'A^ rf ztzrrzzM, la tension des muscles et
le geste des bras désespérés évoquent l'image
d'une humanité douloureuse et farouche. Ce
ZàwywA rtâ? Lh/zrA, par la crispation de tout
son être, dit l'effort des sacrifices héroïques,
comme le groupe du jSazlsw, qui figure à la
Décennale, avec le gonflement et la palpitation
de la matière, traduit la fièvre, l'abandon, les
langueurs divines de l'amour.
En vérité, il n'est pas d'art plus expressif,
qui fasse à ce degré vivre, sentir, souffrir ses
créations. Auguste Rodin, pas l'âpre volonté
de sa touche, contraint la forme humaine à
créer la passion intérieure ; grâce à l'on ne sait
quel mystérieux magnétisme, il attire l'âme de
ses héros, non seulement au bord de leur pau-
pière, mais encore en tous les points de leur
chair splendide ou misérable. Ces œuvres de
la belle manière du maître sont pour nous in-
comparables ; l'équilibre y demeure parfait entre
l'inspiration et l'exécution ; la vérité plastique
s'y allie dans une juste proportion à la vérité
psychologique. D'autres œuvres parues depuis,
et qui furent l'objet de dénigrements comme
d'enthousiasmes sans mesure, ont fait craindre
une rupture de cet équilibre. Il a semblé que l'art
d'Auguste Rodin devenait par trop intellectuel,
et, loin de chercher à maintenir l'accord de l'ex-

pression et de la forme, osait maintenant une
altération excessive de la forme au bénéfice de
l'expression. L'exposition où le grand sculpteur
a rassemblé l'effort entier d'une existence pro-
digieusement laborieuse, nous permettra bientôt
d'embrasser l'évolution de son talent, d'en suivre
le rythme et pour ainsi dire les courbes, de
déterminer sur cette courbe le point exact où
le talent devient le génie.
ALBERT THOMAS

LA PEINTURE DÉCORATIVE
A L'EXPOSITION DE 1900
n peut dire d'une manière générale, et sans
crainte d'être taxé d'exagération, que la pein-
ture décorative à l'Exposition de 1900 est plus
satisfaisante que.la sculpture, et si l'on voulait
mettre en parallèle la décoration sculpturale des
palais qui vont de la Place des Invalides au Pont
Alexandre avec les quelques peintures qui re-
couvrent certaines parties de ces édifices, c'est
certainement en faveur de ces dernières qu'il
faudrait se prononcer.
Il est manifestement impossible de signaler ici
et de juger toutes les peintures décoratives de l'Ex-
position; il en est du reste beaucoup qui ne mé-
ritent pas que l'on s'y arrête outre mesure, comme
par exemple certaines peintures de mauvais goût
qui ornent la porte du Pavillon américain de la
Rue des Nations et l'intérieur de la section amé-
ricaine aux Invalides. Nous nos contenterons
donc en ces pages de signaler les productions qui
nous paraissent mériter quelque attention et nous
n'abuserons pas du temps et de la patience de nos
lecteurs en les arrêtant devant celles qui ne
sont ni de la peinture, ni de la décoration.
Il conviendrait peut-être, avant d'examiner
quelques unes de ces œuvres, de s'entendre une
fois de plus sur la signification de ce mot de /wz-
Encore que cela ait été dit souvent,
encore que des exemples soient là pour marquer
la voie à suivre aux jeunes artistes, ceux-ci sont
souvent tentés de s'en écarter, et d'oublier l'idéal
véritable de cet art.
Trop souvent en effet nous voyons des peintres
traiter la fresque comme ils traiteraient un tableau,
c'est à dire ne pas se soucier de sa raison d'être,
et éparpiller les yeux et l'attention sur des détails

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