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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 3.1870

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https://doi.org/10.11588/diglit.3704#0193
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Troisième année. — N" 138

Un nnméro : lO Centimes.

H Septembre 1870



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FOUBOUET

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RÉDACTEUR EN CHEF

F. POLO

ABONNEMENTS

Un an......... 5 fr. »

Six mois....... 3

Trois mois. .... \ 50

Rue du Croissant, 16

F. POLO
ABONNEMENTS

DE PJRTEMEltTS

Un an......... 6 fr. .

Six mois....... 3 go

Trois mois.....3 »

do Croissant, 16

LE COQ A CHANTÉ

GUILLAUME PRENDS GARDE A TOI

Le coq français, le bon coq de combat, qui meurt et ne se rend
pas ; le joli petit coq populaire, trapu, solide et brave, vêtu de
bleu, de noir et de jaune comme un chasseur de Vincennes; le
coq de la République a chanté.

Guillaume, prends garde à toi I

Le coq a chanté pour la première fois; et, en écoutant son cri
clair et joyeux résonner dans l'air pur et libre, les saint Pierre
de la Droite ont renié tout haut leur Dieu,

Salut, cher petit coq pimpant, galant, loyal et vigilant.

Aujourd'hui, tes ergots solides sont encore souillés par *e
fumier de l'empire, mais tu vas prendre ton vol, et te fixera
jamais sur la hampe du drapeau tricolore.

Salut, cher petit coq léger et courageux, qui vient de mettre
en fuite l'aigle fauve.

Le coq a chanté, Guillaume; prends garde à tes aigles si-
nistres. Attache-les bien à tes étendards.

Sinon, reconnaissant le chant du coq de 92, elles pourraient
bien s'effarer à leur tour, et retourner à tire d'ailes dans leur
aire royale.

— Oh! bon petit coq gaulois, choisi par nos pères; cher oi
seau immortelle ent énergique et viril, que les Césars de Rome
et les Césars de France ont cru chaponné à jamais, je t'aime
passionnément !

Le coq a chanté pour la seconde fois : Guillaume, prends garde
à toi I

A sa voix familière, le pays s'est réveillé. L'anxiété a fait place
tout à coup à l'enthousiasme. L'aube du patriotisme s'est levée.
Cent mille hommes sont partis hier en chantant, sans fanfa-
ronnade, mais avec une effrayante résolution; cent mille au-
tres les suivront demain.

L'espoir, fleur suprême aux parfums vivifiants, s'épanouit de
nouveau dans le cœur réchauffé par le beau soleil d'automne.

Cher petit coq, absent regretté, sois le bien revenul

Au lieu de leur oiseau de proie, l'aigle, de l'ordre des rapaces
et de la tribu des faucons, famille de pillards prudents et muets,
qui ne s'attaquent qu'aux faibles, nous avons maintenant le
chanteur tranquille et fier, pacifique et résolu, qui ne provoque
point, mais qui se défend jusqu'à la mort.

La seule voix du berger fait fuir honteusement l'aigle qui
s'abat sur un agneau. Mais on n'arrache que sanglant, déplumé
et râlant, le coq qui se bat pour défendre ses poules !

Ohl mon petit coq bien-aimé, vole à la victoire avec les sol-
dats de la patrie, avec ces obscurs héros, qui sont les vérita-
bles « fils de Francel »

— Apparais-leur, cher coq, calme, et, chantant sur la hampe
des drapeaux, dans la fumée des batailles, « comme un souvenir
du cloclier I »

Coq français, qui te nourris de grains comme nous, et non de
viandes corrompues comme l'aigle, ta queue a la forme d'une
faucille; ta crête ressemble à un coquelicot ; ton plumage est
nuancé de vert, de brun et de jaune comme les champs au mois
de juin.

Tu es le clairon de la paix, l'ami du laboureur; tu es le sym-
bole charmant et gai de ce qu'il y a de plus respectable et de
meilleur sur la terre : le travail.

Salut, bon petit coq français !

Prends garde, roi Guillaume, le coq a chanté.

Son cri va rappeler à ceux qui restent encore, avec Bazaine,
avec "Vinoy, que c'est le cher et bon pays qui vient combattre
avec eux.

Les formidables armées qui vont sortir du sol paternel, à la
voix de la République, iront au feu, non plus avec le noble
mais stérile amour de la gloire; elles y courreront avec le désir
ardent et patriotique de la vengeance et du repos définitif et
fécond.

En avant! fils de la Gaule antique et toujours jeune; pays
sublime, d'où est parti le premier cri de fraternité universelle.

Invasion III est déchu.

Les soldats d'un Roi combattaient un Empereur;

Les soldats de la France vont maintenant combattre un Roi.

