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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 48 (Septembre 1902)
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Jacques, G. M.: Le bijou qui plait
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0284

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LE BIJOU QUI PLAIT

!x spécialisation des carrières n'est pas en
J—, faveur auprès des esprits subjectifs, je
veux dire ceux portés à voir le monde tel
qu'ils le souhaiteraient plutôt que tel qu'il
est. Ils la subissent comme une nécessité, à
laquelle la somme immense des connais-
sances acquises et l'infinie variété des in-
dustries nous condamnent ; au fond ils en
gémissent.
Leur mau-
vaise hu-
meur s'é-
panche en
utopies qui
voient le
jour tantôt
dans un mi-
lieu, tantôt
dans un au-
tre, et re-
crutent quel-
ques parti-
sans par-ci
par-là.
L'invention de l'artiste universel est du
nombre. On s'est rappelé Michel-Ange
sculpteur, peintre, architecte, ciseleur, et l'idée
de faire des nouvelles générations d'artistes une
légion de petits Michel-Ange a germé dans
quelques cerveaux. Des hommes se sont voués
à l'apostolat de cette idée ; comme il faut des
preuves à l'appui de ce qu'on propose, ils
nous ont raconté — d'ailleurs avec la bonne
foi du méridional qui se grise de ses propres
bourdes — que la règle au moyen âge était
que chaque artisan fût à la fois orfèvre,
serrurier, émailleur, potier, teinturier, et
peignit des enseignes. Ces beaux discours
nous valent le spectacle de jeunes gens dont
le talent s'exerce indifféremment, dans des
concours, sur un mobilier de chambre à
coucher, un service à thé en porcelaine, le
dessin d'une soie, une pièce d'orfèvrerie, un
peigne ou un col de dentelle, dans l'espoir
de gagner à ce jeu le gros lot de la célé-
brité. Espoir toujours déçu ; Charles Garnier,
seul détenteur du secret d'amener le double-
six, est mort sans le révéler.
Tout n'est pas à rejeter dans l'encyclo-
pédisme artistique. Mais l'expérience montre
que les meilleures productions dans chaque
branche viennent de gens qui s'y sont spé-

cialisés et n'en sortent pas. La concentration
des facultés sur un seul objet, qui rétrécit
encore le cerveau de l'homme vulgaire, pousse
l'homme bien doué vers la perfection.
Voyez, par exemple, l'art du bijou. Quand
on a nommé M. Lalique, M. Vever, M.
Fouquet, M. Gaillard, M. Bonny, la liste
des vitrines devant lesquelles le public s'émer-
veille aux
expositions
est épuisée.
D'autres
ren contrent
un succès
d'estime de-
ci delà ;
mais..., il
y a tou-
jours un
mais. Leurs
bijoux sont
trop lourds
ou trop
grêles ; les
uns sont ternes jusqu'à la tristesse, les autres
bariolés et pas plus éclatants pour cela ;
certains prétentieusement littéraires tandis
que quelques-uns ont l'humilité du pauvre
qui se cache. Bref, il manque toujours à
ces productions je ne sais quoi ; et c'est ce
je ne sais quoi, qu'elles n'ont pas et que les
premières possèdent, qui met l'éclair de la
convoitise aux yeux des femmes et enlève
le public.
Pourrait-il en être autrement? Le pro-
fessionnel a l'avantage de voir la chose dont
il s'occupe objectivement, tandis que le pro-
ducteur d'occasion ne peut la traiter que
subjectivement. Le premier, constamment
en contact avec le consommateur — ici la
femme — en connaît les désirs, les joies,
les dédains, les caprices ; il vit dans le milieu
et l'ordre d'idées qu'il faut pour concevoir
des œuvres propres à la satisfaire, et rien
que de telles œuvres. Entre mille moyens
possibles, il a l'expérience journalière de
ceux par lesquels on arrive le plus sûrement
au but ; il sait ce que chacun peut et ne
peut donner. Le second, qui n'a ni l'obser-
vation ni l'expérience à sa disposition, ne
peut prendre le point de départ et les déve-
loppements qu'en lui-méme: il a dix chances


G. FOUQUET ET DESROSIERS

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