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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

DOI issue:
Nr. 58 (8 Mars 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0028

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L'ART ORNEMENTAL. L'ART ORNEMENTAL. 23

huches et bahuts faisaient la base du mobilier alors très rudimentaire.
Ces meubles, d'abord fort simples et faits de bois brut, finirent peu à peu
par se couvrir d'ornements et notre gravure montre jusqu'où plus tard on
a poussé la décoration.

L'art du bois n'a pas encore trouvé son historien, dit M. Bonnaffé dans
un très remarquable article sur la matière. A vrai dire, la tâche est labo-
rieuse et demande un homme aux fortes épaules, patient et convaincu,
tenacem propositi virum. Raconter l'histoire du bois, c'est-à-dire l'ima-
gerie, la charpenterie, la menuiserie, l'ébénisterie, la tabletterie dans toutes
leurs variétés, enfin les étonnantes créations des premières dynasties égyp-
tiennes jusqu'aux boiseries des petits
maîtres duxvin0 siècle; étudier en chemin
les clôtures en sandal de la pagode de
Perour et les portes de Somnath, la Diane
d'Éphèse qui était en ébène, et la Juno
Régina qui était en cyprès, Yopus intesti-
num des Romains et la chaire de Saint-
Pierre, les charpentes de Westminster et
les marqueteries de Fra Giovanni de Vé-
rone, les portes de l'Alhambra, les stalles
d'Amiens et celles de Gaillon, les meubles
de Du Cerceau et la chapelle d'Urfé, les
Grâces de Germain Pillon et le Saint
François d'Alonso Cano, l'ébénisterie de
Boulle et de Riesener, les décorations de
Lepautre, d'Oppenordt et de Toro; mon-
trer, en un mot, les applications du bois
au bâtiment, au meuble, à la statuaire
chez tous les peuples et dans tous les
siè.-les, voilà, certes, un programme d'une
belle envergure.

Mais si l'œuvre est considérable, ne
peut-on pas la fractionner, attaquer en
détail les divisions principales, sans mor-
celer à l'infini ?

L'art du bois, bien qu'il s'accommode
de toutes les latitudes, fleurit de préfé-
rence chez les peuples de coin du feu.
L'amour du chez soi, de l'intimité, sup-
pose un matériel spécial et très perfec-
tionné, des meubles variés, commodes à
la main; des sièges à bras et à dossiers
qui enveloppent des causeuses engageantes
et moelleuses, des meubles de boiserie,
des menuiseries bien ajustées, des portes
bien closes. Au contraire, l'homme des
climats chauds veut des intérieurs frais,\
garnis de marbres, de stucs ou de carre-'
lages, des larges divans bien dégagés, des*1
tapis jetés sur le sol et des courants d'air;1
il reçoit peu et vit au dehors.

De ce premier principe découle le
second, à savoir que les peuples traitent
différemment l'art du bois suivant leur
situation géographique. L'homme du Nord
est plutôt charpentier; sa fabrique sent
toujours le gros œuvre. L'Anglais, me
nuisier solide, sacrifie tout au confortable. L'Allemand, bon imagier,
affectionne les formes trapues, pesantes; il manque de grâce. L'Espagnol
ainsi que l'Italien se rapprochent déjà du Midi; pour eux, le confort
intérieur est un accessoire, le chez soi une exception. Le premier, sous
l'influence d'une domination commune, mélangera parfois les deux
éléments contraires, le Nord et le Midi, la Flandre et l'Espagne; mais
l'union mal assortie ne saurait être ni féconde ni durable, et chacun
reprend bientôt sa liberté. L'Italien ne connaît pas ces compromis, c'est un
franc Méridional; il a vu passer le gothique sans lui faire des avances et
l'a toujours maltraité. Homme extérieur, décorateur habile et plein d'en-
train, il aime les méthodes expéditives, le fa presto, cherche l'effet et
dédaigne le reste; praticien consommé, ébéniste par occasion, charpentier
médiocre.

En France, le bois est une matière de prédilection. Nous pratiquons à de Le Blond et l'influence française se prolonge jusqu'à la fin du siècle,

merveille l'art de recevoir; nous aimons le home plus que l'Anglais lui- L'art du bois, en France, forme donc un chapitre considérable de

même, bien que le mot lui appartienne ; dès lors, notre école s'est appliquée l'histoire générale; il mérite un volume à part.

d'une façon spéciale à perfectionner l'outillage de la vie privée. Favorises Nous étions bien aise de rappeler l'influence française sur l'art du bois

par une situation géographique exceptionnelle, recevant des Flandres la à propos du beau meuble que nous reproduisons. Nous ne le pouvions

bise du Nord déjà tempérée, de l'Italie les rayons de l'Orient déjà attiédis, mieux faire qu'en empruntant ce résumé à un des hommes qui se sont le

prompts à l'assimilation, empruntant avec mesure, à celui-ci l'habileté de plus occupés du mobilier.

l'outil et les ressources de la pratique, à celui-là le fini des ajustages et la £n ce qUj touche particulièrement au meuble, voici ce qu'en dit

solidité du travail; à l'un l'esprit, à l'autre, la conscience, nos vieux maîtres M. Bonnaffé:

ont combiné discrètement toutes choses avec le goût traditionnel et le génie Au moyen âge, la vie est aventureuse et guerrière, le meuble doit

Placé au pied du lit ou contre le mur, recouvert de tapis et de cous-
sins, le coffre servira de divan.

