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L’ART FRANÇAIS

rfrançais. On n'a pas oublié ce joli tableau de genre, d'un pari-
sianisme si raffiné, qui fut reproduit voici quelques mois ; ^Au-
tour d'une partition, ha scène se passe dans l’atelier du peintre,
un atelier paré de toutes 'es élégances modernes. Au piano est as-
sis un virtuose dans les traits duquel se reconnaî i immédiatement
la souriante physionomie de M. Massenet. Autour de lai,un «es-
saim » de jolies femmes, qui semblent ravies de ce qu’il leur tait
entendre. Mais toutes nos écritures sont bien pâles et insipides à
côté de cette peinture line et sobre, d’une clarté si française et d’un
esprit si parisien î

Cette page aimable ne nous montrait, toutefois, qu’une face
d’un talent essentiellement souple et multiple, beaucoup mieux
appréciable à la galerie de la rue de Sèze où les portraits alternent
avec les scènes de genre, les tableaux d’histoire avec les paysages,
les études de fleurs avec les marines. M* Aubiers’est ému de tout,
enthousiasmé devant tous les spectacles.. Un tournant de chemin
creux étranglé encre deux collines, un lambeau de ciel bleu aperçu
au haut d’un champ de blé, une falaise, un arbre, un portail d’é-
glise, une plage ensoleillée où va et vient la foule multicolore
des baigneurs et baigneuses, tout le tente, tout l’attire à la
fois. N’est-ce pas ainsi qu’on aime à se figurer le vrai pein-
tre, plutôt que sous la forme d’un spécialiste ?

Elève de M, jacquard et de M, Gérôme, M. Au blet débuta au
Salon de 1873 par un Intérieur de boucherie au Tréport dont vous
retrouverez, à son exposition actuelle, une savoureuse étude. Le
tableau fut acheté au Salon par M. Alexandre Dumas, affirme-t-
on, le jour même du vernissage, et certes, il étau digne de figu-
rer dans la galerie de l’illustre écrivain.

Nous rencontrons de nouveau M. Aubletau Salon de î876,
avec un BGéron empoisonnant des esclaves, actuellement au musée
de Saint-Etienne ; puis, au Salon de 1877, avec une œuvre de
mérite qui décore aujourd’hui l’église du Tréport : Jésus apaisant
la tempête. Viennent, ensuite * en 1878, le Duc de Guise le 23 décem-
bre ijSS, à ‘Blois, et en 1879, Séléné et le Lavabo des Réservistes,
tableaux sensationnels, d’une originalité incontestable et qui iu-
r:nt récompensés d’une façon dérisoire. On décerna au jeune ar-
tiste une mention honorable !

Il est vrai que l’année suivante, le ‘Portrait de femme en noir et
le Duc de Guise au Louvre, che^ //riîri///remportaient une médaille
de troisième classe.

M. Aublet était connu, dès lors, et à chaque .Salon, ses envois
Lurent remarqués, attendus même. La Salle ds inhalation au Mont-
Dore et l’Enfant blanc ont figuré au Salon de 1889; —- le B or trait
de la comtesse de i, et la Cérémonie des dervuiches hurleurs à Scu-
tari, au Salon de 1882 ; — Sur les galets, au Tréport au Salon de
1882; — Esqu î-Dja m ! idja, a u Salon de 1884, ainsi que le Portrait

de Mme T-,.. Le brillant portraitiste s’affirme encore aux Salons
de 1886, 1887, 1888. Cette dernière année est en même temps
la date d’Autour d*une partition. Enfin, au Salon de 1889, nous
avons vu, avec le Portrait de Mme Equ’on aura plaisir à
étudier de nouveau ici, un Intérieur de cordier, au Tréport, inté-
ressante notation, œuvre d’un observateur perspicace et pas-
sionné.

Tels sont les travaux pour ainsi dire « officiels » de M. Aublet,
ceux qui étaient destinés au public du palais de l’Industrie. Mais

combien de pages charmantes, combien d’études exquises,
sincères, brossées ça et là, à Paris, ou au bord de la mer, n’im-
porte où quelqu’un eu quelque chose offrait au regard du peintre
un motif « pittoresque » !

L’élégante figure qui est reproduite â notre première page, et
que le catalogue désigne par cette simple mention : Tableau ina-
chevé, n’est elle pas, au contraire, étudiée avec une conscience
] extrême ? Certes, rien n’est plus vrai que l’attitude attendrie de
! cette jeune femme, au corsage de velours bleu doublé de satin
| blanc,entr’ouvert, penchée sur unetouffe de pivoines odorantesdont
j les émanations semblent la « troubler » délicieusement. C’est
! d'une exactitude saisissante et d’un modernisme... achevé.

Les deux autres grands tableaux que nous sommes heureux de
j mettre sous les yeux de nos lecteurs ; la Fête-Dieu et Esqui~
j Kaplidja (ou Djamlidja) affectent un caractère bien opposé, et
j cependant portent tous deux la marque d’un talent très-défini,
i Dans Fun et l’autre, Fart de la composition se révèle, le goût se
manifeste ; le dessin garde sa pureté; la couleur, son éclat discret.

Mais je le répète, ces ouvrages, si remarquables soient-ils, ne
donnent pas l’idée de la manière de M. Aublet, et je ne saurais
trop engager le lecteur à visiter F exposition de la rue de Sèze où
il sera sollicité par de très diverses affirmations d’art. Je
voudrais citer au moins ces études de la mer ou des
champs qui m’ont absolument séduit ; Port à marée-basse Tréport,
— le Mont Huon; —- Tréport ; — Falaise, Mers, effet du matin,
et Falaise, Mers, effet du soir; — Jetée vue de Mers, et tant
d’autres petites toiles où la verve de l’artiste s’êpand en de libres
improvisations, en de si intéressantes recherches de colorations.

Il conviendrait d’insister surtout sur ces études de figures de
baigneuses, si coquettement drapées dans leurs longs peignoirs
j blancs, comme celles de A Veau, de Femmes sur Us sables, etc.
j M. Aublet a un faible pour les vêtements blancs, et il manie le
blanc avec une habileté prestigieuse.

En somme, on sort enchanté dé cette exposition individuelle,
et l’on se demande si ce ne serait pas là le type des expositions
futures...

■_„__Le Gérant : S1LVESTRE

Paris, — Gîyplugraplùe SÏLVESTRE k Gu, rue Oberkampf, ÿ?
 
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