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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

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Thomas, Albert: Madame Berthe Girardet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0136

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MADAME BERTHE GfRARDET


j ANDis que le sentiment du moderne, les
^ idées, les mœurs, les aspects d'aujour-
d'hui pénètrent de jour en jour davantage
la plupart des modes de l'activité artistique, la
sculpture demeure traditionnelle. Elle n'a
pas secoué la tyrannie des antiques for-
mules. Elle appartient pres-
que complètement au passé.
Les expositions annuelles
offrent un spectacle vrai-
ment affligeant. Quand, à
chaque nouveau Salon, on
entre dans le hall du Grand
Palais, on éprouve une dé-
ception. On s'attendait à
rencontrer cette fois un
effort d'ensemble vers la
réalité, vers la vie. On n'aper-
çoit d'abord, comme tou-
jours, que des œuvres froides
et factices, que des compo-
sitions sans saveur où se
perpétuent les influences
académiques. Tous les pon-
cifs, tous les figurants de
la Fable, vêtus de tous les
oripeaux mythologiques, se
sont donné là rendez-vous.
Les Neptune et les Mars
abondent, et les Tantale et
les Sisyphe, et les Cérès et
les Pomone vidant leurs
cornes d'abondance, et les
Faunes pourchassant les
Nymphes coquettes, et les
pâtres d'Arcadie cadençant
sur la flûte leur chanson
surannée. Non seulement on
ne voit pas les êtres que
l'on coudoyait tout à l'heure
dans la rue et que l'on eût tant souhaité re-
connaître avec leurs allures, leurs joies et leurs
soucis, la muette éloquence de leurs douleurs,
mais on ne peut même faire le rêve antique
d'un peuple de dieux, de héros et d'éphèbes, de
déesses et de vierges évoluant, dans la blancheur
du marbre, sous une lumière sereine. Les cos-
tumes sont ridicules, les poses contraintes,

les gestes figés, et de G morne troupe ue
s'élève pas la symphonie glorieuse qui mon-
tait jadis des statues rassemblées dans les
temples de l'Attique. L'esprit agile de la
Grèce, l'âme des Praxitèle et des Phidias
n'habite point ces formes inertes. Quant à

l'âme moderne, eile ne parvient guère à
s'exprimer dans les tribuns à redingote et
les généraux en uniforme, personnifiant avec
emphase le courage civique ou militaire,
qui émergent, par endroits, de la cohue des
sujets anciens. L'âme moderne, il faut la
chercher patiemment à travers les allées que
borde la double haie des statues. On doute,

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