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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

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https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0017
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des Antiques de la Bibliothèque nationale, à Paris, on peut
voir la célèbre applique de la collection de Luynes, prove-
nant de Capoue, où l'anneau n'est plus la partie essentielle ;
u est subordonné à la partie purement décorative, repré-
sentée par une admirable tête de Méduse au bas de laquelle
la boucle est fixée. Cependant, on trouve déjà dans l'anti-
quité l'anneau pris dans la gueule d'un animal, dont la tête
constitue un puissant motif décoratif ; c'est en général un
lion, et c'est encore le lion que l'on retrouve, au moyen âge,
sur les portes de maintes cathédrales, de maints monastères.
Le mufle se stylise plus ou moins, il est même parfois plus
ou moins humanisé, selon que les artistes procèdent d'écoles
Plus ou moins réalistes ou plus ou moins barbares, mais le
type se maintient traditionnellement tel que l'antiquité
l'avait créé.

En fait de heurtoirs à tête de lion traitées au naturel, on
Peut citer celui de la porte de bronze de la cathédrale d'Aix-
la-Chapelle, du VIII"'0 siècle, ceux de St-Séverin de Cologne
et de la cathédrale de Lausanne (/51), du XII™, de la cathé-
drale de Noyon, du XIIImc (F), et, concurremment, ceux de
St-Germain des Prés de Paris (A. au Louvre, XIme ou XII™
siècle), de la cathédrale du Puy en Velay (figure ci-dessous
et Ji) et du tombeau de Boémond à Canossa, de la cathé-
drale de Suse (C), de Churwalden et de Payerne, en Suisse
(XII».

siècle), de St-Pierre de Hambourg (1342), à têtes
tout à fait stylisées et remarquables par la vigoureuse accen-
tuation des traits, la proéminence redoutable de l'arcade
sourcilière, la dureté des plis.

Cathédrale du Puy (XII"" siècle).

A Brioude (XII™ siècle), le mufle pourrait être pris pour
une face humaine. Ici l'auteur a signé son œuvre, c'était un
certain Giraldus, lequel, assurément, est le premier fabricant
de heurtoirs dont on sache le nom. Dans les spécimens où
la tête d'animal se confond plus ou moins avec celle d'un
homme, elle est tantôt lion par la crinière et les yeux féroces,
tantôt homme par le nez ou par un faciès général moins
accentué. On peut citer comme rentrant dans cette catégorie
des heurtoirs de Bourbourg (Nord), bronze du XII™ siècle,
et de la cathédrale de Durham (XIII™ siècle). La sculpture

1 L'anneau de Lausanne a été refait au XVII"" siècle.

offre, du reste, les mêmes types ; la tête de lion stylisée et
comme synthétisée existe abondamment dans les sculptures
romanes. Quoiqu'il en soit, elle se perpétue directement
jusqu'au XVI™ siècle sur les heurtoirs, et nous en trouvons
de remarquables exemples au musée de Cluny (G, travail
allemand, XV'" siècle), à Reval (II, maison de la grande
Gilde, fin du XV™ siècle), au musée de Cluny de nouveau,
avec un curieux bronze de 1563, dont le mufle est assez
archaïsant (/).

Dans les exemplaires les plus anciens, l'anneau lui-même
est peu orné ; c'est un simple fil de métal ou une torsade,
ou un fil pourvu, à la partie inférieure, d'un renflement
constituant le marteau et venant frapper sur un gros clou.
Au XII™ siècle déjà, l'anneau prend parfois une beaucoup
plus grande importance, il s'orne de moulures, il se décore
de reliefs ou de ciselures. Ainsi en voyons-nous à la cathé-
drale de Trani (anneau en forme de grosse torsade autour
de laquelle s'enroulent de singuliers lézards) ou à la cathé-
drale de Bayonne (E, XIII™ siècle) ; dans ce dernier, la tête
ou partie fixe est de dimensions très réduites. Quant au
disque qui encadre la tête et sert généralement à l'assujettir
au vantail, la tradition constante est de le décorer de rin-
ceaux repercés et ciselés ; la plupart des exemples que nous
avons cités sont ornés de cette façon, mais il en est où c'est
une inscription gravée, ou parfois découpée comme les sus-
dits ornements, qui occupe le pourtour (Brioude, XII™ siècle,
Reval, fin du XVmo, musée de Cluny, 1563, déjà cités). L'un
des plus beaux exemplaires de heurtoir du moyen âge orné
avec art en toutes ses parties est celui, très stylisé et déjà
cité, de la cathédrale de Suse (XII™ siècle) ; l'anneau y est
assez bien proportionné à la tête à laquelle il est suspendu,
la plaque est richement décorée de rinceaux à jour et de
lions dressés en ronde-bosse, de caractère héraldique.

Nous disions tout à l'heure que c'était le lion qui dominait
parmi les heurtoirs circulaires. Dans quelques rares spéci-
mens, c'est une tête de taureau qui porte l'anneau : on peut
citer un heurtoir à Brioude (XII™ siècle), lequel est autre
que celui dont il a déjà été qttestion, un heurtoir à St-Pierre
de Lubeck (./, XIVme siècle). Ce dernier cas s'explique par
le fait que la tête de taureau, de face et couronnée, est ici
un « meuble » héraldique, existant sur plusieurs écus dis-
posés autour de la tête, dans le champ très ajouré de la
plaque. Au reste, la tête de taureau, avec la boucle qui était
en quelque sorte le signe particulier de l'animal domestiqué,
se prêtait tout particulièrement au motif du heurtoir à
anneau ; c'était un modèle tout trouvé, qu'il n'y avait qu'à
copier exactement. Il nous paraît vraisemblable que lion,
taureau ou tout autre animal, il s'agissait, selon une sym-
bolique chère au moyen âge, qui dérivait complètement ici
d'une formule romaine, de montrer par une allégorie l'as-
servissement des forces brutales. Peut-être aussi la présence
d'une face d'animal féroce à l'entrée de la maison était-elle
considérée comme une sorte de cave canern au triple usage
d'effrayer les malandrins, de permettre le mouvement de
la porte, de signaler la présence de l'ami ou du fournisseur.

Le type anneau fournit encore des spécimens assez an-
ciens et purement ornementaux : ainsi le heurtoir de bronze
 
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