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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 3.1870

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https://doi.org/10.11588/diglit.3704#0185
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DIRECTEUR

F. POLO

ABONNEMENTS

DÉ PARTEtnENTS

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Trois mois. .... S *

Itue du Croissant, 16

RÉDUCTEUR EH CHEF

F. POLO

AB0N.NE5IE.US

Un an. ........ 5 fr. »

Six mois....... 3 »

Trois mois..... 1 GO

Rue du Croissant, 16

LA GUERRE DE PRUSSE,

AU'CERCLE

La scène se passe dans un cercle de .petits commerçants du
quartier du Mail.

On discute la guerre bruyamment, mais"avec tout juste^assez
de patriotisme pour que ça n'arrête pas les parties entamées au
billard, à la table de bouillotte et à celle du piquet.

D'un 'simple coup d'œil, il est facile de'voir que la quinzaine
de ventrus qui fument là leur bonne pipe après leur bon dîner,
pour faire leur bonne digestion avant d'aller |e fourrer dans
leur bon lit et y faire de bons rêves, ne grillent pas du désir
de s'engager daus les turcos.

Leur enthousiasme platonique tient au grand complet entre
leur dernier inventaire, qui était bon, et le prochain, qui me-
nace d'être mauvais.

., Et s'ils causent assez volontiers des clioses publiques, c'est
beaucoup pour avoir l'occasion ,de se dire réciproquement quel-
ques-unes de ces petites choses aigres et pointues; qui ne peu-
vent passer sans danger de giffles, qu'à la faveur d'une chaude
discussion patriotique.

Car, — vous ne devez pas l'ignorer — après les vieilles con-
cierges qui prisent et ont une fille au Conservatoire dans la
classe de Charles Bataille, il n'y a pas déplus mauvaises lan-
gues et de plus mesquins poliniers que '-les""petits-commerçants
entre eux.
... gténograpliions :

m. iieaÛfinet. Vous avez vu la nouvelle, messieurs?... Nous
venons de brosser les Prussiens !...

m. dumanoir. Brossé&ji'est, pas le mot... Si l'on en croit les
dépêches de Cologne, nous avons, au contraire, été éreintés.

M, beaufiket de mauvaise humeur/'' Ali! .vous êtes toujours
comme ça... vous... Bazaine vous apporterait le Rhin sur uu
plateau que vous trouveriez encore moyen de dire que c'est une
blague et qu'il l'a pris dans le lac d'Enghien.

m. dumanoir. Et- vous donc!... Quand les ulilans seront dans
le faubourg Saint-Martin, vous soutiendrez encore que c'est une
ruse de Mac-Mahon!...

m. BEAUFirsET, piqué de la riposte. Autant dire tout de suite que
vous me prenez pour un imbécile...

m. dumanoir. Je ne dis pas cela... Seulement, ce n'est pas une
raison parce que vous êtes lieutenant dans la garde nationale
pour gober les bulletins chauvins du Gaulois à ce point là...

m. beaufinet. Oh!... voussavez... cette insinuation ne m'at-
teint pas...

Plusieurs membres du cercle s'approchent et essaient de tour-
ner la chose en plaisanterie pour empêcher la discussion de
s'envenimer.

m beaufinet'. continuant... Moi, je connais des gens qui, parce
qu'ils ont souscrit pour les grévistes, dans le Rappel, sous la ru-
brique : Un imbibé des immortels principes de 89, se croient forcés
d'emboiter le pas aux stupidités débitées par des feuilles qui se
font les pourvoyeuses d'appétits déplorables.

m. dumanoir, très-vexë. Je ne sais si vous avez eu l'intention de
faire une personnalité blessante; mais, pour mon compte,je me
garderais bien, dans une discussion quelconque, de vous jeter à
la figure que vous avez été un des premiers inscrits sur les
listes delà Société des Gourdins-réitnis, d'écœurante mémoire et que
le jour arrivé d'exhiber votre fameux gourdin, vous étiez parti
depuis la veille à votre campagne de Bellevue.

La discussion menace de dégénérer, quand, par bonheur,
M. Routissoir entre au cercle bruyamment.

— Messieurs, il vient de me venir une excellente idée. Ou-
vrons une souscription en faveur de l'armée française

si. chalamel. Ah, dites donc, Routissoir, ce n'est pas pour
vous le reprocher, mais voilà la cinquième que vous ouvrez de-
puis quatre jours.