Et quand ce Roi sera tombé à son tour, pourquoi Français et
Prussiens, victimes de deux infâmes despotes, fous d'ambition,
ne se tendraient-ils pas la main, comme les Capulets et les Mon-
taigus, sur un monceau de cadavres bien-aimés?

0 songe séduisant et délicieux!

Mais le coq chante. Il dissipe le rêve. Et je ne vois plus que
les villages en feu, les femmes échevelées, les vieillards sans
asile ; devant mes yeux éperdus passent par milliers de tout pe-

tits enfants vêtus de blouses noires, au-dessus desquels planent
des ombres sanglantes.
Le Goq chante pour la troisième fois, Roi Guillaume ; prends
à toi!

LE COUSIN JACQUES.

LA SAINTE-ROSALIE

— 4 septembre —

Dimanche, c'était la Sainte-Rosalie.
— « Ma charmante Rosalie, » comme dit la chanson*
Jamais fête populaire ne fut célébrée avec tant de bonheur et
d'enthousiasme.

Ah! le nom donné à la vieille Place de la Révolution a été
enfin noblement justifié.

C'était bien la Place de la Concorde I

Rien n'a manqué à la splendeur de cette belle journée, rêvée,
désirée passionnément depuis tant d'années de corruption et de
décadence.

Le ciel était magnifique.

Oui, il y avait des nuages dans l'azur, comme il y avait de la
douleur dans les cœurs, mais le soleil étincelait, en même
temps que le patriotisme, avec force, (avec ardeur.

Et, pendant que sous les rayons chauds du vieil astre la sève
d'automne bouillonnait dans la nature, l'espoir frémissait dans
toutes les âmes.

Rien n'a manqué à la fête : ici les fleurs, ici les larmes, ici
les baisers.

On se serrait la main, on s'embrassait, on se mettait nn peu
de verdure à la boutonnière, et aux pleurs versées sur le souve-
nir de ceux qui sont héroïquement morts là-bas, se mêlaient les
larmes heureuses de ceux qui veulent venger la France de son
humiliation.

La nation se dilatait.

D'autres seront les graves historiens de cette Sainte-Rosalie
solennelle; nous, nous en serons Vanecdolier.

Nous voulons montrer, rapidement, à notre grand public de
province, quelques uns des côtés familiers et parisiens au su-
prême degré de cette paisible révolution, saluée d'unanimes
acclamations.

L'habitude d'observer nous a permis, tout en étant transporté
de la plus vive, de la plus profonde émotion, de voir et d'en-
tendre dans la foule qui accueillait par des cris fraternels la
garde nationale, des bruits et des mots absolument parisiens,
nous le répétons, et qui ont leur saveur bien particulière.

Ainsi, par exemple, un jeune homme convenablement vêtu,
un petit clerc peut-être, s'était installé, en vrai gamin, sur un
des lampadaires de la place, comme Siméon Stylite, et il de-
mandait la fin du régime impérial avec une parole qui pei-
gnait admirablement l'état de l'empire.

Il criait, sans relâche, scandant son mot :

La rîëc/ie-éance ! la rfèc/ie-éance I

Le même vœu était également exprimé par un marchand am-
bulant de journaux. Mais celui-ci, en bon crieur de placards
s'écriait : — Demandez la déchéance ! Trois sous, trois sous ! la
déchéance ! — comme, au jour de l'an, il a l'habitude de crier ;

— La belle Valence\ La belle Valence I

Au milieu de l'émotion générale, quand sur tous les visages
brillait le patriotisme le plus pur et le plus convaincu, on
voyait, allant et venant, des têtes farouches et sombres, que le
transport consolant et vivifiant d'un peuple qui redevient son
maître, ne pouvait parvenir à dérider.

C'étaient des gens tristes, ornés d'une grosse canne; il est
inutile de les désigner autrement. On devine à quel saint ils
se vouaient, la veille encore.

Fortement embêtés, ils se taisaient, jetant des regards mena-
çants sur les flots houleux de la mer humaine qui battait la
Chambre, comme son rivage naturel et respecté.

Cependant, l'un d'eux, pris d'un soudain espoir, me dit avec
une vineuse-expansion :

— On va les empoigner tous ! On va les empoigner I

— En effet, monsieur, je crois qu'on les empoigne, lui répon-
dis-je avec gaieté. Tenez, leurs épées sont déjà enlevées et
mises en trophées au pied de la statue de Strasbourg.

Et je lui montrais les épées des sergents de ville, tordues,
brisées, dont la poignée de cuivre brillait sur la robe de pierre
de la Ville héroïque.

Le cher homme fit une grimace, et s'en alla.

Le voilà sur le pavé, ce bon monsieur de la Corse, pensai-je.
Il a bien le droit de maudire ses juges.

