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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 6.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6811#0078
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LE GRELOT',

LA SEMAINE

Un des plus vifs éléments de gaieté de la
semaine qui rient de s'écouler a été le jour
du terme.

Pour les propriétaires, s'entend.

Car pour nous autres, pauvres locataires!!

Enfin, fermons les yeux sur cette blessure
trimestrielle et cherchons dans notre carnet
de chroniqueur ce qui peut intéresser les
abonnés du Grel*t.

Je trouve d'abord, au nombre des choses
extravagantes et folles qv\ tombent sous noire
coupe, un certain courrier de Noumia, adressé
au Figaro, et signé Z. Z.

A première vue, vous vous dites comme
moi : liens I tiens ! ... un courrier de Nou-
méa !... e> doit ôtre palpitant !.., je parie que
je vais y lire des détails piquants sur les der-
nières évasions ; quelque chronique tout au
Moins spirituelle sur le high-life de là-bas; le
comble rendu des dernières représentations;
enfin quelque chose qui justifie ce titre de
courrier, généralement contraire aux événe-
ments de ce genre.

Je t'en ► ouhaile !

Le susdit courrier, après avoir célébré la
beauté du climat de celle terre bénie, après
avoir altirmé que les Canaques, habitants indi-
gènes de ce petit paradis, n'ont jamais, au
grand jamais dévoré aucun Européen et que,
pourvu qu'on les laisse gague.r quand on joue
tu bézigue avt-c eux, ce sont les plus char-
mantes gns du monde; le susdit courrier,
dis-je, entonne les louanges d'un certain M.
H... (pa* de réclame) qui passe son temps là-
bas à extraire du nickel, à I envoyer en Europe
«t à sVn faire un bou million de renies. Ya-
t-en voir s'ils viennent, Jtun l)

— Bah 1

— C'est comme j'ai l'honneur de vous le
dire. Le tout se termine pas un boniment des
plus perfectionnés et un appel de fonds aux
gog»$ ilt l'ancien monde.

— Pas si béte, tout de môme !

— N'est ce pas?

— Ce n'est pa< que j'en veuille a M. H...
d'extraire <Ju ntckrt et de gagner sa vie.; je
sais nombre de dentistes qui foi t subir la
même opération aux dents de leurs clii nts et
qui y ont gagné nombre de petites maisons à
Asnièrei. Mais ce que je tronve de véritable-
ment étonnant, c'est l'aplomb cocasse de M.
II... et le cynisme impudent du citoyen Z. Z.
qui, sans couleur de littérature, essaie île ven-
dre les rouleaux d'Eau de Cologne de son
client.

— Heureusement, on ne coupe plus là-de-
dans I

— ûn coupe dans tout, cher monsieur. On
a bien coupé dans les Turcs !

A propos de ces malheureux Turcs, on me
raconte une assez jolie histoire.

Un noble étranger se présente samedi der-
nier au jardin d'acclimatation... non pour
son compte personnel, croyez-le-bien, mais
pour admirer les singes dans toute leur splen-
deur.

Arrivé au guichet, le noble étranger, suivi
de sa non moins noble faiiiille.au lieu de tirer
son porte-monnaie, fait signe à un valet de
chambre nègre qui le suit, porteur d'une
énorme valise.

Le larbin s'approche et se dispose à mettre
la clef dans la serrure.

— Monsieur, fait l'étranger au buraliste,
je désirerai entrer.

_Très-bien. Combien êtes-vous ?

_ Sept.

_C'est quatorze francs.

_À merveille. Bouci-Boula?

— Maître î

— Ouvrez.

Bouci-Boula ouvre la valise.

— Prenez une action.

— Oui, maître.

Et le bon nègre tend à l'employé un large
papier orné de dessins bizarres.

— Vous voulez bien accepter, monsieur?
ajouta l'étranger.

— Parfaitement... au cours de 14... ça fait
l'affaire.

— Si pendant celui de ma visite, il survenait
de ia baisse, vous auriez l'obligeance de m'en
avertir... je vous tiendrais compte de la diffé-
rence.

