L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,1.1900/1901)

tance satisfaisant aux yeux et à ia raison qui
donne leur caractère artistique aux piies équili-
brées du pont du Forth ou aux fermes articu-
lées de la Galerie des machines? Là, chaque
élément de construction varie dans la longueur
de la ferme, croissant avec la charge depuis le
sommet jusqu'à la base, et l'articulation qui per-
met de transformer les effets de dilatation en un
relèvement insensible de la ferme peut justifier
absolument des formes qui appartiennent au
métal et au métal seul.
Si l'élaboration des formes décoratives
convenant au 1er est lente, c'est que contraire-
ment à ce qui a toujours été fait pour les autres
matières, on n'a pas cherché à tirer du fer lui-
même sa décoration. Dans l'Exposition de 1889,
où les deux palais de M. Formigé parurent ré-
véler l'emploi décoratif du métal, l'artiste avait
encore cherché à masquer par des remplissages
en terre cuite les évidements des supports mé-
talliques. Le fer, peint en ton bleu clair, s'har-
monisait bien avec la terre aux tons rosés, mais
l'ossature, réduite à des combinaisons de treil-
lis, n'utilisait qu'incomplètement les moyens

d'expression qui résultent de l'assemblage des
fers laminés et des cornières.
Le pavillon royal de Grèce, édifié sur le
quai d'Orsay en 1900, utilise autrement les
qualités du fer. Ne conservant du plan byzantin
que la disposition générale d'une salle centrale
couverte en coupole, raccordée avec quatre
salles de dimension moindre et flanquée aux
angles de quatre salles secondaires couvertes
aussi en coupole, j'ai constitué de cornières et
tôles ajourées toute une ossature métaHique,
n'employant la céramique creuse que comme
clôture.
C'est par le dessin des tôles ajourées et re-
poussées que sont décorés les piliers, les arcs,
les trompes et les triangles correspondant aux
pénétrations des gables des pignons dans la
coupole. v
11 importe, si l'on veut utiliser ainsi la tôle,
de bien équilibrer les pleins et les vides, de telle
sorte que la trop grande dimension de l'ajou-

!


E. ROBERT GRILLE D'ASCENSEUR