L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,2.1901)

L'ART DRCÛRAtlF

toutes les ressources dont les autres usent libre-
ment sont interdites, et qui ne peut chercher
i'expression ni la beauté formehe dans les mêmes
moyens qu'eux. La fiore, source inépuisable
dhnspirations pour hartiste, s'y glace et prend
des aspects agressifs, comme prète à se défendre.
Sa copie garde aiheurs queiques charmes même
dans l'excès de 1a banalité : ici, elle irrite ; on
en veut au méchant qui tente d'emprisonner 1e
sourire des heurs dans l'appareil des supplices.
Cet art reste à créer. Dans 1a grande cons-

truction, ce sont encore quelques nobles travaux
qui n'ont rien demandé qu'à hingénieur, 1e pont
Mirabeau par exemple, qui sont 1e plus impres-
sionnants. Dans 1a ferronnerie, les ouvrages
soi-disant admirables de la Renaissance et des
siècles suivants ne nous montrent guère que
des combinaisons plus ou moins complexes de
motifs en somme assez banaux, toujours à peu
près les mêmes.
Dans les dernières années pourtant, quel-
ques jeunes artistes anglais, particulièrement
M. Harold Smith, ont donné des dessins de grilies
d'une ahure simple et belle, satisfaisant bien au
sentiment du fer )), si l'on me permet cette

expression. En France, M. ÉmileRobert, artiste
remarquable, s'est montré fort inventif, et cer-
taines de ses productions — notamment plusieurs
de celles que a reproduites dans
son numéro de décembre 1900 — sont d'une
beauté complète. Mais dans d'autres, son tour
d'esprit, plutôt fleuri, lui a fait dépasser 1a me-
sure de ce que le fer permet en amabilité, selon
moi. C'est 1e cas de 1a suspension d'éclairage
au pétrole, avec girandoles pour l'électricité,
que M. Robert expose au Salon cette année.
Les enlacements de vergettes y
sont multipliés au point de paraître
d'abord inextricables ; ce n'est
qu'à la longue qu'on découvre
combien ils sont ingénieux et bien
ordonnés. Même alors, l'impres-
sion reste que l'inutile tient trop
de place dans l'ensemble, et
prend une indépendance trop
grande du nécessaire.
Une porte — d'ascenseur?
— exposée par l'«Union des Ouv-
riers serruriers)) offre un exemple
excellent de l'esprit dans lequel
les travaux de ce genre doivent
se tenir. Les lignes principales
du dessin manquent peut-être un
peu de pureté à quelques places,
suite de contournements tenant
trop du «modern-style)) ; mais la
mesure et la manière dans les-
quelles 1a flore, transformëe en
simple agrément de l'ensemble,
est employée ici sont on ne peut
plus louables. C'est plaisir de
constater que l'exemple d'une
entente si juste des convenances
de l'art du fer vienne de com-
pagnons associés en coopérative
(ils sont une quarantaine de travailleurs dans
leur atelier de la rue Froissart). Ces ouvriers,
aidés de l'artiste dessinateur qu'ils se sont ad-
joint, M. Delisle, ont témoigné d'une droiture
de sens qu'on ne rencontre pas toujours chez
ies docteurs-ès-arts. G. M. JACQUES.

LES CUIRS D'ART
i—^LUSiEURS milliers d'objets compris sous la
U dénomination de «cuirs d'art)) ont été
envoyés cette année aux Salons. Avec sagesse,
et probablement avec difhculté, les jurys en ont
accueilli environ 1a dixième partie, et si 1e


M""= CLAJRE DU LOCLE COFFRE A DENTELLES EN CUIR PATINÉ

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