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L’ART FRANÇAIS

femme étendue dans une barque, le tout un peu dénué de sou-
plesse et de mouvement. On dirait volontiers avec le poète :

Dans Venise la rouge
Tas un bateau qui bouge...

Hélas! pas un, en effet!

Citons encore les envois de Mme Nathanie! de Rotschild, de
MM. Loustaunau, Robert de Cuvillon, Paul Lecomte, Jean
Béraud, Delort, Gros, Claude, père et 111s, Lhermitte, Friant,
Victor Gilbert, etc.

CAMILLE PISSARO.

On peut reconstituer la vie entière d’un maître-paysagiste en
parcourant l’exposition de M. Pissarro, dans la galerie Durand-
Ruel. Les différentes « manières», les formules tour à tour adoptées,
abandonnées, reprises, modifiées sans cesse par l’expérience
acquise et par la pénétration toujours plus profonde de la nature,
sont autant de révélations qui éclairent, sous toutes ses faces,
cette loyale figure d’artiste fièrement indépendant.

Nous croyons être agréable à nos lecteurs en plaçant sous leurs
yeux le passage suivant d'une remarquable étude de M. Georges
Lecomte, consacrée à l’œuvre de Camille Pissarro.

L’art de M. Pissarro, qui rend si bien l’activité rurale dans des clartés, au
milieu des frondaisons feuillues, excelle aussi à exprimer les engourdis-
sements de la nature sous l’amoncellement des neiges. Des couches profondes
et molles alourdissent les lignes du terrain, les ondulations du sol et les archi-
tectures agrestes. Des rameaux desséchés, noircis par les autans, se convulsent
sur des ciels bas qu’assombrit l’imminence des tombées prochaines . Les caho-
tements de neige sur le sol rugueux forment d’angulaires facettes que la
lumière irise et déterminent des ombres d’un bleu léger.

Le souci d’ornementation, déjà sensible dans les œuvres initiales du peintre,
est plus manifeste encore en ses toiles récentes. Toutefois ses études restent
éloquemment descriptives. Le style n’exclut pas la vérité. Ses rustres ont une
gesticulation caractéristique de leurs fonctions, ses bouvières circulent non-
chalamment à travers les saulées et les clairières ; les chèvres ont de capri-
cieux bondissements sur les tertres, les lourds canards canquètent au bord
des mares en lesquelles soudain ils se plongent, les ruminants paissent avec
placidité l’herbe des grands prés. Mais les groupes des animaux, la 'direction
du terrain, les volutes des branchages, l’arabesque des frondaisons, les atti-
tudes des hommes s’unissent en des ensembles de lignes qui, complétant
l’harmonie décorative de la couleur, font de chaque tableau une œuvre d’une
rare beauté ornementale.

C’est vers des interprétations de plus en plus décoratives et harmonieuses
que tend M. Camille Pissarro. Très rigoureusement descriptives, elles sont
encore d’une grande éloquence idéale. Jamais sa vision ne fut plus juste, son
coloris plus somptueux et délicat. Son talent garde toute sa jeunesse.

Ce grand peintre est encore un eau-fortiste d’une rare dextérité. La justesse
de ses perceptions, la science de son dessin et son respect des valeurs appa-
raissent en des planches remarquables dont l’intérêt est accru par l’ingéniosité
de très divers procédés appropriés au motif qu’il s’agit de traduire et par
l’habileté d’un travail qui se modifie selon les complexités de la vision. Il me
faudrait aussi parler des radieuses symphonies de ses pastels, du charme
enveloppé de ses gouaches.

Mais je veux saluer ce digne caractère d’homme, cette foi ardente d’artiste
qui, dédaigneux des intrigues et des faciles succès, inébranlé par 1 indifférence
et les injustices, a persévéré noblement dans sa fièvre d’art, sans aigreurs ni
doutes, vivant en patriarche au milieu des siens, en la pure sérénité des
champs dont il a si bien rendu la quiétude et l’allégresse.

Une telle vie émeut l’ironie elle-même, glace le sourire des sceptiques et
commande la vénération.

