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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 8,2.1906

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Félice, Roger de: L' art appliqué au Salon d'Automne
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https://doi.org/10.11588/diglit.36451#0205

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L'ART APPLIQUÉ AU SALON D'AUTOMNE

î A Société du Saion d'Automne rend les
t ^ plus grands services à Fart vivant et
libre, aux artistes jeunes ou isolés, à toutes
les tendances novatrices, et aussi à la mé-
moire des morts méconnus, comme ce puis-
sant et magnifique créateur que fut Gauguin ;
elle joue un rôle éminent dans la vie esthé-
tique de notre pays : tout cela est incontes-
tabie. Mais elle manque, et chaque année
davantage, à ce qui apparut dès le premier
jour comme un de ses devoirs essentiels: la
protection et l'encouragement des artistes
décorateurs. Chaque automne il semble que
les potentats du lieu, car il y en a tout
comme aux vieux salons printaniers, trai-
tent un peu plus cette section en sacrifiée,
ces exposants en parias. Quelques rares pri-
vilégiés ont l'insigne honneur de voisiner
dans les salles du haut avec Messieurs les
peintres ; pour les autres, bien assez bons
sont les recoins les plus introuvables du
rez-de-chaussée, et le vestibule glacial, tou-
jours traversé en hâte, où leurs vitrines
sont pêle-mêle avec les parapluies du ves-
tiaire et l'étal de la marchande de cata-
logues. C'est toujours la même chose, malgré
les belles phrases égalitaires, toujours l'ab-
surde, l'inique hiérarchie entre les arts
et les arts Et l'on voit
cette bouffonnerie: les innommables pro-
ductions des soi-disant continuateurs de
Gauguin mieux traitées que les œuvres

exquises d'un Hamm ou d'un Decœur... C'est
donc chose noble aux yeux de ces révolu-
tionnaires, que de faire hurler au hasard,
sans science ni conscience, des jaunes, des
bleus et des rouges sur un pied carré de
toile qui semble toujours avoir été bar-
bouillé en un quart d'heure? C'est « exprimer
des généralités en synthèses frustes)), c'est
« réagir selon sa norme pour prendre le
contact perdu avec la matière du monde)),
c'est « conter le drame quotidien en un lan-
gage prophétiques — ainsi parlent les cri-
tiques attitrés de la secte. — Mais c'est
besogne inférieure que de lutter patiemment
avec une matière rebelle jusqu'à ce qu'elle
soit fécondée et qu'en jaillisse, toute pure
et toute fraîche, belle comme une corolle
ou comme une aile ouverte, une forme
inouïe et parfaite, une courbe délicieuse ;
ou bien de colleter le Feu puissant et traître,
et le réduire en esclavage!
Dès lors, comment s'étonner si d'année
en année les objets d'art au Salon d'Automne
diminuent en nombre comme en intérêt,
mises à part les œuvres de quelques excel-
lents artistes dont nous allons dire tout
le bien qu'il faut? Ils étaient cinquante il y
y deux ans, les artistes décorateurs ; qua-
rante l'année dernière; les voici moins de
trente. Disparus, Delaherche et Bigot, Plu-
met, Selmersheim, Jourdain et Dufrène,
Lalique, Mangeant et Brandt, de Feure,
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