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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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LA SEMAINE

DÉPART POUR VERSAILLES

elle;

lui.

Sosthènes?
Richette?

elle.

As-tu toutes tes affaires?

lui.

Je crois que oui.

elle.

Tes caoutchoucs... ton cache-nez... tes ra-
soirs!'...

lui.

Victorine a dû mettre tout cela dans ma va-
lise.

elle.

Pauvre chéri!,., quand on pense que tu vas
représenter à Versailles l'arrondissement de
Fouilly-les-Chaussons !... Quelle gloire!...
mais aussi quelle responsabilité, Sosthènes?...

Richette ?

'lui.

elle.

N'oublie pas de songer tous les matins que
la France et l'Europe ont les yeux fixés sur
toi !

Lui.

Sois tranquille... j'ai inscrit sur mon agenda
l'emploi de ma journée : A huit heure*, me ré-
veil 1er ; à huit heure/: et quart, veiller aux soins
de propreté que tout homme bien élevé doit avoir;
à huit heur m et demie songer que la France et
l'Europe, ont les yeux...

elle.

Tiien. Maintenant, encore un mot, Sos-
thènes...

lui.

Parle, chère amie... mais dépêche-toi... le
train va partir.

elle.

Ne vote contre ta conscience que s'il t'est
bien prouvé que cela peut servir tes intérêts.

Parbleu !

lui.

elle.

Et surtout, Sosthènes... le soir... si tu viens
à Paris... prends bien garde à des entraîne-
ments!...'on m'a'parlé d'un certain endroit
appelé les Folies-Bergère...

Eulalie !

lui, avec un geste digne.

elle.

Ah! si tu me trompais, vois-tu,Sosthènes!...
lui.

Que ferais-tu, Bichette ?

elle, baissant les yeux.
Tu m'obligerais à te le rendre...

lui, quelque peu surpris.

Hein?

elle.

Et je crois que j'en mourrais!

lui.

Tu crois ?... mais tu n'en es pas sûre

elle.

Dame, on ne peut répondre de rien.

lui, avec transport.
Cher ange !...

(Echange de tendres baisers. Le train entre en
gare. Scène des adieux. Lui monte en voiture en
cachant dans son mouchoir un visage, qui semble
inondé de larmes.)

EN ROUTE.

(A peine le train s'est-il mis en mouvement que
Lui passe sa tête, par la portière et après s'être
assuré qu'Eu£ ne peut plus l'apercevoir de la
station, se, livre à un cavalier seul effréné.)

lui.

Tra la la, Ja, la, la, la, la, la!... et allez
donc !... ah ! elle est bien bonne, celle-Ja !...
Eulalie qui s'imagine que... ah! non, elle est
bien bonne !... A quoi ça servirait-il donc de
représenter la liberté, si on n'était pas libre !..
hein?... je vous le demande?... A moi les
Folies-Bergère!... Y Homme-Poisson !.., les
Fantaisies-OUer et les nuits agitées!... ce
sera bien assez de contempler pendant toute
la journée Dugué de la Fauconneiie. !... Tra la,
la, la, la, la, la, !... eh, allez donc !...

(// continue, son cavalier seul, jusqu'à ce qu'il
tombe épuisé sur sa banquette où il s'endort.)

A VERSAILLES.

lui, cravaté de blanc.

Il va entrer dans la salle des séances et porte
sous le bras un énorme, portefeuille dans lequel
un observateur attentif reconnaîtrait une collec-
tion de Paul de Kock en livraisons à vingt cen-
times.

lui, à part.

. Ai-je assez de tenue, hein?... H est vrai
que ce matin j'ai songé de huit heures et
demie à onze heures que la France et l'Eu-
rope avaient les yeux sur moi... Ça m'a donné
un cachet!... Tien?, voilà Menicr... Bonjour,
mon cher collègue.

menier, d'un air préoccupé.
Bonjour, mes amis, bonjour!...

lui.

