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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 1.1887-1888 (Nr. 1-53)

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No. 40 (28 Janvier 1888) – No. 49 (31 Mars 1888)
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L’ART FRANÇAIS

LES AQUARELLISTES

La dixième exposition annuelle de la Société d’aquarellistes
français s’est ouverte le 9 mars, dans la galerie Georges Petit,
S, rue de Sexe.

lin dépit d’abstentions fort regrettables, puisque M. Détaillé
n’a rien envoyé, ni Al. Meissonier, ni M. Benjamin-Constant,
ni M. James Tissot, ni M. Loustaunau, ni M. Maignan, et que
M. Heilbuth, au dernier moment, a gardé dans son atelier les
ouvrages qu’il avait annoncés et qui figurent au catalogue (c’est,
encore une fois, assez regrettable qu’ils ne figurent que là!), en
dépit de ces abstentions, dis-je, l’exposition actuelle ne laisse
pas que d’être très intéressante.

Voici, en entrant, à droite, auprès des jolies scènes de genre
de M. Robert de Cuvillon (dont les progrès ont été si rapides
depuis quelques années), tout un panneau occupé par M. Duez.
Un effet de neige (très grand dans son petit cadre), jette sa note
fine et mélancolique. A côté des vues deToulonnousmontrent un
« midi» qui tera certainement réfléchir M.Montenard. Le peintre
du soleil, au mérite duquel l’œuvre de M. Duez n’enlève rien,
du reste, reconnaîtra que le ciel, à Toulon ou à Marseille, n’est
pas forcément d’un bleu éblouissant. Les fleurs, les marines de
M. Duez sont extrêmement remarquables.

Voici M. Jeanniot: cinq ou six belles œuvres très variées, d’une
exécution libre, d’une franchise bien virile. Au parc Monceaux,
M. Jeanniot a trouvé le sujet d’un drame à trois personnages qui
suflirait à mettre cet artiste hors de pair. La place de la Concorde
lui a fourni le motif d’une de ces études parisiennes, savoureuses,
exactes, vraies, en un mot, qui eussent ravi d’aise et d’admira-
tion confraternelle le regretté de Nittis.

Sur un panneau voisin, M. John Lévis Brown a réuni plusieurs
scènes de chasse, où cavaliers et amazones évoluent avec une grâce
toute aristocratique. Comme toujours, M. Brown nous donne
l’impression de la nature, car il excelle à mettre ses personnages
dans l’air.

Près de là, les beaux Chiens de M.de Penne tirent sur leur longe
ou bondissent à la poursuite de quelque gibier.

M. Jean-Paul Laurens occupe la place d’honneur avec une
aquarelle de très grandes dimensions : Sur les ruines du passé.
Deux amoureux rêvent à l’entrée d’un temple dont les colonnes,
noircies çà et là, se dressent encore fièrement vers le ciel.
Cette page est fort curieuse, car elle 11e ressemble à rien de
<( déjà vu » et ne rappelle nullement la manière habituelle du
maître.

M. Worms, lui aussi, donne une note nouvelle. J’aime sur-
tout cette rue de village espagnol, d’un aspect si pittoresque,
qu’un prêtre traverse à grandes enjambées.

M. Jean Béraud n’est pas près de rompre le pacte qu’il a passé
avec le succès. Ses envois de cette année sont tous remarquables,
encore que tel détail paraisse tant soit peu invraisemblable, no-
tamment certaine manche du pardessus qu’un «,monsieur de
l’orchestre » est en train de revêtir, dans la Fin du spectacle. Mais
qu’importe ? C’est-là un tableau parisien d’une vérité saisissante,
de même que le Boulevard, la Brasserie et Soir d’été.

M. Emile Adan est toujours le doux rêveur qui remporta son
premier succès au Salon, voici quelques années, avec une jeune
fille accoudée sur le mur d’une terrasse et regardant un paysage
empreint de la mélancolie automnale. L’aquarelliste, chez lui,
ne le cède nullement au peintre, et les amateurs s’arrêteront
devant le Chemin de la penne, Lys et Roses, le Mois de Marie, le
‘Brûloir, les Dernières nouvelles, Fin d octobre.

L’un des triomphateurs de l’exposition de la rue de Sèze est
M. Albert Besnard. Rien de plus passionnant que les imagina-
tions de ce rêveur, de ce poète-là. Une nuit,, tel est, je crois, le
titre de la plus lumineuse et de la plus belle des pages nombreuses
exposées par le jeune maître. Figurez-vous une jeune femme, la
Poésie même, tenant dans sa main ouverte, près de sa bouche,
des bluets sur lesquels elle souffle et qui, répandus élans 1 espace
sans bornes, deviennent des étoiles...

