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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 6.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6773#0151
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L'ÉCLIPSÉ

PRIMES DE L'ÉCLIPSÉ

1» prime : LA REVANCHE

L'idée qui fait bouillonner les cerveaux, l'espoir qui fait
bondir les cœurs ont pris, — sinon un corps — un buste!...

La Revanche vit désormais, — dans le marbre et le stuc,
— celui-ci popularisant celui-là I

Un artiste a pétri pour nous cette image de nos rêves.

h'Éclipse offre à ses abonnés la statuette de la Revanche.

Chacun voudra avoir cette figure sous les yeux.

La Statuette de la Revanche, avec son piédestal, prise dans
nos bureaux : 6 francs; emballée avec soin et prêté à être expé-
diée: 7 francs.

Le port reste à la charge du destinataire.

2* prime : Album de la LUNE et de l'ÉCLiPSE

Cent dessins les plus célèbres de Gill, réduits au moyen d'un
procédé graphique tout nouveau, formant un album élégant
et portatif.

Le dessins ainsi reproduits sont d'une délicatesse et d'une
fidélité parfaite, et de plus on les a finement coloriés.

Les prix de l'Album, pris au bu/eaU, est do 6 francs. (Ajouter
1 franc pour le recevoir franco dans les départements.)

UNE NOUVELLE CENSURE

Le gouvernement — nous l'apprenons de source certaine —
s'est ému du récent incident des Pyrénées-Orientales.

On sait que le préfet de ce département vient d'interdire la
danse la Farandole, comme rappelant des souvenirs révolution-
naires.

Cet arrêté a ouvert les yeux à M. le président du conseil des
ministres.

Craignant que la persécution — ce qui arrive toujours — ne
mette en goût les chorégraphes; et les pousse à inventer des
danses nouvelles et politiques ayant un caractère dangereux
pour l'ordre moral, M. le président du conseil a pensé que le
gouvernement des honnêtes gens ne devait point s'exposer à
être surpris désarmé par une invasion de rondes subversives de
polkas communardes, de valses pstroliennes et de galops aux
appétits déplorables.

**#

Il s'occupe, en conséquence, d'organiser une nouvelle censure
qui serait installée au ministère de l'intérieur, à côté de celle
des dessins. (Saluons !)

On croit même que le même local, le même chef de bureau
et les mêmes employés pourraient servir.

Cette nouvelle division prendrait le nom de :

censure chorégraphiquh
Et il serait complètement défendu, par une loi spéciale que
l'on élabore en ce moment, de donner le jour, soit dans un bal
public, soit dans un bal privé, à aucun pas nouveau avant de
l'avoir déposé la veille au ministère, et de l'avoir fait accepter
par le bureau de la censure chorégraphique.

* . •' '.^SlSSÈtt

y * *

Le sous-;hef de ce service devrait, do toute nécessité, savoir
jouer du violon, afin d'accompagner les danseurs déposants qui
viendraient soumettre leurs oeuvres à son autorisation.

Un contrôleur ad hoc noterait les pas et les moindres gestes
au fur et à mesure que le déposant les exécuterait, de façon à
ce que les agents spéciaux, chargés de surveiller les bals et réu-
nions dansantes, puissent vérifier si les danseurs se maintien-
nent scrupuleusement dans le programme qu'ils ont soumis au
ministère.

Tout danseur qui aura exécuté un entrechat ou un écart non
noté sur le récépissé qui lui aura été délivré, sera justiciable
des conseils de guerre.

j- _____. 4 fj' ^sv \ VifrV / - _*«!*"tf'î

Ce nouveau bureau de censure doit commencer à fonctionner
à l'entrée de l'hiver prochain, pour le début de la saison des
bals.

Il .n'est pas nécessaire d'être bien perspicace, p'Oilr voir d'ici,
quelques-unes dcsaèbnes qui ne manqueront pas de se produire
dans les bureau1* dé lfe censure chorégraphique.

Mademoiselle Trémoussette estintroduite" dans le cabinet du
censeur.

mademoiselle trémousset¥b, faisant une révérence gra-
veuse. — Je désirerais, monsieur, faift estampiller un pas, que
je me propose d'intercaler ce soir à Mabille, entre la quatrième
et la cinquième figure du quadrille dii duc de Matapan.

le censeur. — Est-ce un pus- t}ul à un Caractère poliliqiic,
Mademoiselle* ?

mademoiselle TU ..MoUSSKTTH, a»oc candeur. — Non,

monsieut... A n'efet qu'indéÇëftt.

le censéÇr, dune vol*encourageante. — Très-bien, mademoi-
selle, si Vous voulez mile soumettre.., je vais l'examiner.