Vous avez l'air tout chose.

menier, d'une voix sourde.
La chambre sera-t-elle assez radicale pour
moi?... Toute la question est la!...

LUI.

11 paraît que les cacaos...

menier.

Car enfin au point du radicalisme où j'en
suis...

lui.

On signale une forte hausse au Havre...

menier.

Tant pis, alors!... je n'en mettrai pas !...

lui.'.

0 ciel!... et la vieille réputation de vos ta-
blettes?

menier. ; .

De l'eau dans mon vin !... jamais!...

lui, à part.
Grand Dieu sa raison s'égare!...

menier.

Non ! non ! non ! périsse le monde plutôt
qu'un principe !

lui.

Quel homme !...

menier.

D'ailleurs, quand je songe que la France et
l'Europe ont les yeux fixés sur moi !...

(Il s'éloigne en gesticulant.)

lui, souriant.

Ah! hen!... je comprends!... lui aussi...
tout à la jôlerie !... et en petit comité : (Il
fredonne à demi voix : Tra, la, la, la, la, la, la,

la, la I ) . ....

Amanda m:a promis qu'elle assisterait a la
séance !... Quelle satisfaction pour mon or-
gueil... et quel avenir pour mon amour !...

EN SÉANCE.

lui, Usant le rapport sur les élections de Fouilly-
les-Chaussons.

Quand on songe, messieurs, que la France
et l'Europe nous regardent,... on ne saurait
trop flétrir...

amanda , dans une tribune.
Qu'il est beau !... mon député !...

NicoLAt FLAMMÈCHE.

Le cri du meurt-de-faim sur les riches impies
Appelle le troupeau des malédictions.

Car on voit que depuis des centaines d'années
Tout ce peuple a perdu le sens de sa valeur,
Et pour mieux l'asservir que des âmes damnées
Nourrissent avec soin les vices dont il meurt.

L'ivresse lui fleurit la face de pustules;
La débauche précoce éteint ses yeux cernés,
Et son cou radiitique est troué de scrofules;
lit des chancres rongeurs lui dévorent le nez !

Il ne baisera pas, ô Liberté chérie,
Dans un transport d'amour, ton front, terrible et beau!
Abruti par les lords et la Bible pourrie,
Sans penser, sans désir, il descend au tombeau.

Point, rie révolte ici, — mais un calme turpide :
La conscience est morte avec les bons instincts ;
La résignation implacable et stupide
A tué l'idéal et les désirs hautains.

Tous ces petits enfants, ces bommes et ces femmes
N'ont jamais sur le «tel vu de porte s'ouvrir,
Et dans leursombre enfer, traînant leurs jours infâmes,
Se croient forcés d'y vivre et forcés d'y. mourir !

Aussi, quand je me dis ces choses à moi-même,
Loin de me détourner de ces pestiférés
Que tout le monde écarte et que personne n'aime,
Je recueille en mon cœur tous ces désespérés.

LES DAMNÉS

Londres, septembre 1875.

Horace V.

FEUILLES AU VENT

Et à quelque parti qu'on appartienne, on
ne peut aujourd'hui encore relire sans admi-
ration ces pages éloquentes, émues, passion-
nées,

Ailes d'or et flèches de flamme,

comme dit le poôte,—qui lui coûtèrent la vie,
mais qui ne contribuèrent pas peu au neuf
thermidor !

Je cherché aujourd'hui un Camille Des-
moulins.

Et je n'entends guère que les aboiements de
la presse d'antichambre et de lupanar.

Ces deux derniers mots me ramènent tout
naturellement au bonapartisme.

Avez-vons remarqué que parmi les six se-
crétaires de la Chambre qui se prennent parmi
les plus jeunes de l'Assemblée, il y avait cinq
bonapartistes.

Comme ça pousse!...

dit une chanson de café-coneerl qui fleuris-
sait du temps de la plus grande pensée du
•ègne.

Il y a là des petits garçons qui ont vingt-six
ans à peine.

A qui un commerçant ne remettrait peut-
être pas, à cause de leur jeunesse, la direction
de sa maison pendant une absence de huit
jours.

