Le charivari (11.1842)

OCTOBRE. — signe du désert-
Ainsi nommé à cause (le l'entrebâillement du théâtre de l'OdéonJ

L'Odéon voit s'ouvrir ses portes.

L'ouverture a déjà bien souvent réussi;

Mais il doit traverser des épreuves plus fortes...
Sa caisse s'ouvre-t-elle aussi?

Du malheureux Boyer j'ai vu le suicide.

C'était une belle àme, un courage intrépide,

Un de ces nobles cœurs qu'insulte Lherminier.

Quand la faim l'assiégeait au fond de son grenier,
Lui, contre la misère invoquant l'espérance ,

Songeait aux jours heureux que se promet la France ;
Belle époque, dont l'aube éclaire l'horizon,

Où les gouvernans, purs de toute trahison,

Auront l'amour du peuple et l'équité pour guides ;
Où l'Etat florissant, sur des bases solides,

Pour le bonheur de tous, sera constitué....

11 rêvait l'avenir..., le présent l'a tué!

Le Critique Janin tout de bon se marie.

Cet écrivain mousseux que déjà l'on oublie,

Y trouve le moyen, finement inventé,

De se faire lui-même une postérité.

Pour un emprunt duquel un gros profit lui reste,
Rothschild reçoit ia croix.... honneur par trop fiscal !
Cet argent fut bien placé, sans conteste,

Jluis la croix l'est, en revanche, fort mal.

NOVEMBRE. — signe do four.

(Ainsi nommé à cause de la chute à'Arboqasle.)

Hier le National est d'emblée acquitté ;

Mais aujourd'hui voici qu'sirbogasle, au contraire,
Va se voir condamner à l'unanimité.

Le Mans entend aussi frapper son député,—

Arrêt moins dur pour lui que pour le ministère,

Dupoly sans raison dans un cachot jeté,

Un marmot prince à Londre, un complot en Belgique,
Tel est mon bilan politique.

il faut y joindre aussi l'unanime haro
Poussé sur Florestan, prince de Monaco,

Comédien fait roi, pour compenser sans doute
Les rois qui si souvent se font comédiens.

Je ne dois pas non plus oublier sur ma route
La savonnette, aux mains de nos patriciens,

Qui de vilains marchands fait des ducs citoyens.

Enfin pendant mon règne un incendie immense
Fait de la tour de Londre un périlleux volcan,

Profitant de la circonstance,

Pour happer l'abonné qui le lâche d'un cran,

Sur ce vaste brasier d'où la flamme s'élance,
Consliluiionnel, tu fi.3 frire un Merlan!

La corde à nœud américaine
Par laqui lie Leod devait être pendu,
De même en suspens a tenu
Longtemps la paix européenne.

DECEMBRE. — signe de la serinette.

Ainsi nommé à cause du discours du Trône seriné par les minis-
tres aux députés.)

Mon empire fut court, mais que d'événemens
De l'année expirante ont rempli les momens!

Pour juger un complot, j'ai vu la noble chambre
Se ressaisir des lois de mon frère septemlne.

Et dans ce Luxembourg, où Ney trouva la mort,

Les vieux pairs sont venus se rasseoir sans remord.

Ah!sans doute, ils pouvaient, d'une juste sentence,

Punir de Quenisset l'homicide démence ;

Mais, afin d'assouvir les haines d'un parti,

Fallait-il à la barre appeler Dupoty ?

Lorsque sa voix tonnait contre le ministère.

Qu'il voulait aux abus mettre un frein salutaire,

Dans ses mâles écrils au peuple destinés,

A-t-il tracé jamais ces mots: « Assassinez! »

Vous l'avez consigné sur la fatale liste,

Non pas comme assassin, mais comme journaliste.

Juges législateurs, votre arrêt éclatant
Frappe la presse entière en son représentant.

Prenez garde, messieurs! pour ;>es droits alarmée,

La presse indépendante assemble son armée:

Ses vaillans défenseurs, unis par !e danger,

Ont signé le contrat qui la doit protéger.

Malheur à tout pouvoir dont la main insensée
Tente de bâillonner l'éternelle pensée,

Et qui, trop confiant en des conseils maudits,

Entre dans le chemin qu'avait pris Charles Dix !

La chambre ouvre: en palier serait mots superflus,

Rien n'est changé, ce n'est tfue mensonges de plus.

DISTRIBUTION SOLENNELLE ET CHARIVARIQIIE,

APRÈS coiîaouns,

DES PRIX MÉRITÉS PAR LES MOIS DE 1841.

A JANVIER

Ce fre Belleô-Settvcs ,

Mérité par celles qui ont été acquittées par le jury-

A FEVRIER

Ce |Jm î>12trd)iterturc,

Mérité par l'élégante enceinte continue et les gracieux forts
détachés.

A MAI

Ce l'Jm îre 0as-'*E!)ème,

M • ri té par celui du comte de Paris.

A SEPTEMBRE

Ce |1rbe î>12lbetinenre,

Mérité par les soldats-convives dubanquet de Neuilly.


A MARS

Ce f3rt* îre fkflfonîieuï,

Mérité par celle du puits-Mulot.

A AVRIL

Ce fins îie Sagesse 1

Mérité par celle de la retraite de M"» Mars.

A JUIN

Ce jJrix b'2l«ii)lîftfttti0n ,

Mérité par les discours Hugo et Salvandy à l'Académie.

4

-V A JÎJIÏ.JLET

Ce fJri* î>e Cnur.se,

Mérité par MM. Mahul et Plougoulm dans leur fuite de Toulouse.

4

A AOUT

Ce $Jr;* île iîle£iedne îtomestique,

Mérité par le traitement cop' "al de la maladie de M. Pouch-

A OCTOTHE

Ce |Jriï î»e Bêâhrtéreiïsem te

Mérité par les conditions vraiment trop douces auxquelles
M. Rothschild a souscrit l'emprun^.

A NOVEMBRE

Ce prix îie Hers tus ,

Mérité par la prudence avec laquelle M. Vienne! s'est décidé
à taire les vers d'sli bogaste.

A DÉCEMBRE

Ce ^ris île Ketjutâttfltre,

Mérité par les tartines de M. Hébert sur la complicité morale rt
indirecte.

A E ntasaée 18418 font, eratffère, iek ppâ.ï de làcSu

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