DOI Heft:
No. 3
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Praeteriti /ides, spes futuri.
L'ART POVR TOVS
NOVVELLE SÉRIE, 1905
(XLIVme année). N° 3.
LA PORCELAINE DE ZURICH
Nous ne croyons pas qu'un grand nombre de nos lecteurs
connaissent la porcelaine de Zurich, en Suisse. En général,
la production des ateliers de ce genre est éclipsée par celle
des grandes manufactures plus ou moins officielles, quelle
que soit, du reste, la valeur propre de ces produits. Et,
certes, les porcelaines zuricoises méritent bien d'attirer et
de retenir l'attention : elles sont intéressantes à plus d'un
titre et véritablement charmantes. Les amateurs nous sau-
ront gré de résumer ici ce que l'on sait d'un atelier qui n'est
guère connu que depuis une vingtaine d'années. Aupara-
vant, avant l'Exposition nationale suisse de 1883, c'était
l'oubli complet. Nous prendrons pour guide l'homme même
qui travailla le plus à cette résurrection, M. H. Angst, l'an-
cien directeur, on peut dire le créateur du remarquable
Musée national suisse. En attendant de donner au public
un ouvrage définitif sur ce sujet, M. Angst a publié dans
une revue zuricoise — Die Schweiz — l'importante étude
a laquelle nous empruntons les renseignements qui suivent,
les illustrations ci-jointes et notre planche en couleur.
*
Une histoire documentaire de l'atelier de Zurich, telle
lue l'exigent aujourd'hui la précision des recherches et le
sens critique, est, pour le moment, assez difficile à faire, les
livres de commerce ayant disparu. On ne sait pas bien, non
Plus, quelle fut exactement l'origine du projet, qui aboutit
en 1763, dix ans après que la manufacture de Sèvres fut
devenue manufacture royale ; il faut, sans doute, songer à
1 attrait qu'exerçaient les porcelaines des grands ateliers
lançais et allemands en pleine prospérité, sans recourir le
La vignette qui orne l'eu-tête de cette page est la reproduction d'un
dessin à la plume rehaussé d'encre de Chine de la collection de
Y~ Ch. Eggimann, à Paris. Cette jolie frise, de la fin du règne de
Louis XIV ou de la régence, est d'un artiste inconnu ; elle est exé-
cutée avec une grande facilité et l'original se compose encore de plu-
sieurs autres morceaux analogues et d'un fleuron de départ. Longueur
du fragment reproduit 0"96, hauteur 0™23.
moins du monde aux récits fantaisistes que l'on a fait pour
plus d'un atelier — et pour celui de Nyon, en Suisse, en
particulier — histoires d'ouvriers transfuges ou fugitifs se
fixant ici ou là et implantant dans leur nouvelle patrie des
procédés plus ou moins dérobés.
A Zurich, nul étranger n'intervient. Ce sont de braves
bourgeois, Heidegger et Korrodi, qui accomplissent les pre-
miers actes constitutifs ; le 10 août 1763, ils achètent pour
1450 gulden la maison de la veuve Holzhalb, à Schoren,
près Bendlikon, localité située au bord du lac de Zurich,
non loin du chef-lieu du canton, lequel, en fait, a usurpé le
nom de Schoren dans la dénomination courante des porce-
laines en question. Une lettre du mois d'octobre de la
même année dit expressément qu'une « Porcellain Fabrik »
doit être installée dans cette construction. Et en 1766, la
fabrique, qui s'occu-
pait aussi de faïence, »f ^
avait déjà pris une .JÉÊ'
assez grande exten-
sion pour que de nou-
velles acquisitions de
terrains et de bâti-
ments aient été j ugées
nécessaires : on y dé-
pensa 3295 gulden.
Le choix d'une loca-
lité aussi peu impor-
tante a de quoi sur-
prendre ; sans doute,
les fondateurs y fu-
rent-ils amenés par
le bas prix des ter-
rains et la facilité des
communications par
eau avec Zurich, puis-
que, du reste, ils ne
pouvaient trouver ni à Schoren, ni ailleurs dans le pays, les
matières premières indispensables.
