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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

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No. 26 (Novembre 1900)
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Jacques, G. M.: Réponse à deux articles
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https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0105

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NOVEMBRE 1900

RÉPONSE A DEUX ARTICLES
1 \EUX ÉCRIVAINS haut cotés ont fait connaître
IF ces jours-ci^ dans des articles parus à quel-
ques jours d'intervalle dans le yoM/vM?,
leurs impressions sur l'état de l'art industriel tel
que l'Exposition l'a montré.
Les impropriétés de notions et d'expressions,
les confusions et les contradictions fourmillent
dans ces écrits d'hommes qui n'ont pas appro-
fondi le sujet et qui n'y touchent qu'en passant,
par hasard. Dans le monde où la terre tourne
autour d'un pied de chaise, on s'est gaussé de
voir par exemple M. Paul Adam aussi bien que
M. Hanotaux prendre l'honnête M. Maple pour le
coryphée de l'ébénisterie révolutionnaire, et ses
variations bourgeoises sur les thèmes centenaires
de Chippendale, d'Heppelwhite et de Sheraton
pour tout ce qu'il y a de plus « modem style, o
Je me sens moins sévère. J'ai lu M. Hanotaux
d'un cœur égal, et ne retiens de son article et de
celui de M. Paul Adam que le côté par lequel le
jugement de ces Messieurs a plus de poids que
le nôtre : celui d'être extérieur aux choses dont
ils parlent et d'exprimer l'opinion des classes pen-
santes du public.
M. Hanotaux traduit cette opinion dans les
termes suivants :
« Que dire cependant de tant d'autres mani-
festations du goût contemporain, dans l'architec-
ture, dans la décoration, dans l'ameublement,
dans l'ensemble des arts appliqués qui enve-
loppent l'homme moderne et qui l'assiègent de
leur pressante sollicitation ? Hélas ! Hélas ! pour-
quoi ne pas reconnaître, après tant d'autres,
qu'ici, le dernier mot dit par nos artistes est loin
d'être en conformité avec les idées du public ?
Pourquoi ne pas convenir que, dans notre im-
pression à tous, il y eut de la déception? Pour-
quoi ne pas constater qu'un discord s'est pro-
duit entre l'œuvre accomplie à l'Exposition et les
aspirations de tout ce qui, dans ce pays, a l'esprit
tourné vers ces problèmes? Nous avons le senti-
ment d'avoir été souvent mal compris. Le public
marche vers la simplicité, la tenue et la grâce.
Certains artistes nous ont offert le spectacle de la
recherche, de la complexité et de l'incohérence.
«Disons-le franchement: l'art, à l'Exposition,
n'a pas tenu notre loule démocratique en estime
suffisante. Croyant plaire au vulgaire, il s'est vul-
garisé; mais là, il s'est trompé. La foule a plutôt
suivi les délicats
« Les artistes, d'ailleurs, ne sont pas les seuls
coupables. On leur disait, depuis longtemps :
« Vous manquez de hardiesse et d'originalité ;
vous n'avez pas su trouver le style de notre
temps ; vous copiez, sans cesse, les modèles an-
ciens ; vous vous endormez dans le poncif et le
«déjà vu<). Donnez-nous du nouveau, n'en fût il
plus au monde. " A la Un, ces reproches les ont

touchés. Ils se sont creusé la cervelle; ils ont jeté,
par-dessus les moulins, les vieux cartons de
l'École ; ils ont pris le parti de ne reculer devant
rien. Ils ont demandé à l'étranger des inspira-
tions, parfois si étranges qu'ils n'eussent pu, assu-
rément, les trouver dans leur propre fonds. A
l'Allemagne, ils ont emprunté ses effets lourds,
ronds et surchargés, son rococo moderne, cent
fois plus prétentieux que l'ancien, et, par-dessus le
marché, si profondément ennuyeux ! A l'Angle-
terre, ils ont emprunté le symbolisme lamentable,
agressif et superficiel du « modem style n. Dans
l'art japonais, ils ont vu surtout les singularités
mièvres des époques de décadence et ont négligé
la grave et mâle autorité des modèles anciens
qui, d'ailleurs, n'avaient pas paru en Europe
avant l'admirable exposition du Trocadéro. De
tout cela, ils ont fait un mélange capricieux, on-
doyant et flottant, qu'on nous a donné comme la
conception suprême de l'art à notre époque. Eh
bien! non, franchement, ce n'est pas cela. Encore
une fois, nous n'avons pas été compris et, si l'on
voulait nous plaire, il fallait trouver autre chose, o
De bonne foi, l'on ne peut trouver trop à redire
à cela. Il est certain que parmi les innovations de
l'architecture et de l'art dans le métier, les plus
obsédantes à l'Exposition, celles qu'on rencontre
à chaque pas, ce sont les plus mauvaises. Celles-ci
forcent l'attention, l'irritent par une sorte d'inso-
lence. et l'on comprend fort bien qu'elles aient pu
donner la nausée à ceux qui n'ont vu que superfi-
ciellement — ce qui semble être le cas de M. Ha-
notaux. Ce que M. Hanotaux n'aperçoit pas, c'est
que les choses dont il parle dans les lignes qu'on
vient de lire ne sont pas l'œuvre des maîtres, mais
celle des étourdis qui se sont follement emballés
sur des formules dans l'excentricité desquelles leur
manque de jugement a cru voir le génie, et des
charlatans dans les mains de qui cette excentricité
est devenue réclame; c'est que disséminées de
loin en loin parmi celles-là, il y en a d'autres qui
ne cherchent pas à s'imposer par le tapage :
de même qu'au milieu de la tourbe des rasta-
quouères, l'homme de bon ton s'efface, attendant
son tour qui viendra. M. Hanotaux ne s'est pas
souvenu qu'à côté des inconscients et les charla-
tans qui l'exaspèrent il y a des Lalique, des
Dampt, des Plumet, des Aubert, des Selmersheim,
— je ne nomme que les premiers qui se pré-
sentent sous ma plume — les uns, créateurs
de chefs-d'œuvre que nul ne conteste, l'homme
de goût qu'est M. Hanotaux moins que personne,
les autres cherchant sincèrement, patiemment,
savamment des voies nouvelles, guidés par la
raison et dédaigneux des gloires éphémères de
l'original à tout prix.
C'est sur ceux-ci qu'il eût fallu fixer ses regards.
Mais M. Hanotaux n'a vu que les premiers; et
justement énervé de leur spectacle, il se répand
en prédictions à la façon de Cassandre :

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