L'incident n'a pas de suites.

m. boutinet. Vous savez bien... Godard. . l'associé de Ber-
nadot ?... Eh bien, il part; il est pris dans la levée de 25 à 3ù.

m. dumanoir. Allons donc, ce n"est pas possible... la loi rap-
pelle pas les gens mariés.

m. BOUTiNEt. Quand je vous dis qu'il part, c'est que j'en suis
sur.

M. chalamel. Alors, la jolie petite blonde qui... C'est donc....*

m. boutinet. Il paraîtrait...

' m. beaufiket. Moi, vous savez.i. je m'en étais toujours douté
Je me disais ; Ils s'aiment trop pour être vraiment mariés.

M. chalamel. Ça n'empêche pas que ça chauffe dur là-bas :
Bazaine va leur en tailler des croupières t

H. boutinet. C'est égal, ça ne marche pas assez vite, et en
attendant, les affaires ne vont yias.

M. beaufinet. Laissez donc faire!... Que ça dure encore quinze
jours et les Prussiens qui n'auront pas eu la précaution de s'ha-
bituer à manger des cailloux, crèveront tous de faim.

si. chalamel. Certainement.., j'ai reçu une lettre d'un de mes
amis qui était à Saint-Privât; il 'me dit que les Prussiens sont
affamés, qu'ils mangent tous les souliers de leurs prison-
niers !...

M. ■boutinet. Moi... si.j'étais Bazaine, j'en finirais en vingt-
quatre heures. C'est simple comme bonjour... Tenez, je suppose,
voilà Metz (Je pose un moos au milieu de la l^ble.) Ici... voilà la
Moselle qui passe (Pour simuler la Moselle, il vide sa chope sur le
marbre de la table et avec son doigt fait faire des contours au liquide.)

Alors... vous comprenez... Voilà ici Châlons (il pose une
soucoupe. ) Ici, est l'armée de Frédéric Guillaume (il jette pèle-
mêle les allumettes) suivez-moi bien... en remontant voici le Rhin
(il vide sur la table le grog chaud de M. Dumanoir pour simuler le
Rhin et toujours avec son doigt lui faye parcourir des sinuosités.)
Alors.,, un beau matin, je prends par ici avec mon premier
corps d'armée, je traverse Steinmetz comme une motte de
beurre et au moment où l'archiduc s'y attend le moins, je l'ané-
antis par un mouvement...

m. chalamel se levant vivement. Eh !... tonnerre de Bismark !...
prenez donc garde!...

L'assistance croit que M. Chalamel va réfuter victorieusement
le plan de M. Boutinet en lui indiquant une grosse faute straté-
gique,

m. boutinet-trottbléi Qu'y a-t-ildonc? Est-ce que je n'aurais
pas mis Châlons à sa place?

m chalamel très embarrassé. Il s'agit bien de Châlons!... Vous
ne voyez donc pas?... (il. montre à l'assistance wn pantalon fond
blanc tout maculé de la ceinture à la guêtre.)

M. bëaufinet. Mon dieu!... Vous êtes blessé?...

m ciulamel. Eh! non. . C'est le Rhin et la Moselle de cet im-
bécile de Boutinet qui ont coulé dans ma poche.

Tableau!...

LEON BIENVENU.

■"■p^y^Vcuî^

BAVARDAGES

En Espagne, on demande toujours un « Don » quelconque
pour coiffer la couronne,- aucun ne se soucie de se mettre ce
fardeau sur la tête. Il faudrait pour cela un grand dévouement
au pays ; celui qui l'accepterait en ce moment passerait à bon
droit pour un « Don » patriotique.

#

Parmi les artistes lyriques du sexe aimable qui ont pris part
aux manifestations guerrières, on cite Mme Saxe, de l'Opéra. Ce
serait maintenant au tour do Mlle Wurtemberg, de l'Opéra-Co-
miqïïè.

Savez-vous pourquoi, dorénavant, l'Angleterre, la Russie,
l'Autriche, la Belgique, la Suisse, etc., pourront se tutoyer?
Non, vous ne savez pas.
Eh bien, je vais vous le dire :
C'est parce qu'elles auront gardé la neutralité ensemble.

é

Ce n'est pas la faute de Lebœuf. si nos braves soldats ne sont
pas aujourd'hui en bouillie.

L'on a tort de direr'qu'Emile Ollivier est tombé. Pour avoir pu
tomber, il faut avoir été debout, et ce cher homme n'a jamais
été qu'à plat-ventre.

Je connais un malheureux garçon que le patriotisme du pays
n'a pu électriser — il est couard et il s'en vante en faisant un
mot par à peu près :

Selon lui, il n'y a rien de plus sûr que le plancher des lâches.

