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L’ART FRANÇAIS

y être pour quelques instants..., pour se reposer des bruits et de
l’agitation de ce Paris endiablé...

C’est que M. Desportes est un artiste consciencieux et qu’il a mis,
dans cette page intéressante, une bonne part de lui-même.

LE PAUVRE DE LA RUE DU CHATEAU-DES-RENTIERS,
par £M\ G. Surand

M. Gustave Surand a débuté (était-ce bien son début?), en 1884, par
une œuvre importante : les Mercenaires de Carthage, inspirée d’une
page de Salamhô. Le jury lui accorda une mention ; le public se
montra plus enthousiaste. Cette grande composition présentait, en
effet, un caractère d’originalité frappante. Il y avait là plus qu’une pro-
messe, c’était l’affirmation d’un tempérament de peintre d’histoire.

Depuis, M. Surand s’est aventuré en des genres divers, toujours avec
succès, et le voici aux prises avec le genre naturaliste.

Ici encore, le jeune artiste s’impose à l’attention des connaisseurs.
Le pauvre de la rue du Château-des-Rentiers est un beau morceau de
peinture, et c’est aussi un document. C’est la constatation impitoyable
d’une de nos plaies sociales. Le jour où l’humanité tout entière s’unira
dans une solidarité fraternelle — jour lointain, hélas ! — nos petits-
neveux se demanderont, en considérant la figure de ce vieillard souffre-
teux, pourquoi les Français de 1890 laissaient ainsi leurs pères dans la
misère...

LE PRINTEMPS ; — Statue, plâtre,.par M. Georges Van der Stracten.

Le 'Printemps ne pouvait être personnifié avec plus de charme que
sous les traits de cette élégante « marquise » Louis XV, égarée parmi
les poules d’une basse-cour, et laissant tomber de sa main blanche et
fine, le grain que se disputent des poussins affamés.

Certes, M. Georges Van der Straeten, bien que tout jeune encore, a
déjà conquis par de nombreuses compositions de ce genre son titre de
sculpteur de la grâce. Mais il nous semble que cette statue du ‘Printemps
demeurera comme la plus jolie, la plus simple, la plus ravissante de
toutes. -

Une telle œuvré n’a obtenu qu’une mention, parce que le jury
réserve généralement les médailles aux études de nu. Il est permis de se
demander pourquoi ! Kt il est permis aussi d’espérer qu’en dépit de
cette tradition inexplicable, le susdit jury s’empressera, l’an prochain,
de réparer ses torts envers un artiste aussi sérieux que M. Georges Van
der Straeten.

DEUX MONUMENTS

M. Auguste Paris, l’éminent sculpteur auquel 011 doit déjà le
monument du sergent Bobillot, vient de terminer le plâtre défi-
nitif du Danton.destiné à être érigé sur le boulevard Saint-Ger-
main, près de l’Ecole de Médecine. Nous avons vu hier ce groupe
qui va partir pour l’atelier du fondeur.

Danton est debout, le bras droit tendu vers la frontière, le bras
gauche replié, la main gauche appuyée sur la tribune. Le statuaire
nous montre Danton au moment où il s’écrie : « C’est en ce
moment, messieurs, que vous pouvez décréter que la capitale a
bien mérité de la France entière. Le canon que vous entendez
n’est pas le canon d’alarme, mais le pas de charge de nos enne-
mis. De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »
Deux figures s’ajoutent à celle du « lion populaire » . A sa
droite, un jeune paysan armé d’un fusil et brandissant un dra-
peau, accourt et regarde Danton avec enthousiasme. A gauche,
un gamin, muni d’un tambour, présente, de la main droite, un
rameau de laurier au grand tribun.

C’est assez dire que M. Paris, dans la conception de ce groupe
superbe, s’est inspiré du mot de Michelet : « Dans les crises
superbes, un cri de Danton traversait la France, arrachait les
volontaires à leurs foyers et les précipitait aux frontières. »

L’œuvre est d’une belle venue, et classe définitivement M.
Paris parmi les maîtres de notre brillante école de sculpture.

L’opération de la fonte durera six mois, et l’inauguration du
monument aura lieu le 14 juillet 1891.

