L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (4,2.1902)

LE MOBILiER

AUX SALONS

cherches modernes; c'est là qu'année après
année nous avons vu notre art du mobilier
prendre de plus en plus conscience des
formes qui répondaient véritablement à la
vie d'aujourd'hui. On y vit notre ameuble-
ment s'y organiser et s'y coordonner, acqué-
rir peu à peu une sûreté d'orientation qu'il
n'avait pas lors des premières tentatives :
bref, notre style s'y est nettement précisé,
avec ses préoccupations de matières loyale-
ment employées sans déguisement, de lignes
sobres et éiégantes, de modelés souples, en-
veloppant les parties diverses les unes dans
les autres, de parti décoratif se pliant à
l'ordonnance générale de la construction.
Tels sont les prin-
cipes que l'on a vu se
formuler par l'exemple,
du moins si nous enre-
gistrons ceux qui étaient
déduits avec le plus de
lucidité de l'expérience
de nos besoins et de la
connaissance des métiers.
Après ces résultats et ces
affirmations, il s'agit de
continuer à marcher de
l'avant, pour unifier tou-
jours plus nos tentatives
dans la voie logique,
tout en leur laissant les
diversités d'accent que
peut apporter l'esprit
personnel. Il importe
donc de se demander
quels progrès nouveaux
apportent chaque fois
les efforts de l'année.
Eh bien, il ne semble
pas que l'on ait fait, de-
puis l'an dernier, un
pas sensible, si l'on met
à part quelques œuvres
de détail intéressantes.
En effet, d'un côté, on
voit quelques artistes
continuer à exploiter les
justes conceptions qu'ils
se sont faites de notre
mobilier, mais sans cher-
cher à répandre de plus
BfBLioTHÈQUE en plus cette notion de

f)ARLER cette année du mobilier aux Salons,
1 c'est se borner à peu près, quoique in-
volontairement, au Salon de la Société Na-
tionale. En effet , du côté des Artistes
Français, la section des objets d'arts ne
s'honore que d'un petit nombre de vitrines
au milieu d'un déballage industriel où la
quantité d'art est souvent bien minime, et les
meubles, égarés et culbutés dans ce désordre
de bazar, ne sont considérables ni par leur
nombre ni par leur importance.
Le rôle des Salons annuels de ce qui
fut autrefois «le Champ-de-Mars» ne saurait
être nié, et c'est à ces expositions que s'af-
firmèrent surtout aux yeux du public les re-

EUG. GAILLARD