Les travaux du nouvel Opéra ne sont point complètement in-
terrompus. — On travaille au sous*sol autrement dit au fa-dièze.

J'ai lu daus un livre d'arithmétique que les facteurs se multi-
pliaient l'un par l'autre.
Horreur ! Et M. Vandal laisse faire ?

— Quelle douceur dans l'air, ce soir, disait un jeune poëte ;
on se sent plein de tendresses, il fait un vrai temps de Koméo.

— Et pourtant, ajouta son ami, plus sceptique, nous ne som-
mes plus au mois de Juliette.

Radieuse, Blanche d'Antigny fut rencontrée hier sur le boule-
vard; elle avait au bras un franc-tireur.

HIPPOLYTE BRIOLLET.

SCENES DE HAMEAU

■.--II-

1S-TU VU M CASQUETTE? (BIS)

Jobourg,' août.

Et moi aussi, mon cher Polo, j'aurai été pris pour un espion
prussien 1

Il faut que je raconte cela à nos lecteurs, pour les faire rire
un peu, entre deux de ces bonnes nouvelles de la guerre, qui les
font pleurer... mais de joie et d'enthousiasme, à présent.

L'autre semaine, .par une belle après-midi, je prends la réso-
lution d'aller à six kilomètres du petit pays sauvage que j'ha-
bite encore, faire une visite d'intérêt à l'obligeante directrice
d'un bureaurposte.

Histoire de toucher un mandat.

Afin d'être tout-à-fait convenable, je remplace le béret bleu
dont je me couronne habituellement, par une belle casquette de
toile blanehe.,Une aimable tourte de pâtissier, avec une visière !

Léger et coûrt-vêtu, comme la laitière de la fable, mais sans
aucun pot au lait, je me dirige à grands pas vers le bureau de
poste de mes rêves, en un mot, vers le bourg de Beaumont.

Beaumont,'qui se prononce, ou plutôt qui doit se miauler :
Bia-au-monl,'en patois normand, est un morceau de la route de
Cherbourg à Auderville, bordé de deux longuignoles de maisons
tristes.

Les habitants ne sont pas plus gais que leurs demeures, d'ail-
leurs, excepté cependant quand il vient chez eux un parisien
coiffé d'une casquette blanche.

Pour les yeux de Bia-au-mont, des gens « qui n'ont pas de sor-
tie, » comme me disait, pour les excuser, un brave homme du
pays, avoir sur la tête une casquette blanche, ou la lune, c'est
exactement la même chose.

Ces deux spectacles sont aussi effrayants l'un que l'autre h
ce qu'il paraît.
, Je ne m'en doutais pas. Mais on me le fît bien voir.

Après avoir touché l'argent du mandat, j'entre chez Damaye,
aubergiste et chapelier, lequel, je me hâte de le dire, n'a rien de
l'ébahissement qui paraît être l'état naturel de ses concitoyens,
et je demande une moque de cidre.'

Je la- savourais, ma pipe allumée, quand le jeune et intelligent
aubergiste me dit en riant :

— Figurez-vous que les gens d'ici vous ont pris pour uc
Prussien... Ils n'ont jamais vu de casquette blanche!... Sont-ils
en retard!... Les gendarmes vous cherchent, à ce qu'il paraît...
Ils ont couru après vous... Mais ils ont perdu votre trace...

On avait perdu ma trace l Énorme! énorme I
Hein, mon cher Polo, comme je suis habile !
Sans le vouloir, j'avais dérouté l'autorité.

— Ces messieurs vont probablement venir ici, continue l'au-
bergiste. Avez-vous des papiers"?

— Des papiers ! certainement.

En disant cela, je pensais à trois sonnets et deux quatrains
qui se trouvaient dans mon portefeuille, sans compter — ô Pro-
vidence, je te remercie ! — une carte d'électeur et le permis de
chemin de fer délivre par l'aimable M. Coindard,

Sur ces entrefaites, entrent deux gendarmes. A tout hasard,
je recommande mon âme au dieu qui n'a pas sauvé Glatigny,
en Corse, de la prison et dos menottes, et je bois une gorgée de
cidre pour me donner du cœur et pour ne pas éclater de rire.

Les deux gendarmes, avec une hésitation que je ne m'explique
pas, et au lieu de me dire tout de suite :

— « Ma foi, mon cher monsieur, en temps de guerre, on de-
mande aux étrangers à la commune leurs papiers; montrez-
nous, je vous prie, les vôtres. »

Les deux gendarmes, solennels et impérieux, demandent
une chope, et me font des questions fines — comme des mai-
sons — sur la guerre. Bref, et comme je leur dis en riant que
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