MUo Trémoussette se débarrasse de son waterproof et de ses
caoutchoucs, et commence à esquisser un cancan comme la
princesss Ëlathilde n'en a jamais vu dans ses salons, même
pendant les plus beaux jours de l'empire.

A un certain passage, le censeur l'arrête.

le censeur. — Pardon!... mademoiselle... tout le reste va
bien ; mais je ne puis autoriser ce dernier geste.

mademoiselle trémoussette. — Quel geste"?

le censeur. — Vous allongez le bras gauche en avant, et
vous vous frappez la nuque avec la main droite; vous faites
ainsi presque le simulacre de tirer un coup de fusil, jet l'on
pourrait voir làune allusion à la Commune...

mademoiselle trémousette.— Mais, pas du tout!... à
Mabille, tout le monde sait bien ce que ça veut dire.

le censeur, avec intérêt. — Ah!... et qu'est-ce que cela veut
dire, je vous prie?

mademoiselle trémousette.—uÇa veut dire à son vis-
à-vis : si c'est tout ce que tu paies... des petites nèfles!...

le censeur. En ce cas, j'estampille...

Mlle Trémoussette continue son pas.

Après plusieurs observations du censeur, et quelques conces-
sions de part et d'autre, le pas est autorisé.

L'ordre moral est sauvé. Quant à la morale, elle s'arrangera
comme elle pourra le soir à Mabille avec le municipal de plan-
ton. C'est un autre service.

II

Trois messieurs sont introduits. Ils ont chacun un paquet
sous le bras.
Il y en a un qui en a deux;

En moins de cinq secondes, ils se sont dépouillés de leurs
vêtements et ont mis chacun ùn costume de clodoche.

premier clodoche. — Mi le censeur, nous venons vous
soumettre une nouvelle figure à effet que nous inaugurons au
bal de l'Opéra ce soir-

deuxième clodochë; — Nous devrons être quatre natu-
rellement pour un quadrille; mais notre ami Ëoisgorneau étant
alitré... jé veux dire : alité, n'a pu nous accompagner,^Mon-
sieur le censeur vouora bien, malgré cela, je l'êspère, riotisTOn-
ner audience.

le censeur. — Je ne puis autoriser un quadrille qu'après
l'avoir vu exécuter dans son ensemble. Le rôle du danseur absent
peut être bourré d'allusions politiques et séditieuses, etc..

troisième clodoche. — Qu'à cela ne tienne, monsieyr.le
censeur, voiis pouvez parfaitement remplacer notre ami Jîoië-
gorneaii. Nous avons justement son costume, il' vous ira très-
bien.

A ces mots, les trois Clodoches déshabillent le censeur, l'ha-
billent en Valentin, du Petit Faust, et entament, avec sa colla-
boration, d'abord un peu molle, un quadrille échevelé.

On le pousse, on le tire, on le renverse, on le relève, on lui
met la tête entre les jambes, on lui fait faire le grand écart,
jusqu'à ce que moulu, écrasé, ruisselant, essoufflé, fourbu, il
signe l'autorisation, pour en finir, en disant :

— Parfait!... parfait!... C'est très-convenable... je n'ai vu
aucune allusion politique.

Les trois Clodoches emportent leur récépissé, et laissent le
censeur costumé en Valentin.

Le censeur éperdu ne s'en aperçoit que le soir, au beau milieu
de la place de la Concorde, en rentrant diner chez lui.

Il ne trouve pas de fiacre.

III

Un jeune homme d'assez bonnes manières est introduit dans
le cabinet de la censure chorégraphique.

le jeune homme. — M. le censeur, je vais samedi prochain
à la noce de ma cousine; j'ai composé un avant-deux dit: le
pas du crabe sentimental, que je crois plein djiriginalité. Je
compte sur un effet énorme avec, et je voudrais que vous don-
nassiez l'autorisation de le produire.

le censeur. — Voyons votre avant-deux, monsieur...

Le jeune homme exécute son avant-deux avec une grande
conscience.

L'on voit le visage du censeur se rembrunir petit à petit.