L’idée est d’une rare séduction, et M. Besnard l’a admirable-
ment exprimée.

On ne sera pas moins attiré par les grands paysages décoratifs
ou par les études de tètes, de figures diverses, toutes extrême-
ment originales, qui complètent l’exposition de cet artiste si per-
sonnel.

M. Gaston Béthune montre de la puissance, même dans ses
fantaisies comme celle qu’il a destinée au Paris-Noël de notre ami
Gustave Goëtschy.

M. Emile Boilvin est intéressant.

M. Boutet de Monvel, toujours amusant dans ses scènes en-
fantines, a fait, cette fois, une incursion dans le domaine du
paysage, où il se rencontrera certainement avec M. Max Claude.
(Ces deux artistes regardent la nature avec une loupe).

Les marines et les passages de M. Maurice Courant sont large-
ment traitées.

M. Zuber, M. Yon ont envoyé tous deux de très belles aqua-
relles. Mn,e Nathaniel de Rothschild est toujours en progrès, et
M. Eugène Morand a rapporté^ de Venise une vue du Canal qui
est bien pies d etie un chef-d œuvre. Mais, en fait de paysages,
MM. Français et Harpignies demeurent encore les maîtresCn-
contestés.

M. Charles Delort a une scène de genre d’un très grand mérite,
le Relai de Poste. M. Paul Pujol, de belles compositions, d’un ca-
ractère superbe. M. Vibert est toujours spirituel et M. Léon Lher-
mitte reste le maître dessinateur que l’on sait.

Je voudrais, en terminant, rendre justice aux admirables envois
de Mmc Madeleine Lemaire. La grande artiste, par une coquette-
rie bien pardonnable à son sexe et à son talent, a réuni ici des
ouvrages des genres les plus divers, depuis une grande figure de
jeune fille jusqu’à des études de fleurs, depuis ces délicieux ^Abri-
cots, depuis ces Groseilles d’un éclat incomparable, jusqu’à cet
Eventail où l’on retrouve toute la grâce des maîtres du dix-hui-
tième siècle.

J’allais oublier les aquarelles de MM. Julien Le Blant, Victor
Gilbert, devant lesquelles on va s’écraser pendant un mois. Enfin
je m’aperçois que je n’ai pas encore mentionné les ouvrages de
MM. Dubufe fils et Adrien Marie, qui ont leur intérêt.

Mais j’espère avoir occasion de revenir sur l’Exposition des
Aquarellistes, et de réparer mes omissions involontaires.

F. J.

LE MONUMENT D’ALPHONSE DE NEUVILLE

Le Comité du monument d’Alphonse de Neuville a tenu dimanche sa
première séance, sous la présidence de M. Edouard Détaillé, et il a décidé
tout d’abord que la souscription publique serait ouverte, dès aujourd’hui,
à Paris, aux adresses suivantes :

Banque de MM. Leiuueux et G'°, rue Drouot, 3 ;

Ligue des Patriotes, rue St-Augustin, 22;

Siège du Comité, rue JoutlVoy, 17 ;

Et chez M. Auimouim, trésorier, 10, place de la Bourse.

En province: chez lousles Présidents de sections de la Ligue des Patriotes.

Au cours de la séance, le trésorier a reçu diverses offrandes que des
amis et des admirateurs du peintre des Dernières Cartouches avaient en-
voyées par avance, et le Comité s’est immédiatement inscrit pour une
somme de quinze cents francs.

O11 a donc deux mille francs en caisse avant même qu’il ait été fait appel
à la souscription publique.

— n --— ■■ -

LE PROCHAIN SALON

(Suite).

M. Jean-Paul Laurens : Ophélie et Portrait de M. SMounet-Sully,
dans Ha miel .

M. Henner : le Saint Sébastien (déjà annoncé ici), que le
maître vient de terminer pour le prochain Salon et qu’il nous a
été donné d’admirer avant le public, dans le silence de l’atelier,
fera certainement sensation, ainsi que le Portrait de femme, d’une
note toute « inédite », que M. Henner enverra en même temps.

M. Duez : Virgile s’inspirant au milieu des bois. Le poète est
debout, les bras croisés, dans l’attitude de la méditation. Au loin,
à travers les derniers arbres de la forêt, on entrevoit une suite de
collines dont la crête est caressée par le soleil et dont le pied bai-
gne dans la mer. Ce grand panneau, très important, est destiné à
la décoration de la Sorbonne.

M. Roll : Au trot (jeune garçon montant un cheval blanc), et
Manda Lamétrie (une fermière qui vient de traire une vache,
dans une cour normande).

(A suivre). F. J.

Le gérant : SILVESTRE

Paris, — Glyptographie SILVESTRE 4 C'*, rue Oberkampf, 97
 
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