Et la malheureuse victime de la roublardise
ottomane passe grave et digne devant les em-
ployés saisis d'une respectueuse admiration
pour «ne telle infortune aussi noblement sup-
portée.

*

• *

Deux heures après, notre étranger se sent
pris d'un de ces besoins de solitude auxquels
le passage Jouffroy a élevé un temple devenu
célèbre.

Il entre dans celui du Jardin d'acclimata-
tion, moins confortable, mais plus champêtre,
et en sort quelques instants après, l'air tout
radieux.

Puis tendant à la, préposée aux faiblesses
humaines une de ces fameuses actions :

_ Veuillez me rendre, madame, fait-il

avec un sourire enjoué.

Celle-ci prend le papier et consultant une
dépêche qu'un gardien venait de lui remettre :

— Monsieur, la Bourse a été exécrable...
vous me redtvei encore deux sous I ! !

*

* *

Je livre la tête de l'étranger au crayon de
Pépin et de Lepetit !

*

Un journal a reproché à Gounod d'avoir
conduit en redingote son Requiem, le jour du
Vendredi-Saint.

Mieux vaut être venu en redingote que de
s'en retourner en veste.

N'est-ce pas, chers lecteurs T

NICOLAS FLAMMÈCHE.

Déeidément, le plus vulgaire bon sens fait
défaut à ces hommes sinistres qui s'appellent
les républicains.

Ils ont déjà posé re principe stupidp, inepte,
qu'ils devaient participer aux affaires de la
République.

Maintenant, ils prétendent que les maires
doivent être élus par leurs administrés.

Fianchenaent, est-ce assez ridicule?

*

* *

Est-il possible de réfléchir seulement cinq
minutes sans s'apercevoir que les électeurs de
la commune ne connaissent aucunement leurs
vérilabbs intérêts,

Et que 1b prête t, qui n'a jamais vu le pays,
saura mieux choisir l'homme qu'il leur faut
qu'tux-mèmes.

N'est-ce pas ainsi qu'agit tout le monde?...

Théophile Gautier, par exemple, n'allait ja-
mais voir les pièces dont il devait faire un
compte rendu, de pe*r de se laisser influencer.

C'eM connu, cela !...

Et chacun sait que lorsqu'un commerçant
veut prendre un premier commis, il se garde
bien de le choisir lui-même, et se le fait dé-
signer par le commissaire de police du quar-
tier.

*

• *

On fait bien quelques petites objections
contre ce beau raisonnement.

On dit, par exemple, aux conservateurs que
la loi réclamée aujourd'hui par les républi-
cain» e t justement celle qu'avait proposée la
Droite en 1871.

Pure méchanceté de ces gredins de radi-
caux.

Ne savent-ils pas que les plus sages font
plus d'une folie dans leur vie?

*

* *

Mais ce n'est pas là le seul cheveu que trou-
vent dans cette loi les ennemis de la Société,
Religion, Famille et C (cliché n* 69).

Il est vrai qu'ils en trouvent partout.

Môme sur une boule de cuivre de rampe
d'escalier.

Même sur la tête de Siraudin.

Ainsi, un spirite de mes amis prétendait
qu'il est absurde d'enlever aux villes de
30,000 âmes et plus la nomination de leurs
maires, abrs qu'on laisse ce droit aux com-
munes moins populeuses.

Moi, en zélé conservateur que je suis des
institutions de mon pays, même de celles qui
sont chargé» s de déiruire, je lui ai répondu
qu'il avait tort, car..., parce que..., attendu
que..., enfin, parce qu'il avait tort!...

Ces choses-là ne se discutent pas!...

*

* *

Cet argument ne parut pas péremptoire au
spirite, et, comme c'est un homme très-fort,
capable d'évoquer même l'esprit d'un épi-
cier, il me fit voir dans l'avenir et dans une
chambre obscure les futures dépêches sui-
vantes.

Préfet de X*** sur Y'** à intérieur.

il h. soir.

Suis bien ennuyé. Que faire?Ville a 19,999
habitants. Ville sage. Aucun danger pour So-
ciété, Religion, Famille à ce qu'elle élise son
maire demain.