Enfin la figure se termine, le jeune homme, après une élégante
pirouette, retombe d'aplomb devant le censeur qu il interroge
du regard dans un gracieux sourire.

le censeur, hochanc la tète.— Oh! oh ! monsieur... ceci est
très-grave!...

le jeune homme, étonné. — Quoi donc, monsieur?

le censeur. — Vous avez là... à la fin... un geste très-
équivoque... et vous comprenez que par des temps aussi trou-
blés que les nôtres, les mauvaises passions sont trop irritables
pour que l'on permette même les allusions les plus lointaines...
Et là vôtre me semble on ne peut plus transparente.

le jeune homme. — Mais... je ne vois pas du tout...

le censeur, grave. — Oh ! mais, moi, je vois très-bien...
En retombant sur vos pieds, vous croisez vivement, et à plu-
sieurs reprises, votre jambe gauche arrondie sur la droite, qui
reste tendue. Cela simule, à ne s'y point tromper, le mouvement
du couteau de la guillotine, et vous comprenez que...

le jeune homme, 'attéré. — Mais, monsieur, je vous jure...

lë censeur. — Oh! pas d'inutiles protestations. Je ne puis
autoriser ce pas sans le soumettre à Versailles; c'est trop grave I
Revenez demain, vous aurez une réponse.

Le jeune homme se retire très-triste.

IV

Chez le ministre, à Versailles.

La censeur. — Oui, Excellence! voilà le pas de ce jeune
homme.

Il exécute lui-même le pas en question.

Qu'en pense son Excellence?... Moi, je me permettrai de dire
que je le trouve très-dangereux, surtout dans un moment où
l'ennemi foule encore...

le ministre, un peu impatienté. — Mais vous savez bien que
l'ennemi né foule plus rien du tout; il est parti il y a cinq
jours.

le censeur. — Ah! oui, c'est juste! Que Son Excellence
m'excuse! L'habitude, depuis trois ans, de refuser; à l'aide de
ce cliché, tous les dessins anti-bonapartistes... Que décide Son
Excellence pour le pas do ce jeune homme?

le ministre. — Dame! c'est embarrassant. J'en parlerai à
Ladmirault ce soir.

Chez le gouverneur de Paris.

le ministre, dansant lui-même le pas du crabe sentimental. — Eli

bien ! général, pensez-vous que l'on puisse autoriser cela sans
convoquer l'Assemblée?

le gouverneur de paris. — Heu!... heu!... les esprits
sont encore bien agités. Allons consulter le maréchal Mac-
Mahon.

vi •,.'„' ^*-Q3éI

Chez le président de la République.

le gouverneur de paris, exécutant en personne l'avant-deux

en litige. — Pensez-vous, maréchal,'qUe l'exécution d'un tel pas
dans un bal de noces soit sans danger pour la sécurité de la
France?

le président de la république, assez sec. — Parfaite-
ment ! S'il y a eu un danger dans cette affaire, c'est l'impor-
tance qu'on lui a donnée.

L'avis du maréchal étant favorable, l'avant-deux du crabe
tenlimental est autorisé.

LEON BIENVENU.

les empêcheurs de danser en rond

— M. Ducrot fera bien des victimes.

— Parmi ses administrés?

— Non, parmi 968 collègues. Ses lauriers administratifs leur
ont OW le sommeil. On ne se fait pas idée ce que, depuis ses
édits fameux, les têtes de préfets travaillent.

Voyez ce pauvre préfet des Pyrénées-Orientales. Tous les
soirs, en s'eudorntàfat, il demandait au bon Dieu :

« Mon Dieu ! Dufcrot a trouvé les coupeurs d'enterrements ;
[ne m'accorderez-vbui, à moi, ancune trouvaille qui réjouisse à
son tour Bculé, noire divin maître? »

.. Enfin le eiel a eu du moins pitié dè ses efforts. Il lui a en-
voyé un ange soumër à son chevet des paroles mystérieuses.

Le lendemain, M. le préfet des Pyrénées-Orientales se levait
triomphant,, «M mimw mutnuimmmtummr^um^mmmaam

Son collègue du Rhône avait trouvé « les coupeur d'enterre-
ments. »

Il venait de trouver,.lui, «les empêcheurs de danser en
rond: n

C'est alors que, prenant sa bonne plume de F erpignan, il a
rédigé son arrêté désormais immortel :

« Considérant que la danse intitulée farandole est regardée
par une partie de la population des Pyrénées-Orientales, comme
rappelant des souvenirs révolutionnaires... »

Tiens, tiens, « une partie » de la population.

« Une partie, » demanderont les indiscrets, combien cela re-
présente-t-il de monde?

Est-ce à cent cinquante individus, que la farandole rappelle
les plus déplorables souvenirs, ou à trente, ou à dix-huit, ou à
neuf, ou à trois ?

