Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,1.1900/​1901

DOI Heft:
No. 29 (Février 1901)
DOI Artikel:
Saunier, Charles: L' hôtel de Mme Yvette Guilbert
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34205#0222

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ART DÉCORATIF

L'HOTEL
DE YVETTE GUILBERT
ONSTRUiRE la maison qui répond aux besoins
de celui qui l'habitera n'est pas chose aisée;
faire que le curieux qui s'est enquis de l'habi-
tant dise: «En effet, c'est bien là la demeure
qu'il lui fallait)) est encore plus difficile.
C'est à cette œuvre rare qu'a réussi
M. Xavier Schœllkopf, chargé d'édifier l'hôtel
de Yvette Guilbert.
Au fait, annoncez à un tabellion de province,
venu jadis à Paris aux beaux temps du Chat
Noir, qu'Yvette Guilbert, dont il fredonne les
airs les plus connus le soir, rentrant du cercle,
lorsqu'il n'y a plus d'yeux sur le cours pour le
voir, ni d'oreilles pour l'entendre; annoncez lui
que la divette vient de se faire construire un
hôtel. Aussitôt il vous interrompra pour vous
décrire d'enthousiasme le logis certain de la cé-
lèbre diseuse:
«Yvette Guilbert, un hôtel! oh!... bien sûr,
«là-haut, sur la Butte, une ferme normande avec
«un toit en vieilles tuiles, comme girouettes de
«petits amours dont les ailes virent au moindre
«souffle, faisant la nique au moulin voisin:
Cela tourne à mourir de rire
On n'a jamais bien su comment
« et, comme timbre à la porte, une tête de chat en
« fer forgé dont les yeux verts s'illuminent
« lorsque pour sonner on tire sa langue pen-
« dante. ))
Notre homme n'ignore qu'une chose. C'est
que MRe Yvette Guilbert, l'esprit même à la
scène, est encore plus femme d'esprit à la ville.
Elle sait que la vie de théâtre et la vie privée
sont choses très différentes; esprit avisé, après
avoir épuisé sa fantaisie dans sa jolie propriété
de Vaux, elle s'est adressée à un architecte
jeune et hardi, mais raisonneur, dont elle savait
l'esprit inventif assez fin pour trouver l'origi-
nalité sans verser dans l'excentricité.
M. Xavier Schœllkopf n'est pas, au reste,
un débutant. Il a affirmé sa science architecturale
et son idéal novateur dans plusieurs maisons
de rapport de l'avenue de la République et plus
récemment dans un hôtel particulier de l'avenue
d'Iéna (voir l'Ar^ &%ro7-Yp7/du mois de mai 1899).
Ces diverses œuvres permettent de carac-
tériser ses recherches. Tout d'abord, M. Schœll-
kopf proscrit les arêtes dures, les moulures
classiques: «les yeux, la bouche, que l'on peut
«comparer à des fenêtres percées dans unefa-
«çade,)) fait-il observer, «ne sont pas troués à
190

« l'emporte-pièce, mais adoucis par des formes
«arrondies ou en pentesD. De cette observation
il résulte qu'une construction ne saurait plus
être une série de compartiments délimités par
des lignes sèches et une ornementation bâtarde,
sans liaison avec l'ensemble, mais doit au con-
traire former un tout dont les lignes adoucies,
les saillies logiques soulignent, non la silhouette,
mais le modelé. Cette théorie a pour premier
avantage d'assurer l'ampleur. La construction,
maison de rapport ou hôtel particulier, peut
occuper un emplacement vaste ou un espace
restreint, la hardiesse de la conception ne sera
pas diminuée, le moindre fragment entraperçu
dans l'encadrement d'une ruelle évoquera la
grandeur, l'ornementation toujours large étant
seulement proportionnée au recul du spectateur
et aux nécessités de l'éclairage.
L'hôtel que nous allons décrire est une
preuve nouvelle de la valeur des théories chères
à M. Schœllkopf.
Il est situé boulevard Berthier, large voie
où l'air et la lumière abondent. A droite, à
gauche, ce sont d'autres hôtels avec des ateliers
d'artistes. Il y en a de gothiques, de renaissance,
de Louis XV. Certains ont l'air de hammams,
d'autres semblent émigrés de Chelsea. M. Schœll-
kopf n'a pas été influencé par ce voisinage; il
n'a pas pensé non plus que le besoin d'un
atelier se fît sentir pour sa cliente. De larges
ouvertures proportionnées aux locaux à éclairer,
oui; des bow-windows, certainement, mais
l'énorme vitrage cher aux snobs, non.
Précisons. Cet hôtel comprend un soubasse-
ment, deux étages, un comble. A gauche, encor-
bellés sur la porte de la rue, la série des bow-
windows; à droite, au-dessus d'un soubassement
composé de bossages, la façade en belle pierre
érige ses ouvertures et va se fondre à la hauteur
du comble dans une ligne légèrement renflée
qui contient le chéneau.
Au delà c'est la toiture d'ardoises et de zinc
dont la ligne unie s'accidente sur la gauche d'un
arc qui couronne la série des bow-windows. —
Primitivement cet arc devait former dôme et
une crête ajourée, en zinc repoussé, courir sur
le faîte de la toiture.
Examinons maintenant l'œuvre en détail.
Les ouvertures, parleur dimension, leur groupe-
ment ont le grand mérite d'indiquer la disposition
intérieure. Le bow-window du premier étage,
avec ses ouvertures latérales, la recherche de
son fenêtrage, décèle la pièce de réception,
tandis que les trois fenêtres de droite, séparées
 
Annotationen