Et à qui d'intelligents électeurs ont confié
tranquillement les destins de leur patrie.
Voilà qui va bien!

On raconte que lorsque les Siciliens voulu-
rent se défaire des Français qui habitaient
leur île,

Et que cette épouvantable infamie qui s'ap-
pelle dans l'histoire et dans ies œuvres de
Casimir Delavigne : les Vêpres siciliennes,

Il y eut parmi eux un certain embarras.

En effet, beaucoup de Français dévoués à la
mort demeuraient en Sicile depuis longtemps
et parlaient l'italien, comme si c'était leur
langue nationale.

Comment ies reconnaître des vrais Sici-
liens?...

Alors quelqu'un s'avisa de dire :

— Il y a un mot dans notre langue qu'un
étranger ne prononce jamais comme nous !

— Lequel ? dematida-t-on de toutes parts.

— C'est ciceri.

Ce mot qui signifie « pois chiche » est,'en
effet, l'un des plus difficiles à prononcer de la
langue italienne.

— Quand on doutera de la nationalité d'un
individu, continua l'auteur de la motion, —
on n'aura pour s'en assurer qu'à lu: faire ré-
péter ce mot. .

Qui fut dit fut fait, —

El il y eut, paraît-il, quelque chose comme
plus de cinq mille français qui ne surent pas
pronononcer ciceri comme il fallait.

Il y a en France un mot aussi qui est bien
difficile à prononcer, —
C'est un mot français, cependant,
Et même des plus français :
C'est le mot amnistie.

Il y en a qui le prononcent : commission de
grâces, à la Chambre et au Sénat,

Et cela étonne bien un peu les électeurs
qui croyaient avoir envoyé pour les représen-
terdes républicains qui parlaient leur langue.

Aussi ce mot leur sert-il, comme ciceri aux
Siciliens, pour reconnaître les Républicains
d'avec ceux qui ne le sont pas, — ceux qui
veulent le rétablissement de la concorde et
de la paix d'avec ceux qui veulent le maintien
du trouble et de la discorde afin, dans la mê-
lée, de pouvoir faire leurs coups.

Les bonapartistes sont tout entiers, du reste,
dans ce fait d'avoir poussé si audacieusement
dans la politique des garçonnets qui auraient
probablement pas mal de chose à apprendre '
encore.

Si, pour les bonapartistes, la politique était
autre cho«e qu'une tenue de livres en partie
extrêmement double, — qu'on apprend dans
le temps de faire un emprunt mexicain.

Mais tout, en ménageant ainsi aux fils des
leurs une entrée dans la vie parlementaire, ils
nous ont donné un bon exemple.

Ils nous ont fait comprendre une grande
vérité, c'est que pour faire de la besogne, il
faut prendre des hommes jeunes.

Garder quelques vieillards pour la forme,
—comme influence pondératrice, cela est bon.

Mais pas trop n'en faut!

C'est notre vice, à nous, Français, d'avoir
pour les cheveux blancs un respect dont les
albinos s'étonnent de ne pas bénéficier.

« A partir de cinquante ans, dit le grand
professeur Moleschott, le poids du cerveau
diminue. »

Ce qui veut dire :

«Mes bons amis, à partir de cinquante ans,
allez planter vos choux et arroser vos salades ;
— mais, pour la politique, laissez-en le soin
à des gens qui n'ont ni rhumatismes, ni her-
nies, ni râteliers, ni perruque. »

L'avis est bon, —

Mais vous verrez que c'est justement pour
cela qu'on ne le suivra pas.

*

Le nuit tombe. Le vent est froid. Le brouillard fume.
Le gaz jaune et diffus tremble dans la vapeur.
Sur la Tamise, au loin, un ciel rouge s'allume
Au front des bateaux noirs glissant avec torpeur.

