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L' art français: revue artistique hebdomadaire — 2.1888-1889 (Nr. 54-105)

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No. 70 (25 Août 1888) – No. 79 (27 Octobre 1888)
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L’ART FRANÇAIS

Enfin, parmi les bas-reliefs du soubassement, on remarque, du
même maître, le Triomphe de Vénus, au milieu d’amours et de
dauphins.

Selon le chevalier Bernin, cette fontaine est le plus beau mor-
ceau de France, tant pour la juste proportion entre l’architecture
et les figures (proportion fort rare) que pour la délicatesse qui
règne partout.

— « Voyez, écrit Diderot, ces naïades abandonnées, molles et
Allantes, de Jean Goujon. Les eaux de la fontaine des Innocents
ne coulent pas mieux, les symboles serpentent comme elles. »

Aussi bien, ces délicieuses figures sont-elles autant de strophes
d’un immortel poème. Le génie les affine, la grâce les caractérise,
et la vie et le mouvement y semblent réellement contenus dans
l’imposante immobilité de la pierre.

Nous espérons que l’administration n’hésitera pas plus long-
temps à prendre le parti radical qui s’impose. Il s’agit de sauver
d’une mort prochaine le chef-d’œuvre de Jean Goujon.

—---:-

Nos Illustrations

C'est d'après nature, eu quelque village aux mœurs arriérées, que M. Louis
Deschafnps a peint eet étrange tableau où l’on voit un bébé solidement
emmaillotté et accroché à un clou, contre une muraille.

Le pauvre petit n’a pas l’air trop malheureux. A l’expression placide de
sa mignonne ligure, à la façon philosophique dont il suce un doigt de sa
menotte, il est facile de comprendre que cette position lui est habituelle et
qu’il attend avec assez de résignation le moment où sa nourrice ce décidera
à le décrocher.

Dans cette étude très sincère, M. Louis Deschamps a mis toute son
émotion de coloriste, il a su atteindre à cette simplicité qui est la marque
du talent. Accroché! a été certainement une des toiles les plus remarquées
du Salon.

Une œuvre de très vastes proportions, et qui représente un effort vrai-
ment audacieux, c’est le tableau de M. Albert Maignan que nous repro-
duisons également aujourd’hui : les Voix du tocsin. Les visiteurs du Salon
ont tous été frappés de la grande allure et des nobles aspirations de cette
page qui semblait tout d’abord désignée pour Ja médaille d’honneur.

Une cloche énorme est mise en mouvement par des personnages sym-
boliques, et l’âme du bronze s’échappe, se répand par les airs et va s’abat-
tre sur les campagnes épouvantées. Cette âme, dans la vision de l'artiste,
est personnifiée par des hommes et des femmes aux visages contractés, aux
yeux affolés de terreur, aux bouches hurlantes. Ce sont les voix du
tocsin !

Il y a là des figures d’un modelé puissant, des raccourcis d’une science,
et d’une habileté surprenantes. La composition est admirable d’harmonie,
et quoi qu’on ait pu lui reprocher, cette œuvre est et demeure magistrale.
Mais nous n’admettons plus guère la peinture symbolique. M. Maignan, à
une époque moins troublée que la nôtre, aurait triomphé sans conteste.

11 n’a obtenu qu’un succès d’estime, et nous sommes un petit nombre de
retardataires qui avons applaudi sans réserves à cette envolée vers le grand
art des maîtres d’autrefois.

M. Aublet est un Parisien raffiné, comme l’indique la charmante scène
de genre qu’il intitule : Autour d'une partition.

Nous sommes dans l’atelier même du jeune maître, qui s’est discrète-
ment représenté sur un escalier, au second plan, tandis que la première
partie du tableau est occupée par un groupe d’élégantes jeunes femmes
faisant cercle autour d’un pianiste... connu. Ce pianiste n’est autre, en effet,
(pie M. Massenet.

A la droite du plus jeune des membres de l’Académie des Beaux-Arts —
et non du moins illustre — une ravissante jeune femme, debout, étend le
bras comme pour tourner le feuillet de la partition que l’auteur du Roi
de t.ahore exécute. L’auditoire est sous le charme, et on me croira sans
peine, le spectacteur éprouve lui-même un très vif plaisir à regarder ce
tableau, parce que tout y est élégant ‘et vrai. Il semble qu’on entende le
jeu du célèbre compositeur et que l’on partage les sensations de ses jolies
admiratrices.

M. Aublet, je le répète, s’est affirmé, une fois de plus, comme le peintre
attitré des élégances parisiennes.

CANDIDATURES ACADEMIQUES

Un siège est vacant, à l’Académie des Beaux-Arts, par suite du
décès de Gustave Boulanger, et déjà les candidatures s’annoncent
nombreuses. Parmi les noms mis en avant, on remarque ceux de
MM. Barrias, Corrnon, Édouard Détaillé, Jules Lefebvre, Jean-
Paul Laurens, Henner et Puvis de Chavannes.