M. Albert Lefeuvre, de son côté achevait ces jours derniers, la
maquette de la statue du vice-amiral Jacob, commandée par I4
municipalité de Livry (Seine-et-Oise) pour la décoration du
monument que cette petite ville se propose d’élever à la mémoire
du vaillant marin. Le vice-amiral Jacob est mort à Livry, en 1854,
et a laissé à la commune une somme de 100,000 francs pour la
construction de ses écoles.

C’est lui qui, en 1814, fut chargé de la défense de Rochefort
contre l’armée anglaise, commandée par le duc d’Angoulême et
lord Beresford.

Les alliés comptaient être bien reçus à Rochefort et le conseil
de la ville délibérait sur cette question, quand Jacob, intervenant
dans la salle de l’hôtel de ville, déclara qu’il ferait fusiller sur-le-
champ quiconque parlerait de se rendre.

C’est cet épisode qui a été traité par l’artiste. Lefeuvre a repré-
senté l’amiral debout, dans une fière attitude, déchirant d’un
mouvement indigné le texte des propositions de lord Beresford.

La statue, en bronze, aura 2 m. 40 c. de haut et sera placée à
l’entrée du groupe scolaire de Livry.

M. Albert Lefeuvre qui est encore un jeune, dans la plus stricte
acception du terme, a débuté il y a une dizaine d’années par une
figure : Y Adolescence, qui remporta une médaille.

Après ce coup d’essai qui était un coup de maître, M. Lefeuvre
donna successivement : la statue de Tara, érigée à Palaiseau ;
Jeanne d’Arc ; la statue du général Margueritte et d’Armand
Carre1 (cette dernière à Rouen) ; Y Age d’or, le Baiser, Y Ele-
vage, groupe en bronze pour un des piliers de l’entrée principale
des abattoirs ; plusieurs figures décoratives pour la Sorbonne, un
buste de Marivaux pour l’Opéra, etc., etc. Au dernier Salon, un
groupe très admiré et dont le marbre a été commandé par le
Ministère des Beaux-Arts : Tour la Patrie.

C’est en voyant la maquette de ce groupe, qui montre le Droit
s’appuyant sur le Devoir, que Gambetta s’écriait un jour : « Ceci
ferait de belles armoiries pour l’Etat ! »

L’Etat aura donc ses armoiries.

M. Lefeuvre a été nommé chevalier de la Légion d’honneur
lors de l’inauguration de son Para.

pCHOS -y^RTISTIÇHJ ES

M. I.ormier, dont nous publions aujourd’hui meme une charmante statue : Fille
d'Eve, vient de recevoir du ministère des Beaux-Arts la commande d’un buste en
marbre de Madame ‘RJcamier, destiné à la décoration de la préfecture de Lyon.

X

Décentralisation.

Un groupe d’artistes s’est réuni en vue d’organiser à Ostende, à l’instar des villes
d’eaux de France, des expositions d’œuvres d’art.

L’initiative en est due au jeune sculpteur belge Georges Van der Straeten, dont oij
n’a pas oublié le succès au dernier Salon des Champs-Elysées.

X

LE SALON VERSAII.LAIS. — Le jury de l’exposition annuelle de la Société des
Amis des arts de Seine-et-Oise, visible en ce moment au palais de Versailles, vient de
décerner ses récompenses.

Il a attribué des diplômes d’honneur à MM. Ch. Beauverie, Brillouin, Eugène Dau-
phin, Gaston Guignard, hvil et à M“ Félicie Mégret.

Le prix du Salon a été remporté par M. J.-J. Weerts, auteur de deux petits por-
traits de MM. G. Mazinghien et F. Javel, très remarqués.

Parmi les autres artistes récompensés, citons Mmc Marthe de Peslouan, MM. Léon
Hodebcrt, Gaston Renault, Mllc Jeanne Taconet, M. Octave Ramin, Mu<p Marie Guérin,
Isabelle Viteau.

Et parmi ceux qui auraient pu l'être, MM. Loustaunau, Charles Gosselin, Mrao L. de
Loghadès, M1Uî Clémence Manceau, Gabrielle Gosselin, Mmes Ravelet-Pichon, Fanny
Fleury, M|le Marie Lebœuf, etc. ,

En somme, le Salon Versaillais de 1890 est supérieur à ceux des années précédentes.

L’administrateur-Gérant : SILVESTRE.

Glyplographie SILVESTRE & Cic, nie Oberhampf, 97, à Pans.
 
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