4a boutique se ferme, et l'atelier se »ide.
Les ouvriers rompus aMÉtonenl. du travail,
Cependant que le VolWwTliélwuebe avide
De l'ombre qui les caene en trouvent le pjjrtoiL

La misère aux yeux creux s'assied au coin des bornes,
Et ses enfants, vêtus de haillons éternels,
Laids, sales, suspendus à ses mamelles mornes,
Sucent avec le lait les vices maternels.

Dans les squares obscurs et sous les réverbères,
D'un ton de voix discret, ou même impudemment,
Du haut de leurs douze ans des catins impubères
Au public affairé demandent un amant.

Ayant, jusqu'au tomber de la nuit qui l'éveille,
Dormi dans Drury-Lane ou sur le bord de l'eau,
Le larron, il présent dispos, prêtant l'oreille,
Tourmente dans sa poche un manche de couteau ;

Et le public-house aux vitres enflammées,
Les buveurs de gin, tristes couples hideux,
Au milieu des Jurons pâteux et des fumées
Des pipes, l'œil hagard, s'enivrent deux à deux.

Malgré les charités et les philanthropies,

Sous les ponts, sur les quais, dans l'angle des maisons,

*

* *

N'est-ce pas une chose honteuse et qui
donne profondément à réfléchir aux penseurs
qui contemplenld'un œil impassible les intri-
gues des partis, que de voir l'éternisation de
ces haines bien peu politiques, bien peu pru-
dentes 1...

Dire qu'on n'ose parler d'oubli au'avec
mille restrictions, — avec des timidités gro-
tesques, — avec des scrupules jésuitiques !

Et en quel temps sommes-nous pourtant!

A une autre époque, alors que les échafauds
étaient dreseès en permanence, et que'ce po-
lisson de Robespierre préparait son 18 bru-
maire à coups de couperet,

Alors que personne, comme aujourd'hui,
n'osait souffler mot de peur d'aller grossir
dans les prisons du Luxembourg, de l'Arsenal
ou de la Force, les victimes de l'aveugle co-
mité de Salut public qui ne savait plus qu'o-
béir aux prescriptions de son dictateur en
habit bleu-de-ciel,

Alors, en pleine terreur pour tout dire d'un
mot, quand Fouquier-Tinville et Sanson guet-
taient également tous ceux qui n'approuvaient
pas les stupidités de l'avocat d'Arras,

Un homme osa parler!

Camille Desmoulin fit son Vieux Cordelier,

Il paraît que les Allemands ne sont pas plus
contents qu'il ne faut de la façon dont M. de
Bismarck entend l'instruction publique.

Un rapport récemment publié établit qu'il
y â en Prusse seulement, quinze mille enfants
qui ne reçoivent absolument aucune instruc-
tion,

Et qu'il y en a cent quarante-quatre mille
dont l'éducation est, pour ainsi dire, à peu
près nulle.

Et le journal qui rapporte ces faits, et dé-
peint en traits lamentables la situation misé-
rable des instituteurs prussiens, s'écrie avec
tristesse:.

« Ah! que de bien on pourrait faire à ces
enfants et à ces maîtres avec une partie des
trésofs enfouis dans la Tour Julius et à la cita-
delle de Spandau! »

*

* *

Oui, bonhomme, oui!

Mais les gouvernements despotiques se mo-
quent bien des instituteurs el de l'instruction
publique, pourvu que leurs canons soient mu-
nis d'une bonne culasse.

H y a en Amérique un nommé Peabody,
mort il y a quelques années, qui a laissé aux
Etats-Unis une somme de vingt millions, pour
créer des écoles.

Mais les Etats-Unis sont une république, —
Peabody était un homme de bien.

Vous voyez bien qu'il n'y a 13 rien du
tout qui ressemble à l'Allemagne et à M.'de
Bismarck.

Voici le temps du carême, on peut se ris-
quer à des anecdotes sur les prédidicateurs ;

C'était dans une petite ville du Midi.

Un prédicateur était en train de prêcher sur
l'Evangile où il est question de la multiplica-
tion des pains.

Dans le feu du discours, au lieu de dire que
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