60 L'ART ORNEMENTAI
Fragment d'un peigne provenant d'une sacristie.
Ce fragment d'ivoire sculpté sur ses deux faces a 46 millimètres de
hauteur, 95 de longueur et 5 d'épaisseur; on voit qu'il a été scié à ses deux
extrémités.
Les traces de dents mal cassées, à la partie inférieure de ce morceau
d'ivoire, ne permettent pas de douter qu'elles proviennent d'un peigne qui
n'avait des dents que d'un seul côté.
La présence de sujets religieux sculptés sur les faces, dit M. Rabut,
professeur d'histoire au lycée de Dijon, fait présumer qu'il appartenait à
une sacristie. Autrefois, non seulement les prêtres se lavaient les mains
avant d'aller dire la messe, mais ils se peignaient la tête avec soin. Aussi
a-t-on trouvé des peignes dans les trésors des églises et ces objets étaient
Fragment d'un peigne provenant d'une sacristie, (face et revers.)
parfois très richement ornés, comme celui de la cathédrale de Sens, qui
était orné de pierres occidentales et de figures, et sur lequel on lit : Pecten
s. Lupi (Peigne de saint Loup.)
endommagé, et il est d'autant plus facile de le compléter par la pensée,
qu'on a d'autres monuments semblables bien conservés, comme la crosse
de l'abbaye de Saint-Sauveur, à Evreux. Dans quelques-uns, c'est Jésus lui-
Le nôtre est orné sur ses deux faces même qui couronne sa mère : dans d'au-
de figures en bas-relief qui sont pla- , treS) comme dans la crosse du musée de
cées entre deux cordons d'un relief Chambéry, c'est un ange qui pose la
un peu plus saillant. D'un côté, la Vierge ^ïk couronne sur la tête de Marie,
assise sur un trône tient l'Enfant Jésus
sur ses genoux : elle porte une couronne
et n'est pas nimbée. Les autres figures /// /'/'Ri;M*$$ djfflîPW PETITE CHRONIQUE
placées du même côté sont au nombre de ' ' ' , ;
trois, deux à droite de la Vierge et une
à gauche; ce sont des apôtres debout, //; /M Jj/j^Vv'P^ — Nous trouvons dans le Temps du
vus à mi-corps. A droite, saint Pierre I I [ I /0 'l ) \\\! \Mlc / Ir^a 4 mai et nous nous empressons de repro-
tenant une clef et un livre, et saint Bar- // / If/Il l\ ' !/ïWS**0! ■^i^^V^V^^tK duire le très intéressant passage suivant :
thélemy, tenant également un livre et | / ! jj \ \ A\f\\f j NAV^" l| . • « Les budgets que le Parlement et
armé d'un couteau. A gauche, saint / Ijj j 1 1 \ ~\XN!\M^|f yT^^T^xV^^^^^^M '6S mun'c'Pa''t^s mettent à la disposition
Jacques le Majeur, portant le livre et j \| k^^XV^^s, ^es Musées pour faire des acquisitions
l'épée, instrument de son supplice. jj j |$ \ jîliM^^U^f^T ^/ /^^^^^k sont gen6>*alement si restreints qu'il ne
Sur la face opposée, on voit trois l fM fj^ÇW \. xs^~ré%ftl TJÉx /ftf'llfi slK^M A ffi^Sw^ffl leur est point possible de songer à tenir
figures d'apôtres et le commencement j t/^w _ nr\ ^6târ'//$'À\y^ lm\P lu \m mmÈ VÎwÈÊÊIÊ t^tc au moindre millionnaire qui veut se
d'une quatrième, plus grande et plus I l 1 \ ( m\ //l-11111 \i|j||f$H||f passer le caprice de quelque bibelot pré-
grossièrement travaillée, également de- 1 ! ^ilM V'/ /^[^A-^A ImÊk \ \î|kSi ^WW m Iwwlpii cieux qu'un collègue a remarqué. Cepen-
bout et à mi-corps, tenant des livres et I j \jjÊ 'j>f '^^m 1 / \|N|||L^^ Illsiii^P dant, il paraît se produire en province
les instruments de leur martyre. Ces 1: Mj| r^^Â^ffl' A^n^Mk ^' ft^^^p^^fc^ W des tendances nouvelles de décentralisa-
figures sont nimbées. L'un de ces per- \i \'/Jt~~~^âE^^//^i2i^^^^^^^/^^^^^^ r~Té^^^S^^^^à^^^^®^^^^^ -i^^ lion et d'initiative qui sont du meilleur
sonnages, qui tient une pique, doit être \\ ^^^^^^^^^ ( ^^"^v^j$ps^A^^ augure pour le développement des Mu-
saint Thomas, qui fut achevé d'un coup 11 l , ^ ^^«<.x ! ' '-Jt^^ s^es provinciaux.
