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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en France — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.9066#0124

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LES MŒURS ET LA CARICATURE EN FRANCE

Donc, le colosse tombé, l'esprit de parti, la vengeance, la haine se don-
nèrent la main contre celui qui, la veille encore, était tout-puissant, et cela
se fît sous les yeux de l'ennemi, que dis-je, pendant que les troupes alliées
occupaient Paris. Pamphlets et caricatures, ce fut un vrai déluge. On
accueillait Louis XVIII à bras ouverts, non pas tant par sympathie person-
nelle que parce qu'il représentait le parti de la paix, de cette paix que le
peuple désirait à tout prix, las des saignées opérées sur le pays. A ce titre
une caricature de 1814 qui parut au moment de l'abolition de la conscrip-
tion est particulièrement significative. Elle nous montre, en effet, le déses-
poir d'un tourneur en jambes de bois qui, au su d'une telle nouvelle, laisse
échapper ce cri du cœur : Encore une campagne, et ma fortune était faite

Bref, Napoléon, qui avait défendu les caricatures n'en tomba pas moins
sous le coup des projectiles que lui lançaient ces crayons passionnés. Et
comme il avait porté la guerre dans toute l'Europe, la levée des boucliers
fut générale : l'Allemagne, débarrassée de son protectorat, se vengeait,
comme la France, de l'oppression qu'elle avait dû subir 2.

Malheureusement, les attaques du côté français ne furent pas aussi désinté-
ressées qu'on pourrait le croire : sous les protestations de paix et de liberté,
se cachaient d'autres sentiments moins avouables. C'était, avant tout, ran-
cune de noble, d'émigré, contre les régicides et les sans-culottes, contre
ceux qui, en somme, n'étaient là que par la Révolution de 1789.

Donc la caricature de la Restauration s'attaqua plus spécialement à certains
personnages, ménageant Talleyrand parce que ce diplomate était quand
même un noble, un roué de l'ancien régime; poursuivant de sa haine Cam-
bacérès, l'archi-chancelier de l'Empire, qui avait été une des lumières du
régime disparu, qui n'avait jamais fait entendre que les conseils de la sagesse
et de la justice. Dans Cambacérès, on alla surtout chercher la vie intime
qui n'était pas irréprochable s'il faut s'en rapporter aux récits des contem-
porains, et bientôt, à tous les étalages des marchands d'estampes apparut une
trinité bizarre, amusante, comique au plus haut chef, représentant Camba-
cérès et ses deux intimes, ses deux commensaux, MM. d'Aigrefeuille et de la
Villevieille. Ce trio d'épicuriens et de gourmets offrait ceci de particulièrement

écu à un dégraisseur pour qu'il lui enlève ladite tache, mais celui-ci répond qu'il ne peut pas le
faire pour une demi-couronne, qu'il lui fauttm louis.

La Fête de l'aigle (1806 ou 1807) représente les monarques en animaux se prosternant devant
l'aigle debout sur les marches du trône impérial. Elle a été reproduite par Challamel dans son
Histoire-Musée de la Révolution.

1 Celte estampe a été reproduite par Jaime dans le Musée de la Caricature.
■ Voir, pour cette partie, mon volume : Les Mœurs et la Caricature en Allemagne, au chapitre :
« La Révolution et le premier Empire. »
 
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