LE CERCLE DE L’UNION ARTISTIQUE, RUE BOISSY-d'aNGLAS

L’Exposition du Cercle de l’Union Artistique, rue Boissy-
d’Anglas, est des plus intéressantes. L'élément mondain y est

brillamment représenté par toute une série de portraits dûs aux
maîtres du genre; MM. Bonnat, Carolus Duran, J.-}. Weerts,
Gustave Courtois, François Flameng, Emile Wauters, Gervex,
Axilette, etc.

Il y a là une délicieuse petite fillette de M. Dagnan-Bouveret,
et, de M. Besnard, une femme aux épaules nues et une petite
fille en costume Directoire, deux admirables morceaux.

Les scènes militaires de M. Edouard Détaillé auront un succès
égal à celui de Tygmalion et Galatée ou de la Prière dans une mos-
quée, de M. Gérôme, ei on verra avec un vif plaisir les paysages
solognots ou M. Vayson éparpille des éventails noirs, qui sont
des dindons et que gardent de jeunes pastoures encapuchonnées ;
le Sans Joyer de M. Friant, la ravissante étude de jeune fille de
M. Jean Gigoux, les beaux animaux de M. Barillot, les divers
envois de MM. Georges Cain, Henri Cain, René Billotte,
Pelouse, etc., et les jolies sculptures de MM. Denys Puech,
Antonin Mercié, Antonin Cariés et de Saint-Marceaux.

pCHOs Artistiques

L’Exposition du Champ-de-Mars. — La Société Nationale des Beaux-Arts
(Salon du Champ-de-Mars) vient de publier le règlement pour l’Exposition de
1892. Voici les extraits de ce règlement qui intéressent particulièrement les
artistes :

L’Exposition de la Société Nationale des Beaux-Arts aura lieu, du 7 mai au
30 juin 1892, au Palais des Beaux-Arts (Champ-de-Mars).

Les artistes peintres et graveurs devront envoyer leurs œuvres au Champ-
de-Mars du 20 au 25 mars; les artistes sculpteurs, du 15 au 18 avril.

Les œuvres non admises par la commission d’exqaiien pourront être retirées,
les tableaux et gravures, du 20 au 25 avril; les sculptures, du 25 avril au
Ier mai.

Les sociétaires et associés, peintres et graveurs, devront faire parvenir leurs
œuvres du 5 au 10 avril; les sculpteurs du 20 au 22 avril.

Les autres dispositions du règlement sont conformes à celles des années
précédentes. Rappelons, toutefois, que l’Exposition sera ouverte tous les jours
de huit heures du matin à six heures du soir. Le droit d’entrée est fixé 2 francs
tous les jours avant midi, et à 1 franc tous les jours après-midi. Les diman-
ches, le droit d’entrée sera de o fr. 50 centimes à partir de midi.

X

La direction des Musées nationaux vient d’être informée que le peintre
Charles-Louis Müller, décédé il y a quinze jours, lui laissait par testament
l’esquisse de son Appel des condamnes sous la Terreur et le portrait, par le
peintre Gros, de son père, portrait exécuté en 1790.

M. Marty-Laveaux vient égalemenj de faire don au Musée du Louvre d’un
fort beau pastel de Ducrcux représentant son grand-père.

X

Le peintre Whistler, dont le beau tableau, le portrait de sa mère, se trouve
aujourd’hui au musée du Luxembourg, vient d’être nommé officier de la
Légion d’honneur. Le directeur des Beaux-Arts, aussitôt le décret signé, en a
avisé M. Stéphane Mallarmé, l’ami le plus intime du célèbre peintre, afin que,
par une délicate attention, M. James Whisther reçut la nouvelle de cette
distinction honorifique de la bouche même du poète. M. James Whistler est
en ce moment en séjour à Paris.

X

Le comité de l’Association littéraire et artistique internationale a tenu
récemment une séance, sous la présidence de M. Bouguereau, membre de
l’Institut.

Le comité a décidé que le congrès se tiendrait à Milan, au mois de sep-
tembre prochain.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

Glyptograj/hU SILVESTRE &. Ç‘% 97, r“e Oberkampfà Paris.
 
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