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Quatrième année. — N° 160.

LE NUMÉRO : 25 CENTIMES

SAMEDI 17 MAI 1890

L’ART FRANÇAIS

Revue Artistique Hebdomadaire

Directeui littéraire: Directeurs artistiques:

II RM IN JAVEL. Bureaux : 97, rue Oherkampf, à Paris SILVESTRE & U

ABONNEMENTS. — Paris & Départements : un an, 12 francs; six mois, 7 francs. — Union Postale : un an, 13 francs; six mois, 8 francs.

NOS ILLUSTRATIONS

AGE D’OR, par M. Chaplin

Le peintre exquis des jeunes femmes au teint de roses et de lys, M. Cha
plin, demeure fidèle à ses
types de prédilection. D autres
lui reprocheront cette fidélité.

Pour ma part, je vois avec
plaisir les rosiers persister à
nous donner « des roses au
mois de mai », comme dit la
chanson, — et je suis heureux
de retrouver chaque année,
au Salon, M. Chaplin avec
ses habituelles et magistrales
improvisations, ses jolies filles
aux carnations richissimes ,
aux attitudes penchées, aux
grands yeux mi-clos , aux
mains blanches et fines égarées
dans le désordre des gazes
transparentes, froissées avec
art.

« L’Age d'Or » est une
jolie page de l’histoire de la
vie heureuse, si heureuse
qu’elle semble idéale — his-
toire que M. Chaplin écrit un
peu comme faisait M. de
Buffon. On devine, à ses poi-
gnets, les légendaires man-
chettes de l’illustre naturaliste.

Toutefois, M. Chaplin n’étu-
die que la vie des fleurs.

PREMIER BAISER
par IV. Eugène "Buland

Avec M. Buland, nous
abordons l’étude de la vie
rurale, et l’on sait que l’ex-
cellent artiste lui a emprunté
le motif d'à peu près toutes
ses compositions.

Dans le « Premier Baiser »,
comme dans ses ouvrages pré-
cédents, M. Buland place ses
personnages très près les uns
des autres, selon une sorte de
règle adoptée par lui depuis
longtemps et fort en honneur
dans certaines écoles ancien-
nes. Pour les deux jeunes gens
qui échangent le baiser des fiançailles, on comprend ce rapprochement, un
baiser, si chaste soit-il, ne pouvant guère s’échanger à distance... Mais les
témoins de cette scène touchante auraient pu s’écarter discrètement, et le
tableau n’eût rien perdu de son intérêt.

Tel qu il est, ie « Premier Baiser » forme un chant de ce poème des

champs auquel l'excellent artiste travaille avec une passion et une émotion
non encore démenties. C’est presque, en dépit de son titre profane
une œuvre religieuse. Ajoutons que le naturalisme de M. Buland
s’éclaire toujours d’une lueur mystique, et que ses paysans, très vrais, très
observés, n’en prennent pas moins un air de grandeur qui impose le respect.

SALON de 1890


wm

mÊpiBr

Chaplin. — Age d’or.

ODALISQUE
par 0Æ, A. Edouard.

Les odalisques n’ont jamais
manqué au Salon. Tous les
ans, nous sommes assurés de
revoir un certain nombre de
ces plantureuses personnes,
généralement couchées sur des
coussins, et écoutant/d’une
oreille distraite, les accents
plaintifs que des esclaves géné-
ralement noires tirent d’instru-
ments à cordes généralement
semblables à des guitares,

La première idée qui nie
vient... généralement en pré-
sence d’une des odalisques du
Salon, c’est que le peintre
qui l’a représentée n’en a ja-
mais vu une seule... d’oda-
lisque.

La seconde « idée », c’esi
qu’après tout, nous ne devom
pas être plus royalistes que k
roi, et que nous pouvons,
«jusqu’à plus ample informé»,
nous contenter de cet Orient
conventionnel. Depuis Ingres
et Delacroix, jusqu’à M .
Edouard, tous les peintres
nous ont montré l’Orient qu’il
leur a plu, et nous les avons
toujours crus sur parole.

Ce qu’il y a de curieux,
c’est que le mot « Odalisque »
ne s’applique réellement pas
aux femmes du harem, comme
on le croit, mais aux esclaves,
aux caméristes. Il importe
peu, cependant, car l’erreur
est aujourd’hui irrémédiable-
ment répandue, et M. A.
Édouard a dû appeler « Oda-
lisque » la jeune personne
demi-nue qu’il représente, vue
de dos, dans le demi-jour du
gynécée.

Cette peinture a des qualités, et la disposition de la figure nue est
charmante; les bras aux lignes suaves, paresseusement étendus, enca-
drent harmonieusement la tête de la « favorite » dont on n aperçoit que la
luxuriante chevelure.
 
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