de lance. Le suivant, qui porte une mas- U ^—z^-3- ^^^^^y^^y^^^^*'^^ir « Ainsi la ville de Lyon consacre au-
sue, peut être saint Jacques le Mineur; \1 f> \^~~~-^^>- ~ jourd'hui un budget annuel de 5o,ooo fr.
le troisième tient une hache, c'est saint I à ses Musées, sans compter les allocations
Mathias. \ ) 'fl JC^^"^ supplémentaires pour les occasions im-
Cet objet est certainement diminué V ----J\i&/ Jl prévues et exceptionnelles, qui atteignent
de plus d'un tiers de sa longueur, qui V, m parfois un chiffre plus élevé. Elle se fait
devait être de 155 à 160 millimètres. \\ représcnterdans toutes les grandes ventes.
Au premier abord, il paraît remonter vi^->---- A la vente Castellani, elle faisait plusieurs
au xvc siècle, mais il pourrait bien être Bâton pastoral d'un abbé. acquisitions considérables,et tout récem-
plus vieux d'une centaine d'années. ment elle achetait à Rome des antiques
Bâton pastoral d'un a¥bé.
Cet ivoire est la crosse d'un bâton pastoral qu'un ancien inventaire
attribue à l'abbaye de Sixt en Chablais. Le sujet qu'elle représente, en
ronde bosse, est le Couronnement de la Vierge. Elle est assise avec son fils
sur un banc, et sous leurs pieds on a figuré des nuages. La Vierge, de
profil, joint les mains qu'elle avance vers le Christ. Celui-ci paraît la bénir
de la main droite. Le sujet se comprend bien, quoiqu'il soit fortement
d'un certain prix. Le Musée du palais Saint-Pierre est devenu, il est vrai,
un Musée fort important, qui tient le premier rang parmi les Musées de
province; on y a même appliqué depuis quelque temps des mesures démo-
cratiques comme celle des pancartes explicatives à l'intention des visiteurs,
qu'on n'a pu encore obtenir dans les Musées parisiens et qui faisait hier
l'objet d'un vœu au Conseil municipal. Pour n'être point politique, cette
décentralisation est néanmoins très caractéristique ; on y doit voir un symp-
tôme précieux d'un réveil de l'esprit provincial. » G. Dargenty.
Paris. — Imprimerie de l'Art. E. Ménard et J. Augry, 41 rue de la Victoire.
Le Gérant: EUGÈNE VÉRON.
Fragment d'un peigne provenant d'une sacristie.
Ce fragment d'ivoire sculpté sur ses deux faces a 46 millimètres de
hauteur, 95 de longueur et 5 d'épaisseur; on voit qu'il a été scié à ses deux
extrémités.
Les traces de dents mal cassées, à la partie inférieure de ce morceau
d'ivoire, ne permettent pas de douter qu'elles proviennent d'un peigne qui
n'avait des dents que d'un seul côté.
La présence de sujets religieux sculptés sur les faces, dit M. Rabut,
professeur d'histoire au lycée de Dijon, fait présumer qu'il appartenait à
une sacristie. Autrefois, non seulement les prêtres se lavaient les mains
avant d'aller dire la messe, mais ils se peignaient la tête avec soin. Aussi
a-t-on trouvé des peignes dans les trésors des églises et ces objets étaient
Fragment d'un peigne provenant d'une sacristie, (face et revers.)
parfois très richement ornés, comme celui de la cathédrale de Sens, qui
était orné de pierres occidentales et de figures, et sur lequel on lit : Pecten
s. Lupi (Peigne de saint Loup.)
