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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,2.1903

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Mauclair, Camille: Alfred Roll
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https://doi.org/10.11588/diglit.34208#0065
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L'ART DÉCORATIF

plus vibrant que celui-là dans tout ce qu'on
a fait depuis cinquante ans en France. C'est
de la peinture belle et sincère, sans une
velléité d'escamotage, sans une atténuation
adroite, qui semble faite d'herbe, de chair,
de peau de bête et de soleil même, et où
éclate une nature transportée par l'irrésis-
tible désir du vrai qui a soulevé Manet à



denx reprises de sa vie, avec l'O/r^np/u et
Il faut se représenter ce qu'étaient les
Salons en i885 pour apprécier pleinement
ce que signifiait dans ces milieux une telle
œuvre. Envoyé en même temps, le vaste
Truruz/, avec son harmonie grise, la tris-
tesse de son ciel brumeux, l'activité disci-
plinée et sérieuse de ses figures, la décora-
tion toute réaliste de ses échafaudages, de
ses lampes de chantier, précisait nettement,
à côté de l'impressionniste dédaigneux des
formules d'école, le résolu psychologue du

peuple : Manet venait de mourir deux ans
auparavant, ses principes s'imposaient là
d'où on l'avait excommunié, à un moment
où ses amis subissaient encore le rigoureux
ostracisme, où les jeunes hésitaient, où
Besnard commençait à peine à trouver sa
Un homme rude, décidé, imposant
silence par sa force indéniable, se levait
des premiers, parmi les poncifs et les
timides, pour annoncer les temps nou-
veaux. Il poussait très loin le réalisme,
sans affectation ridicule, non certes
avec la sécheresse et la myopie d'un
Meissonier dont l'idéal de vérité devait
plus tard devenir la photographie in-
stantanée, mais avec une passion pres-
que naïve, sentant là le salut et l'an-
tidote du faux classique, osant peindre
le portrait du paysagiste Damoye, par-
tant sac au dos pour la campagne, en
plein hall de la gare du Nord, dans
la cohue de la banlieue, ne pouvant
travailler que devant l'absolue exacti-
tude du détail sans pourtant se tenir
quitte pour l'avoir copié, possédé, dans
sa vie comme dans son art, de la han-
tise constante de la vérité. La critique
retrouvera dans cette conscience à cette
date le plus noble témoignage d'une
fermeté de caractère qui creusa sa trace
profonde et qui a fait de M. Roll, non
un chef d'école, puisqu'il se voulut
seul, mais le plus significatif initiateur
du réalisme moderne en dehors de la
spécialisation impressionniste.
Une telle nature devait arriver à
l'observation concentrée des spectacles
naturels, de l'idiosyncrasie des simples.
L'étude des paysans et des ouvriers lui
fut un troisième motif, étude ingrate,
difhcultueuse, peu décorative, malai-
sément appréciable du public, faite pour
tenter un artiste dédaigneux du succès de
Salons parisiens. A ceux qui en connais-
sent la piètre psychologie, l'étonnement
restera toujours du contraste entre la for-
tune brillante et rapide de M. Roll et
l'insuccès où semblait le réduire le choix
instinctif de ses sujets, la hère indépendance
de ses idées et de sa technique. Dès i88q,
avec Afurïmz/ze 0^7*<?j^, commença cette im-
portante série où l'artiste accordait délibé-
rément, au scandale des virtuoses élégants,
les honneurs de la cimaise et du portrait en

route,
le

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