Tout d'abord la Renaissance se borne à remplir les vides. Elle sème
à pleines mains ces jolies broderies dont elle a le secret, « les gentilles
crotesques nouvellement inventées, qui jettent miles fleurons à petits
jambages tortus, portant des chiens et des singes, des paons, des hérons
et des chahuans, des vases, des lampes et des grenades de feu d'artifice, des
aspics, des lézards et des limaçons, des abeilles, des papillons et des
hannetons, des fées, des masques, des cornes d'abondance et autres
fanfares. »

Mais bientôt l'école de Fontainebleau
entre en scène avec son nouvel attirail :
adieu les fanfares et les broderies ! Voici
les dieux et les héros, les nymphes et les
saisons, les belles poses et les grandes
allures. Au lieu du corps de moulures
discret, multiple et fuyant, dernier souvenir
des gothiques, le profil sera condensé,
vigoureux, la frise remplie, la corniche
saillante, et la construction disparaîtra
sous une enveloppe de cariatides, de
gaines, de balustres, de cuirs, de consoles
et de modillons, ainsi que cela se voit
dans notre grande estampe des deuxième
et troisième pages.

PETITE CHRONIQUE

du terroir. D'une matière commune, incolore, ingrate, exposée à tous les
agents de destruction, ils ont tiré un art élégant, raffiné, très personnel, et
doté la France d'une école sans rivale.

Au moyen âge, la fabrique parisienne est déjà renommée; à la Renais<
sance, nos ouvriers sont recherchés de tous les côtés ; maître Jacques exé-
cute le pied d'une magnifique table en ébène, destinée à Paul III; des
Français collaborent aux stalles de Pérouse et aux portes du Vatican.
Sous Louis XIV, l'ébénisterie métallique fait le tour du monde ; nos
ateliers reçoivent des commandes pour toutes les cours étrangères, et
la grande école des Gobelins, manufacture royale des meubles de la cou-
ronne, donne le ton à l'Europe; au xvmc siècle,, le Danemark, l'Espagne,
Parme, Gênes, la Suède, la Pologne, la Saxe, appellent nos artistes;
Pierre le Grand fait venir en Russie toute une colonie sous la direction

— L'Académie des Beaux-Arts a rem-
placé M. Lesueur, membre décédé de la
section d'architecture. Il y avait 32 votants ;
il a fallu trois tours de scrutin pour que
le chiffre de la majorité, 17, fût atteint par
un des candidats.

Au troisième tour, M. André a été élu
par 17 voix contre i3 données à M. Dau-
met et 2 à M. Diet.

M. Barrias, l'auteur des Premières
funérailles, et M. Mercié, l'auteur du
Gloria victis, se portent candidats au fau-
teuil laissé vacant par M. Dumont.

En remplacement du même statuaire,
M. Thomas, membre de l'Institut, vient,
par arrêté du ministre des Beaux-Arts,
d'être nommé professeur de sculpture,
chef d'atelier à l'École des Beaux-Arts.

— Par suite de la nomination de
M. Thomas, membre de l'Institut, à l'em-
ploi de professeur de sculpture, chef d'ate-

"^^7"^ lier, la place de professeur de modelage

GRAND COFFRE (NORMAND' - Dessin de Ch. Krkutzherger. (section de l'enseignement simultané des

trois arts) est devenue vacante à l'École
des Beaux-Arts.

Les candidats à cet emploi sont priés d'adresser une demande au
ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts (direction des Beaux-
Arts), avant le 20 mars courant.

— Vu l'affluence du public, l'Exposition des dessins de l'école moderne,
ouverte en ce moment au quai Malaquais, est prolongée jusqu'au dimanche
16 mars inclusivement.

— Sur la proposition de M. Kaempfen, le ministre des Beaux-Arts
vient de décider la création d'un comité des travaux d'art.

Ce comité est appelé à examiner les esquisses ou maquettes présentées
pour les travaux de décoration des monuments publics, à désigner les
œuvres d'art méritant d'être acquises chaque année au Salon, à examiner

voyager sur des charriots ou des sommiers ; il faut le construire en consé-
quence, imaginer des modèles d'un emballage facile, des coffres carrés,
solides, en vue d'un déménagement subit et périodique. Mais du jour où la
société moderne commence à s'organiser, elle veut un mobilier fixe
fabriqué pour la place qu'il occupera dorénavant au logis. Le coffre n'aura
plus l'apparence lourde et massive du passé ; la Renaissance le façonne à
sa manière et en fait un objet élégant.

Coffre très beau, coffre mignon
Coffre sentant pins sonef que basme
Coffre le thresor de la dame....
Coffre où sont les parementz
Les atours et les vestementz
O très poly et joly coffre.
 
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