endommagé, et il est d'autant plus facile de le compléter par la pensée,
qu'on a d'autres monuments semblables bien conservés, comme la crosse
de l'abbaye de Saint-Sauveur, à Evreux. Dans quelques-uns, c'est Jésus lui-
Le nôtre est orné sur ses deux faces même qui couronne sa mère : dans d'au-
de figures en bas-relief qui sont pla- , treS) comme dans la crosse du musée de
cées entre deux cordons d'un relief Chambéry, c'est un ange qui pose la
un peu plus saillant. D'un côté, la Vierge ^ïk couronne sur la tête de Marie,
assise sur un trône tient l'Enfant Jésus
sur ses genoux : elle porte une couronne
et n'est pas nimbée. Les autres figures /// /'/'Ri;M*$$ djfflîPW PETITE CHRONIQUE
placées du même côté sont au nombre de ' ' ' , ;
trois, deux à droite de la Vierge et une
à gauche; ce sont des apôtres debout, //; /M Jj/j^Vv'P^ — Nous trouvons dans le Temps du
vus à mi-corps. A droite, saint Pierre I I [ I /0 'l ) \\\! \Mlc / Ir^a 4 mai et nous nous empressons de repro-
tenant une clef et un livre, et saint Bar- // / If/Il l\ ' !/ïWS**0! ■^i^^V^V^^tK duire le très intéressant passage suivant :
thélemy, tenant également un livre et | / ! jj \ \ A\f\\f j NAV^" l| . • « Les budgets que le Parlement et
armé d'un couteau. A gauche, saint / Ijj j 1 1 \ ~\XN!\M^|f yT^^T^xV^^^^^^M '6S mun'c'Pa''t^s mettent à la disposition
Jacques le Majeur, portant le livre et j \| k^^XV^^s, ^es Musées pour faire des acquisitions
l'épée, instrument de son supplice. jj j |$ \ jîliM^^U^f^T ^/ /^^^^^k sont gen6>*alement si restreints qu'il ne
Sur la face opposée, on voit trois l fM fj^ÇW \. xs^~ré%ftl TJÉx /ftf'llfi slK^M A ffi^Sw^ffl leur est point possible de songer à tenir
figures d'apôtres et le commencement j t/^w _ nr\ ^6târ'//$'À\y^ lm\P lu \m mmÈ VÎwÈÊÊIÊ t^tc au moindre millionnaire qui veut se
d'une quatrième, plus grande et plus I l 1 \ ( m\ //l-11111 \i|j||f$H||f passer le caprice de quelque bibelot pré-
grossièrement travaillée, également de- 1 ! ^ilM V'/ /^[^A-^A ImÊk \ \î|kSi ^WW m Iwwlpii cieux qu'un collègue a remarqué. Cepen-
bout et à mi-corps, tenant des livres et I j \jjÊ 'j>f '^^m 1 / \|N|||L^^ Illsiii^P dant, il paraît se produire en province
les instruments de leur martyre. Ces 1: Mj| r^^Â^ffl' A^n^Mk ^' ft^^^p^^fc^ W des tendances nouvelles de décentralisa-
figures sont nimbées. L'un de ces per- \i \'/Jt~~~^âE^^//^i2i^^^^^^^/^^^^^^ r~Té^^^S^^^^à^^^^®^^^^^ -i^^ lion et d'initiative qui sont du meilleur
sonnages, qui tient une pique, doit être \\ ^^^^^^^^^ ( ^^"^v^j$ps^A^^ augure pour le développement des Mu-
saint Thomas, qui fut achevé d'un coup 11 l , ^ ^^«<.x ! ' '-Jt^^ s^es provinciaux.
de lance. Le suivant, qui porte une mas- U ^—z^-3- ^^^^^y^^y^^^^*'^^ir « Ainsi la ville de Lyon consacre au-
sue, peut être saint Jacques le Mineur; \1 f> \^~~~-^^>- ~ jourd'hui un budget annuel de 5o,ooo fr.
le troisième tient une hache, c'est saint I à ses Musées, sans compter les allocations
Mathias. \ ) 'fl JC^^"^ supplémentaires pour les occasions im-
Cet objet est certainement diminué V ----J\i&/ Jl prévues et exceptionnelles, qui atteignent
de plus d'un tiers de sa longueur, qui V, m parfois un chiffre plus élevé. Elle se fait
devait être de 155 à 160 millimètres. \\ représcnterdans toutes les grandes ventes.
Au premier abord, il paraît remonter vi^->---- A la vente Castellani, elle faisait plusieurs
au xvc siècle, mais il pourrait bien être Bâton pastoral d'un abbé. acquisitions considérables,et tout récem-
plus vieux d'une centaine d'années. ment elle achetait à Rome des antiques
Bâton pastoral d'un a¥bé.
Cet ivoire est la crosse d'un bâton pastoral qu'un ancien inventaire
attribue à l'abbaye de Sixt en Chablais. Le sujet qu'elle représente, en
ronde bosse, est le Couronnement de la Vierge. Elle est assise avec son fils
sur un banc, et sous leurs pieds on a figuré des nuages. La Vierge, de
profil, joint les mains qu'elle avance vers le Christ. Celui-ci paraît la bénir
de la main droite. Le sujet se comprend bien, quoiqu'il soit fortement
d'un certain prix. Le Musée du palais Saint-Pierre est devenu, il est vrai,
un Musée fort important, qui tient le premier rang parmi les Musées de
province; on y a même appliqué depuis quelque temps des mesures démo-
cratiques comme celle des pancartes explicatives à l'intention des visiteurs,
qu'on n'a pu encore obtenir dans les Musées parisiens et qui faisait hier
l'objet d'un vœu au Conseil municipal. Pour n'être point politique, cette
décentralisation est néanmoins très caractéristique ; on y doit voir un symp-
tôme précieux d'un réveil de l'esprit provincial. » G. Dargenty.
Paris. — Imprimerie de l'Art. E. Ménard et J. Augry, 41 rue de la Victoire.
Le Gérant: EUGÈNE VÉRON.