L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (3,2.1901)

JUILLET 1901

études notariales, M. Champier aput décrireetles
travaux commandés par Richelieu et la vie des
propriétaires successifs du Palais-Royal depuis
Louis XIII jusqu'à Philippe-Égalité. A propos de
celui-ci, M. V. Champier donne dhntéressants dé-
tails sur 1a vente à Catherine de Russie de la cé-
lèbre collection de pierres gravées qui fait aujour-
d'hui 1a gloire du Musée de MErmitage, et élucide
les points obscurs qui entouraient jusqu'icilavente
des tableaux de 1a galerie d'Orléans, passés en
Angleterre au moment de 1a Révolution.
Avec M. Gustave-Roger Sandoz, quis'est chargé
de raconter Mhistoire du monument depuis 1a Ré-
volution, nous assistons àl'agitation poiitique dont
le Palais-Royal fut le centre de iy8q à 1800, à sa
vogue mondaine, enhn à ses belles années de gloire,
lorsqu'il centralisa tout 1e commerce de luxe pari-
sien. L'éminent joaillier qui a été longtemps l'hôte
du Palais-Royal a fait, lui aussi, œuvre nouvelle,
pleine d'attrait et de mouvement.
Ces deux volumes, admirablement illustrés à
l'aide de documents originaux, la plupart inédits,
font 1e plus grand honneur à la SoraWA' rfg
/z'oM oLs <7'A^-/ qui a déjà tant de beaux livres
à son actif.

1 'ERS ARTisTiQUEs réunis et dessinés par Louis
r Labarta, avec texte français et espagnol (Fran-
cesco Seix, éditeur, Barcelone).
Voilà un fort beau recueil de planches consacrées
à la reproduction des plus remarquables travaux
de ferronnerie de tous les pays et principalement
de ceux qui sont dus aux maîtres castillans et cata-
lans. Or, tous les voyageurs qui ont visité l'Espagne
ont admiré la façon exquise, à la fois sobre et ner-
veuse dont le fer fut travaillé en Espagne. Un tel
livre, qui compte plus de deux cents planches ad-
mirablement dessinées et commentées par des
notices claires etsuccinctes, est doncun document
précieux, qui sera d'une grande utilité pour tous les
architectes et ouvriers d'art.
Une érudite préface de M. Utrillo ouvre ce bel
ouvrage.

T 'ART DU THÉATRE (Schmid, éditeur). Presque
[ coup sur coup, viennent de paraître deux nu-
méros de cette magnihque publication. L'un
est consacré à la U<?w^, au Aof cfg à l'Zw^è-
l'autre est entièrement rempli par 1a mise
en scène de HraŸs en France, en Angleterre
et en Italie. C'est l'illustration la plus vivante des
pièces tirées partout du beau roman de Sienkiewicz.
CH. S.

EXPOSITION INTERNATIO-
NALE DES ARTS DECORATIFS
MODERNES A TURIN EN 1^02
1 ous avons annoncé l'organisation de cette ex-
position, placéesous le patronat de S. M.
le roi d'Italie et dont l'importance sera de
premier ordre. La Commission générale de
l'Exposition a pour président S. A. R. 1e duc
d'Aoste, et pour vice-présidents MM. Villa, pré-
sident de 1a Chambre des députés, et Casana,
sénateur et maire de Turin. L'acceptation de ces
fonctions par ces hauts personnages montre sufh-
samment que l'Exposition est assurée de l'appui
del'Etat; du reste, on annonce de source officielle
que le Gouvernement italien, ainsi que ses agents
diplomatiques à l'étranger, fourniront aux expo-
sants toutes les garanties nécessaires pour faci-
liter ieur participation.
L'ancienne capitale du Piémont, qui compte
aujourd'hui 35o,ooo habitants, est on ne peut plus
heureusement choisie pour une telle solennité.
Par sa situation géographique, elle touche aux
contrées où les étrangers et les touristes de tous
pays seportent en foule l'été; son climat tempéré,
la beauté de Ia ville et de ses environs, le confort
de ses hôtels, la commodité de ses moyens de
transport, bref tous les perfectionnements qui font
de Turin la ville la plus moderne de l'Italie déter-
mineront tous les visiteurs de 1a Suisse, de 1a
Savoie, du Dauphiné à pousser leur excursion
jusque-Ià en i$02 Ce gros contingent s'ajoutant à
celui des visiteurs — tant étrangers qu'Italiens —
intéressés directement à l'Exposition, il est certain
que l'affluence sera considérabie pendant toute 1a
belle saison au délicieux parc de Valentino, au
bord du Pô, lieu riant entre tous où les constructions
de l'Exposition s'élèveront.
Au moment où l'Italie entre à son tour dans le
mouvement de renaissance des arts décoratifs, il
y a pour la France un intérêt capital à ne se lais-
ser distancer par aucune autre nation dans un dé-
ploiement d'art où l'Italie va puiser ses inspira-
tions pour créer 1e sien. Aujourd'hui, la lutte des
races se porte aussi sur le terrain de l'art. II est
certain qu'un effort énergique sera tenté par
d'autres, mettant à proHt cette occasion de tâcher
d'imposer, ici encore, leur influence à l'Italie.
Lorsque le monde latin est menacé de toutes
parts, donnerons-nous raison àceux qui se plaisent
à annoncer sa prétendue décrépitude ? Assis-
terons-nous indifférents à l'invasion de cedomaine
de l'art, fief des races latines depuis près de vingt
siècles? Non! Latins de France, nous devons
tendre 1a main auxLatins d'Italie pour les aider à
se constituer un art uni au nôtre, comme sont nos
races, par des liens étroits, en sorte que l'influence
latine dans l'art puisse triompher dans l'avenir,
comme elle ht dans le passé.

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