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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 44.1905

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No. 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22779#0038
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L'ART POVR TOVS

18

Au IXe siècle, les mentions de cloches et de campaniles
continuent à abonder. Walafrid Strabo, écrivant dans la
première moitié de ce siècle, classe les cloches en deux
catégories, celles provenant de la fonte, en bronze par
conséquent, et celles provenant du martelage et qui étaient
en tôle rivée. A Venise, à cette époque, les fondeurs devaient
avoir une grande réputation, puisqu'en 865 le doge Ursus
Patriciacus envoya douze cloches à l'empereur Michel et
qu'elles eurent le privilège de répandre en Orient l'usage
de ces instruments.

Voici que, toujours dans le même temps, on trouve la
trace de cloches fort luxueuses. Hariulfe en cite un grand
nombre pour Saint-Riquier, dont trois garnies d'or et An-
schère en mentionne, dans la vie de saint Augustin, qui sont
également garnies d'or et d'argent. On en signale ailleurs
en argent ou en bronze, suspendîtes à des cercles de bronze.
Il va de soi que ces cloches fort riches devaient être placées
très en vue et non dans les combles des églises ou les faîtes
des clochers où on ne les aurait guère vues. Citons encore
la cloche d'argent donnée par Guillaume d'Aquitaine (f 812)
avt monastère de Gellone.

Désormais les cloches sont véritablement ornées, lors
même que leur place devait être dans les campaniles. On
voit dans un manuscrit de la bibliothèque de Boulogne, du
IXe ou du Xe siècle, l'image d'une cloche au milieu d'une mul-
titude d'instruments de musique (P) ; elle est évasée, garnie
d'une triple anse au sommet, d'un filet qui forme zone dans
le haut, et, en bas, d'une belle torsade. Cette image est
accompagnée d'une inscription au minium, distribuée à
droite et à gauche, qui indique que la cloche fut exécutée
en bronze et en fer et qu'elle possède une « langue » ou
battant à l'aide duquel on obtient le son. Strutt a publié une
cloche assez semblable ; elle a également trois anses et une
torsade dans le bas, mais elle est plus ornée et porte une
suite de points formant frises longitudinales. Elle est accom-
pagnée aussi d'une épigraphe indiquant que le bronze et le
fer entrèrent dans sa fabrication. C'est là une forme de
cloche que noiis retrouverons et qui établit le type définitif
de l'instrument.

Cordoue possède une cloche de bronze garnie d'une anse
carrée (Q), trouvée dans un puits, près d'Espiel, à trois lieues
de Cordoue, là où, sans doute, s'élevait l'église de Saint-
Sébastien. L'inscription nous reporte à l'année 875, car il
semble impossible d'adopter la date de 925 que propose
Hûbner, l'abbé Samson, qui y est mentionné, étant mort,
d'après son épitaphe, en 890. Il était abbé de Saint-Zoïle et
s'illustra, en 863, par une apologétique contre l'évêque de
Malaga.

Le pape Jean XIII (968) bénit une cloche de merveilleuse
grandeur pour le campanile de Saint-Jean de Latran. Dans
une vie de saint Colomban, écrite par un moine de Bobbio
au Xe siècle, il est dit que pendant la translation des reliques
du saint, deux prêtres, dont l'un s'appelait Rainier, devaient
précéder la châsse en tintant des clochettes sur tout le par-
cours ; ils étaient accompagnés de cierges, d'encensoirs. En
passant le fleuve, Rainier eut le malheur de laisser tomber
dans l'eau le battant de sa cloche ; désolé, il eut recours à

saint Colomban et l'aurait retrouvé aussitôt. Saint Dunstan
avait fait faire à Cantorbéry une cloche pour le réfectoire
avec une inscription métrique et on lit dans les Bollandistes
que la clochette de saint Aldhelm, destinée au réfectoire,
était ornée de figures d'or et portait aussi une inscription.

Dans une miniature du pontifical de Saint-Aethelwold,
de la fin du Xe siècle, nous voyons figuré au-dessus de
l'église un campanile et dans une de ses baies deux cloches
jumelles et non évasées, forme indiquant une antiquité
assez grande. Saint-Jacques de Compostelle ayant été pris
d'assaut par Almanzor, en 997, on raconte que le trésor fut
pillé et les cloches enlevées. Ces cloches furent transportées
à Cordoue, sur les épaules des prisonniers chrétiens et les
plus petites, renversées, servirent de lampes pour la mos-
quée ; les vainqueurs, n'employant pas de cloches, ne crurent
pouvoir en faire meilleur usage. Lorsqu'en 1236, le roi Fer-
dinand eut pris possession de l'ancienne capitale des Califes,
il fit reporter à Saint-Jacques, sur les épaules des musul-
mans, à leur tour, les cloches dont Almanzor s'était emparé.
Dès le Xe siècle, on le voit par cet exemple, les cloches
étaient en usage dans la Galicie ; elles durent se multiplier
rapidement après les victoires des chrétiens ; aujourd'hui,
on prétend qu'elles y dépassent le nombre de 84,000.

Pour le XIe siècle, on trouve, entre autres renseignements
intéressants relatifs à notre sujet, que le pape Urbain II
ordonna, en 1096, que la sonnerie du matin et du soir
deviendrait le signal d'une prière commune et universelle
en faveur des croisés. La prière de midi fut ajoutée par
Grégoire IX, en 1225. Le couvre-feu avait le même but ; le
concile de Lisieux l'avait établi, en 1055, comme signal de
retraite et de prière.

Helgaud, dans la vie du roi Robert, parle de cinq cloches
pour Saint-Aignan d'Orléans, dont l'une était merveilleuse
de grandeur, car elle n'avait pas exigé pour sa fonte moins de
2,600 livres de métal ; on la baptisa, on l'oignit d'huile et
on l'appela Robert. Ce poids, d'après les règles actuelles,
suppose un diamètre de plus de un mètre cinquante centi-
mètres.

Dans les translations de reliques, les cloches à main,
comme nous l'avons vu pour Saint-Colomban, étaient en
grand usage. Sur la tapisserie de Bayeux, on voit un enfant
de chœur qui agite ainsi deux clochettes devant le passage
de la châsse. Ce genre de cloches devait être très répandu
à cette époque.

Dans les églises du XIe siècle, les clochers s'élevaient
autant que possible sur le chœur. La chronique d'Alten-
bourg cite les cloches à cet endroit, dans l'église construite
en 1056 : « Lorsque le presbyterium fut achevé et couvert,
on suspendit les cloches entre les poutres et devant le
maître autel. » On lit encore qu'un certain Syger sonnait les
matines et que la corde détacha du plancher de la tour un
ais qui lui tomba sur les épaules avec un horrible fracas.
Une autre fois, il arriva encore un accident : le clou auquel
la cloche était retenue s'échappa, et la cloche tomba sur le
toit de la tour.

Les curieux chapiteaux de Saint-Georges de Boscherville
nous montrent deux musiciens touchant cinq petites cloches
 
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