Mais femme en mal d'enfant accouchera
cette nuit. Ville aura 20,000 h., et alors de-
viendra foyer de démagogie. Si élisons maire,
monde entier menacé de cataclysme.

Intérieur à préfet de X*** sur Y***.

H h. 1/2.

Avez raison. Ordre serait menacé. Si en-
fant natt, faites afficher qu'élection est sus-
pendue.

Préfet de X*** sur Y*** à intérieur.

11 h. 45.

Enfant né, respire peu, mais assez. Vais
faire afficher que les élections sont suspen-
dues.

Minuit.

Embêtant. Homme vient de mourir de stu-
peur en apprenant que son propriétaire le di-
minuait de moitié. Sommes encore plus que
19,999.

Que faire?...

Intérieur à préfet de X*** sur ï***.

i heure matin.

Faites arracher affiches.

Préfet de X*** sur ¥'** « intérieur.

2 heures.

Re-embêtant. Enfant respire de moins en
moins; médecin croit qu'il est naort ou que
vivra pas un quart d'heure. Si vrai, serons
plus 20,000.

Que faire?...

Intérieur à préfet de X*'* sur Y***.

3 heures.

Dès qu'enfant sera mort, faites procéder à
l'élection, mais pas avant.

#

» *

Puis, le spirite me montra tous les électeurs
de X ** sur Y*** attendant pendant toute la
journée auprès des urnes. Ce n'est qu'à 11 heu-
res 1 2 du soir que l'enfant fut reconnu comme
bien mort, et que l'on put ouvrir le scrutin.

Mais, comme à 11 heures 3/4 la mère ac-
coucha d'un second enfant, l'élection lut in-
validée.

GRINGOIRE.

Et ne dirige aucun groupe dont ait quelque
chosf à craindre;

Aussi, l'écoute-t-on peu,

Et quand il redemande les siens qu'on lui a
enlevés, on lui répond :

■—Tenez, voilà l'effet que vous me faites !

* *

FEUILLES AU VENT

Il paraît que tout va bien...
Vous n'avez pas remarqué dans les rues l'air
joyeux des gens que vous avez rencontrés?...
C'est singulier!...

S'il faut en croire, cependant, les organes
les plus autorisés de la presse, t rus les habi-
tants de Paris ont exhibé, ces jouis derniers,
des nez plus hilares que des cochers d'omni-
ni's qui viennent de se régaler de tripes.

Tout ça,

Vous ne savez pas pourquoi, heinl
Eh bien ! c'est à cause du mouvement pré-
fectoral I

■»

* •

Vous ne vous en doutiez pas?

Vous ne vous figuriez pas ça, — que le dé-
placement de trente ou quarante individus
pouvait causer une si vive allégresse dans les
âmes,

Puisque ces individus, pour s'être moqués
pendant dix-huit mois d'un département,n'en
reçoivent d'autre punition qu'un autre dépar-
tement dont ils pourront se moquer pendant
dix-huit autres mois.

C'est, cependant, comme ça.
Les populations sont enchantées,
Les faubourgs ne se tiennent pas de joie,
Et on est obligé de museler les fondeurs en
bronze pour qu'ils ne se dévorent pas de ca-
resses.



* *

Voilà qui va bien I

Et le patriotisme fait de rudes progrès dans
les cœurs !

Dans les cœurs parlementaires, du moins,—

Car je doute que le peuple partage l'en-
thousiasme qui tait palpiter les hautes ré-
gions du radicalisme officiel,

Quelques places, quelques fonctions, quel-
ques gros traitements,

Et les prophètes, les apôtres, les martyrs se
déclarent satisfaits, et prêts à faire leur paix
avec le gouvernement.

On leur passe la casse,

Pourquoi ne passeraient-ils pas le séné !

Malheureusement, le peuple a peu de part
à la curée,

Et ce n'est pas dans les ateliers, où il sue
et peine, qu'on va chercher le personnel des
ambassades et des préfectures.