On ne connaît pas les noms de tous les fondateurs-
L'ART POVR TOVS
NOVVELLE SÉRIE, 1905
(XLIVme année). N° 3.
LA PORCELAINE DE ZURICH
Nous ne croyons pas qu'un grand nombre de nos lecteurs
connaissent la porcelaine de Zurich, en Suisse. En général,
la production des ateliers de ce genre est éclipsée par celle
des grandes manufactures plus ou moins officielles, quelle
que soit, du reste, la valeur propre de ces produits. Et,
certes, les porcelaines zuricoises méritent bien d'attirer et
de retenir l'attention : elles sont intéressantes à plus d'un
titre et véritablement charmantes. Les amateurs nous sau-
ront gré de résumer ici ce que l'on sait d'un atelier qui n'est
guère connu que depuis une vingtaine d'années. Aupara-
vant, avant l'Exposition nationale suisse de 1883, c'était
l'oubli complet. Nous prendrons pour guide l'homme même
qui travailla le plus à cette résurrection, M. H. Angst, l'an-
cien directeur, on peut dire le créateur du remarquable
Musée national suisse. En attendant de donner au public
un ouvrage définitif sur ce sujet, M. Angst a publié dans
une revue zuricoise — Die Schweiz — l'importante étude
a laquelle nous empruntons les renseignements qui suivent,
les illustrations ci-jointes et notre planche en couleur.
*
Une histoire documentaire de l'atelier de Zurich, telle
lue l'exigent aujourd'hui la précision des recherches et le
sens critique, est, pour le moment, assez difficile à faire, les
livres de commerce ayant disparu. On ne sait pas bien, non
Plus, quelle fut exactement l'origine du projet, qui aboutit
en 1763, dix ans après que la manufacture de Sèvres fut
devenue manufacture royale ; il faut, sans doute, songer à
1 attrait qu'exerçaient les porcelaines des grands ateliers
lançais et allemands en pleine prospérité, sans recourir le
La vignette qui orne l'eu-tête de cette page est la reproduction d'un
dessin à la plume rehaussé d'encre de Chine de la collection de
Y~ Ch. Eggimann, à Paris. Cette jolie frise, de la fin du règne de
Louis XIV ou de la régence, est d'un artiste inconnu ; elle est exé-
cutée avec une grande facilité et l'original se compose encore de plu-
sieurs autres morceaux analogues et d'un fleuron de départ. Longueur
du fragment reproduit 0"96, hauteur 0™23.
moins du monde aux récits fantaisistes que l'on a fait pour
plus d'un atelier — et pour celui de Nyon, en Suisse, en
particulier — histoires d'ouvriers transfuges ou fugitifs se
fixant ici ou là et implantant dans leur nouvelle patrie des
procédés plus ou moins dérobés.
A Zurich, nul étranger n'intervient. Ce sont de braves
bourgeois, Heidegger et Korrodi, qui accomplissent les pre-
miers actes constitutifs ; le 10 août 1763, ils achètent pour
1450 gulden la maison de la veuve Holzhalb, à Schoren,
près Bendlikon, localité située au bord du lac de Zurich,
non loin du chef-lieu du canton, lequel, en fait, a usurpé le
nom de Schoren dans la dénomination courante des porce-
laines en question. Une lettre du mois d'octobre de la
même année dit expressément qu'une « Porcellain Fabrik »
doit être installée dans cette construction. Et en 1766, la
fabrique, qui s'occu-
pait aussi de faïence, »f ^
avait déjà pris une .JÉÊ'
assez grande exten-
sion pour que de nou-
velles acquisitions de
terrains et de bâti-
ments aient été j ugées
nécessaires : on y dé-
pensa 3295 gulden.
Le choix d'une loca-
lité aussi peu impor-
tante a de quoi sur-
prendre ; sans doute,
les fondateurs y fu-
rent-ils amenés par
le bas prix des ter-
rains et la facilité des
communications par
eau avec Zurich, puis-
que, du reste, ils ne
pouvaient trouver ni à Schoren, ni ailleurs dans le pays, les
matières premières indispensables.
On ne connaît pas les noms de tous les fondateurs-