De M. Ribot, il n’est pas question. Le maître de Colombes, en
effet, manquera toujours à la gloire de l’Institut, à moins que
l’Institut ne se décide à ouvrir les yeux à la lumière. Mais l’événe-
ment est peu probable. Donc, il convient d’éliminer — c’est hu-
miliant... pour l’Institut.— le peintre de la Mère ’Morieu, de
Saint Sébastien, de la Comptabilité et tant d’autres pages de pre-
mier ordre.

Il fiiut aussi « reporter » les candidatures de MM. Barrias, Cor-
mon et Détaillé, qui ne sauraient s’imposer avant celles de
MM. Jules Lefebvre, Jean-Paul Laurens, Henner et Puvis de Cha-
vannes.

C’est entre ces quatre derniers que vraisemblablement se cir-
conscrira la lutte — car il y aura lutte — et nous croyons savoir
qu’elle sera acharnée. Le fait est que chacun de ces artistes se
présente avec des chances sérieuses.

M. Jules Lefebvre serait, comme on l’a dit, l’idéal de l’académi-
cien, son œuvre est considérable. Il est lauréat de la médaille
d’honneur. Tout le désigne aux suffrages de MM. Bouguereau,
Meissonier, Robert-Fleury, Bonnat et autres.

M. Jean-Paul Laurens est à la fois un grand peintre et un
érudit, il est dessinateur correct et coloriste puissant. C’est peut-
être le plus complet des maîtres modernes. Lui aussi, apporte un
bagage du plus haut intérêt.

M. Henner est leplus brillant et le plus a charmeur » des peintres
d’aujourd’hui. Il est doué comme Prudhon, comme Corrège
dont il a repris les glorieuses traditions. C’est le poète des
églogues, c’est le peintre virgiliere.

M. Puvis de Chavannes est le plus grand poète de l’école
française. Aucun autre ne saurait lui être comparé. Il lui suffit
d’évoquer les muses et les dieux antiques pour qu’aussitôt
s’épande, sur la toile immense, le mystère des bois sacrés. Les
rameaux, que son crayon dessine comme en se jouant, prennent
d’eux-mêmes un caractère auguste. Son œuvre est belle de
sincérité et de sérénité.

Auquel de ces admirables artistes iront les suffrages de leurs
confrères ? C’est ce que nous ne saurions prévoir. Mais quelque
soit l’académicien de demain, l’Institut, en l’honorant, se sera
honoré lui-même.

JE C H O S ^.RTISTiqUES

La réouverture de l'École des Beaux-Arts a eu lieu le 15 octobre. On compte
qu'il y aura, cette année, un peu plus de 1,200 élèves pour suivre les cours.

Ce nombre se répartirait de la façon suivante :

Environ 400 élèves pour la peinture, 200 pour la sculpture, 000 pour l'ar-
chitecture et une vingtaine pour la gravure.

On sait que, malgré cette spécialisation, les élèves sont tenus de fréquenter
des cours complémentaires des autres arts. Un peintre doit fréquenter un ate-
lier de sculpture et un cours d'architecture. Un sculpteur doit faire de la
peinture et de l'architecture, et ainsi pour les architectes et les graveurs.

Les peintres sont répartis dans trois ateliers. Deux sont dirigés par MM. Ca-
banel et Gérôme, membres de l'Institut ; le troisième est sans titulaire par
suite de la mort de M. Boulanger, que le conseil .supérieur de l’Ecole des
Beaux-Arts remplacera, comme nous l’avons annoncé, dans la seconde quinzaine
d'octobre.

Trois ateliers également sont ouverts pour la sculpture et dirigés par trois
membres de 1 Institut : MM. Cavelier, Falguière et Thomas.

Des trois' professeurs d’architecture,' deux sont membres de l’Institut,
MM. André et Ginain; le troisième est M. Guadet.

La gravure en taille-douce est professée par M. Henriquel, et la gravure en
médaille et pierres fines par M. Ponscarmé ; ces deux professeurs sont mem-
bres de l’Institut.

X

Les envois des « Prix de Rome a sont arrivés, la semaine dernière à l’école
des Beaux-Arts.

Dans sa prochaine séance, l’Académie des Beaux-Arts désignera une com-
mission dont les membres, choisis dans les sections de peinture, de musique
et d’architecture, seront chargés d’apprécier les travaux des jeunes artistes et

de faire sur eux un rapport. ____===_

-- — Le pérant : SILVESTPiE

Paris. — Glyplograpliic SILYESTP.E & C“, me Obcrkamiif,
 
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