Cependant, fendant la foule, avec un sang-froid admirable,
propre, coquet, en tablier neuf, et son havre-sac de ferblanc sur
les reins, le marchand de coco faisait sonner sa timbale per-
çante :

— A la fraîche! qui veut boire 1

Le cri de ce brave homme dominait par instants la clameur
joyeuse qui allumait, comme une traînée de poudre, les nou-
velles venues de la Chambre.

Et de loin, entre les baïonnettes, le dôme de cuivre de la
fontaine du marchand de coco, surmonté d'un petit drapeau,
apparaissait toujours brillant.

N'oublions pas la voiture du marchand de poires et <te'
pèches I

Tandis que les véritables représentants de la France prépa-
raient l'avenir, tandis qu'un peuple entier attendait, rayonnant;
et grave, l'ordre de vaincre ou de mourir pour son pays, seule,
la voiture du marchand de poires circulait tranquillement avec
ses fruits innocents en jolis petits tas bien rangés; elle était
poussée par un citoyen qui semblait de bronze, et qui disait
d'une voix douce et engageante :

— La poire au sucre, la poire au couteaul

En quittant la place de la Concorde, j'ai vu arracher, sur une
boutique du boulevard, la première médaille portant l'effigie du
prisonnier de M. de Bismarck.

On l'enlevait avec des pincettes (historique). ■

La médaille résistait.

Les pincettes s'acharnaient.

Mais-un clou invisible — un clou de la Droite, probablement
— s'obstinait à ne pas vouloir laisser tomber le médaillon de
l'ex-maître de l'ex-M. Ollivier.

Et cela, fit dire à quelqu'un, dans la foule :

— Cest M. Pinard!
On rit.

Car le rire est la vengeance du parisien clément, qui, d'ail-
leurs, ne songe plus qu'aux Prussiens, oubliant les casse-têtes
et les gourdins des amis de l'ordre.

ÉRNSST D'hERVILLY.

LE BATAILLON LITTÉRAIRE

" Notre ami Gustave Aimard forme le bataillon des francs-ti-
reurs de la presse, du théâtre et de la littérature.

Ci-devant chasseur de peaux-rouges, ancien compagnon de
Raousset-Boulbon dans la Sonore, ex-officier de la garde ma-
rine de 48, l'auteur des Trappeurs de VArkansas ne pouvait lais-
ser plus longtemps ses revolvers au clou, sa carabine dans le
coin. " .

Son poil a grisonné, sa taille s'est épaissie, mais son œil
lance toujours des flammes et son cœur n'a pas cessé d'avoir
vingt ans.

Aux armes! s'est-il écrié, et déjà trois cents hommes énergi-
ques, déterminés, en- âgés, invincibles, ont répondu à son pa-.
triot.ique appel.

A six cents, on fera une croix — heureux présage pour le
drapeau des volontaires de la plume ! — Et l'on partira, clairon
sonnant.

Brave Gustave, QUI L'AIME le suive ! C'est dire assez qu'il
comptera par milliers les combattants sous ses ordres.

Une fois embalaillonnés, le journal I'Éclipse sera le premier à
Crier hurrah et bravo à ces vaillants du feuilleton, du livre et
du théâtre ; mais, d'ici là, qu'il nous soit permis de fantasier
autour de nos camarades, si folichons hier, si graves et si bra-
ves demain.

Le second d'Aimard, c'est un ancien militaire, un sauveteur
médaillé, un homme qui a le courage de minuit, comme disent les
noctambules qui ont traîné leurs guêtres dans les sables de l'A-
frique : —Roland, l'ancien directeur des Délassements du Prince
Eugène — Roland le furieux.

Il excelle à former une troupe, n'admet pas de comparses et
ne parle que d'engagements et de feux.

Il lui tarde d'être sur le théâtre... de la guerre pour commen-
cer les représentations contre les Prussiens, au bénéfice de la
France envahie, humiliée, mais qui, — la République aidant, —
saura reprendre son rang, sa force, sa suprématie, sous les yeux
de l'Europe simple spectatrice!...

C'est Roland qui est chargé de recevoir les recrues. Il faut
voir avec quel chic il les épluche, avec quel tactil les classe.
— Le nom du volontaire ou sa physionomie entra pour beaa-
coup dans la classification. — Exemple : Il a renvoyé ;

Victor Séjour et Cochinat aux turcos;

Barrière, aux douaniers;

Labédollière,' à l'aumônerie;

Trianon, à Versailles.

Il est prêt à nommer Àlbéric Second, capitaine ezr premier,
et à donner des sardines à Sardou.

Adolphe, Guénée, le vaudevilliste; s'est présenté; il l'a reçu
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