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Fougères, Gustave [Vorr.]
Le Parthénon (Band 1) — Paris, [1927]

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https://doi.org/10.11588/diglit.12701#0011
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INTRODUCTION

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU PARTHÉNON

Lorsque, en l'année 437 avant Jésus-Christ, le
Parthénon, dégagé de ses échafaudages, apparut sur
l'Acropole dans tout l'éclat de sa blancheur virginale,
avivée d'une fraîche polychromie, ce fut un cri d'admi-
ration : « Qu'il est beau, le Parthénon! ». Ce premier
salut à sa beauté devint une acclamation proverbiale.
Plus tard, quand les orateurs voulaient exalter le
moral défaillant du peuple athénien, du haut de
la tribune ils tendaient le bras vers l'Acropole et
s'écriaient : « Voyez ces Propylées, ce Parthénon ! »,
comme pour évoquer en l'âme des auditeurs le
réconfort d'une grandeur impérissable. En fait, une
forme de perfection venait de naître, éclipsant tout
ce que la Grèce avait connu jusqu'alors.

Nous voudrions en ces quelques pages esquisser
l'analyse des sentiments que ce monument person-
nifiait aux yeux d'Athènes et de toute la Grèce, et
démêler les éléments de son originalité à la fois si
panhellénique et si nationale qu'elle semble « cristal-
liser » la plus harmonieuse synthèse du génie grec
en général et du génie attique en particulier^'.

Il existe, à l'égard du Parthénon, un double
préjugé, qu'il importe de dissiper tout d'abord. Le
premier, c'est de voir en lui le type normal et
canonique du temple dorique : or, en réalité, sa
structure révèle un parti pris d'indépendance à l'égard
des traditions particularistes en honneur dans les
ateliers « doriques » et « ioniques », et le souci de
les concilier en une formule librement éclectique. Le
second, c'est de le juger comme une création idéale
en dehors du temps et de l'espace : or, en fait, il
s'enracine profondément dans les origines mêmes de
cette Acropole où il est né ; il en résume l'histoire
religieuse, politique et monumentale, depuis les débuts
de la cité de Cécrops. Les lignes de son berceau
indigène se reconnaissent sous les atours doriques et
ioniques qu'il reçut en dons de la Grèce continentale
et de la Grèce d'Asie : celles-ci ne furent que ses
marraines; l'Attique fut sa mère.

L'ACROPOLE PRÉMYCÉNIENNE
ET MYCÉNIENNE

(XVI'-X» SIÈCLE AVANT JÉSUS-CHRIST)

Peu à peu les origines de l'Acropole s'élucident
par la confrontation des données de la tradition
écrite avec celles de l'archéologie(a). Les plus anciens

(1) Ce résumé nous permet de compléter ici par de nouvelles données
l'exposé antérieur de cette question dans notre Athènes, 4° édit., Paris,
Laurens, 1923, pp. 72-99.

(2) Le travail le plus récent et le plus démonstratif à ce sujet est celui
de Leicestbr B. Holland, Erechtheum Papers : I. The Pre-Erechtheum ;

vestiges d'installation humaine apparaissent à la
période préhistorique dite « Helladique moyen II »
ou « récent III » (entre 1600 et 1^00 avant Jésus-
Christ), c'est-à-dire précisément à l'époque où la
tradition place le règne de Cécrops, fondateur de
la première royauté athénienne. La surface du rocher
était déjà entourée d'une enceinte d'appareil léger,
épaisse de 1 mètre à 1 m. 50 ; le quartier royal occu-
pait l'angle Nord-Est avec un palais ou « mégaron »,
contigu à un enclos sacré (Fig. 1). Une poterne,
desservie par un chemin montant entaillé dans la
paroi du rocher et défendue par deux bastions,
s'ajoutait de ce côté, comme entrée secondaire, à
l'entrée principale qui devait être à l'Ouest. La
royauté avait un caractère théocratique, comme en
Égypte et en Crète : Cécrops, ainsi que Minos, pouvait
être identifié à un dieu, d'où la difficulté, pour ces
temps primitifs, de distinguer la personnalité his-
torique de la personnalité fictive des souverains
légendaires. Le culte était encore tout naturiste :
Cécrops semble avoir été l'hypostase d'un dieu des
hauts lieux, analogue au Zeus crétois du Mont
Iouktas : aussi donna-t-il son nom au rocher, appelé
Cécropia. Une déesse de la nature, Pandrosos (la
Toute-humide), personnifiait la Terre et était adorée
sous les espèces d'un arbre sacré, l'olivier. Il faut
y adjoindre sans doute aussi le culte de l'oiseau tutélaire
de l'Acropole, la Chouette, adorée dans le « Glauko-
pion » et plus tard identifiée à Athéna. Par une
décomposition usuelle de la personnalité divine, Pan-
drosos eut comme acolytes Hersé (la Rosée) et
Aglauros ou Agraulos (la Terre arable), présentées
comme ses sœurs dans une triade de filles de
Cécrops. Tout ce stade mythologique de l'Acropole
cécropienne n'est pas sans analogie avec celui de la
Crète minoenne de la même époque.

L'ère cécropienne dura environ trois siècles. Dans
le courant du xive siècle avant Jésus-Christ, c'est-à-
dire en pleine période mycénienne et du 3e âge du
bronze, au moment où la Grèce achéenne et l'Attique se
hérissaient de citadelles sur le modèle de Mycènes et
de Tirynthe, l'enceinte primitive de l'Acropole fut
reconstruite en blocs énormes sur une épaisseur de
3 à 5 mètres, d'après un tracé plus sinueux que le pré-
cédent. La poterne Nord-Est fut renforcée et l'entrée
Ouest blindée d'un bastion massif qui commandait
la droite de l'assaillant : dispositif qui porte la marque
de la technique mycénienne. Le palais fut agrandi
à l'instar d'un mégaron mycénien, flanqué d'une
vaste cour peut-être bordée de casemates à la mode

II. The strong house of Erechtheus, dans American Journal of Archaeology,
xxvm (1924), pp. 1-23 et pp. 142-169. — Cf. aussi d'intéressantes consta-
tations dans Elderkin, Problems on periclean buildings, ch. III (The Erech-
theum as bilt), pp. 19-48. Londres-Oxford, 1912, 8°.
 
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