II n'a pas de journaux pour attaquer le mi-
nistère,

Ni de siège à la Chambre pour lui imposer

sa volonté;

k H n'a pas d'influence prépondérante dans le
Sénat,

Et de fait, à quoi bon s'inquiéter!

On est nommé pour quatre ans,

Et deux mois ne sont pas écoulés!

On a du terrn>s devant soi !

Dans trois ans et six mois, quand il s'agira
de soigner sa popularité en vue des prochaines
élections, on tirera de son tiroir une petite
proposition d'amnistie qui dilatera tous les
cœurs,

Et qu'après 1* vote, on refourrera, comme
cette fois, dans le tiroir.

Mais jusque-là, motus,

Ne parlons pas de ça!

Nous sommes nommés, voilà le principal,
— et le reste importe peu.

Tel est le raisonnement de la presque una-
nim té de la Chambre,

Et il faut s'attendre à la voir couronner par
une faiblesse — le mot est joli — générale
tous les mensonges individuels qui ont pré-
cédé le votel

Aussi, je doute fort que les électeurs aient
dans l'âme une dose d'azur aussi forte que
leurs aimables représentants,

Et que dans les faubouigs on se serre les
mains avec, autant de compliments et de sala-
malecs que dans les salbs à manger de nos
républicains qui sont parvenus à faite nom-
mer préfet ou sous-préfet un cousin ou un
neveu !

«

* *

Car* ces rats qui avaient chipé cent cin-
quante-deux bobines de soie dans une fila'
turp,

Et qui les avaient réduites en bourre pour
en capitonner le nid de lejrs petits,
CVst la Chambre!

Si la Fontaine ou Florian vivaient, ils e°
feraient une fable I

La semaine dernière, dans les wagons de
nos diverse s lignes de chemin de fer, on ne
voyait que dé,.utés emportant en vacances
leur bobine de soie.

*%

« Mon Dieu ! a dit le gouvernement,

» Du moment qu'il ne faut que cela pour
les contenter ! »

Le monde est plein de ces gens qui sont
furieux, exaspérés, — qui vont tout casser,

Et qui, si on leur offre uue chaise, s'y as-
sienl tranquillement et demundent une bava-
roise.

Je connais un individu,—un homme de let-
tres, Dieu lui pardonne!—qui, en 1848, éta'1
enragé, et faisait au gouvernement toutes le»
misères;

Il avait de l'esprit et du talent, — et on
en était fort embarrassé.

Un beau jour, quelqu'un s'avisa de lui de-
mander s'il ne voudrait pas une place par ha-
sard.

Il répondit que si ;

On lui en donna une, — dans la police,
et il 1 accepta!

C'esi ainsi que finissent parfois les opposi'
lions !

Notez que je pourrais citer le nom de l'in-
dividu, qui est très-connu, — et qui peut-ôtre
vit encore.

.**

Que le peuple, après tant d'expériences la'
mentables, nomme encore ce qu'on est con-
venu d'appeler des hommes d'opposition, de»
avocats sans causes, des bavards impudents»
des hommes de lettres déclassés, et le reste,

Au lieu de prendre dans son sein d'hoH'
nôles ouvriers pour le représenter,

C'est ce qui est incompréhensible!

Le Journal officiel ne contiendrait plus san'
doute alors d'aussi longs discours, — bien qne
le verbiage ne leur vienne, à eux aussi, que
trop vite; —

Mais tout le monde ne s'en porterait q«e
mieux !...

Mais non, il lui faut des tartines de prose à
perle de vue à son déjeuner;

Si bien qu'il envoie à la Chambre des hor»'
mes qui ne sont pas plus tôt nommés qu'i'5
disent au gouvernement comme Chimène *
Rodrigue :

Va, je ne te hais point!...

Pour n'en citer qu'un,

Ne voit-on pas, depuis quelque temps, ave"
quelle partialité les journaux de la réact'03
couvrent M. Gambetta d'éloges scandaleux1

Comment a-t-il mérité ces honteux panég/'
riques!

Est-ce en soutenant les droits du peuple et
la liberté de ses électeurs qu'il trouve moy^
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