M. le préfet des Pyrénées-Orientales ne le dit pas.

Il lui suffit que cela ne soit pas du goût d'une partie de ses
administrés pour qu'il le défende.

Alors, comme je suis sûr qu'une partie quelconque de ses
administrés n'aime pas les chapeaux mous ; comme j'ai l'intime
persuasion qu'une autre partie quelconque de ses administrés
n'aime pas les pieds de cochon à la Sainte-Menehould, ou ré-
prouve tout à fait l'usage du savon dans les baignoires, il n'y
a aucune raison pour ne pas s'attendre à un déluge d'arrêtés
nouveaux.:

« Considérant qu'une partie de la population regarde les cha-
peaux mous comme couvrant les plus mauvais desseins et par
conséquent comme attentatoires à l'ordre moral... etc. »

« Considérant qu'une partie de la population ne peut pas en-
tendre nommer la ville de Sainte-Menehould sans Se reporter aux
plus fàch .ux souvenirs de notre histoire... etc. *

C'est une véritable mine que M. le préfet des Pyrénées-Orien-
tales vient de trouver là!

Puisse-t-il, s'il en entreprend lui-même l'exploitation (so-
ciété à confiance limitée), trouver des contre-considérants, re-
considérants et re-re-considérants de la force du second que la
farandole lui a inspiré :

« Considérant que la violence même de cette danse... confirme
cette interprétation (celle de la partie de population sus-dtsi-
gnée).

« La farandole est interdite dans tout le département. »
La violence même de cette danse, c'est-à-dire la vivacité de son
mouvement...

Qui aurait cru que la vivacité d'un mouvement des jambes,
pouvait avoir un caractère politique et séditieux !

Mais ce caractère politique et séditieux est évident puisqu'il
a frappé M. le préfet.

Il faut donc conclure de là qu'aux yeux du rival de M. Ducrot,
comme aux nôtres, il doit exister deux sortes de danses :

Les unes très-mouvementées, comme la gigue, le galop, la
bourrée, qui sont des danses entachées d'esprit révolutionnaire;

Les autres, sobres et mesurées, comme la sarabande, la pavane,
le menuet, qui sont des danses résolument conservatrices.

Mais, s'il en est ainsi, le parti qui se dit lui-même celui des
honnêtes gens trouvera sans doute que M. le préfet des Pyré-
nées-Orientales a montré bien de la faiblesse en se contentant
d'interdire les danses on rond sur toute l'étendue de Son dépar-
tement.

Il devait, évidemment, pour faire preuve de zèle, instituer
du même Coup le menuet obligatoire.:

« Considérant que le menuet est regardé par une partie de
nos administrés comme rappelant les plus beaux jours de la
monarchie légitime... etc. »

M. le préfet des Pyrénées-Orientales, un mauvais point!

PaCl parfait.

11 ne faut pas badïuer avec les pommes de terre

récit de dessert

A la fin d'une petite fête qui, jé l'àvouB en rougissant légère»
ment, n'avait rien, oh! mai» rien ilii tifbi û'une petite fête de
famille, car elle se passait, non pas entre parents, mais bien
entre amies et amis, — et' trois heures du matin venaient de
sonner aux cloches d'alentour,—mon voisin de table, un char-
mant garçon ma foi, et qui avait seulement le tort de s'obstiner
à remettre son cigare entre ses lèvres, du côte du feu, mon voi-
sin de table, dis-je, se pencha vers moi d'un air tendre, et me
glissa dans l'oreille les paroles entrecoupées suivantes :

— Moi, content. — Très-gentil, tout ça. — On s'amuse beau-
coup ici. — Oh ! dites-moi, avez-vous remarqué que les écre-
visses font toujours mal à la tête, j'ai une migraine!...

— Pardon, iuterrompis-je, vous mettez votre cigare du côté
du feu...

— Très-juste. — Merci. — Sais pas comment ça se fait. Tou-
jours du côté du feu. Moi, pas content. Mais c'est très-gentil
ici. — Oh! ces écrevisses !... ça me bat sous les tempes,., dites-
donc. Non, dis-donc, ami: très-drôle, la petite brune, là-bas!..
Je... je... je... l'aimerais bien... Donnez-moi donc du feu...

Je satisfis immédiatement son désir.

— Moi, content.—Très-bien, la petitebrune. Bravo ! bravo!é..
Sont-ils assez drôles, tous !... Bravo ! Je ne sais pas ce qu'ils di-
sent, mais ça vient du cœur... bravo !...

— Pardon, cher ami, interrompis-je de nouveau, vous allez
mettre votre cigare du côté du feu...
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