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Lafitau, Joseph François
Moeurs Des Sauvages Amériquains, Comparées Aux Moeurs Des Premiers Temps: Ouvrage enrichi de Figures en taille-douce (Band 1) — Paris, 1724

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https://doi.org/10.11588/diglit.10366#0352
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ié9 MOEURS DES SAUVAGES

" vent être déclarez foldats en préfence de tous
" leurs parens ôc amis, qui font conviez d'affilier
5 a une fi folemnelle cérémonie. Voici donc l'or-
95dre qu'ils obfervent en ces occafions. Le pere ,
* qui a auparavant convoqué l'alTemblée , fait
*feoir fon fils fur un petit fiége, qui eft pofé au
^milieu de fa Cafe, ou du Carbet, 5c après lui
» avoir remontré, en peu de paroles, tout le de-
«voir d'un généreux foldat Caraïbe, ôc lui avoir
95 fait promettre qu'il ne fera jamais rien , qui
?> puhTe flétrir la gloire de fes prédecelfeurs, &:
„ qu'il vengera de toutes fes forces l'ancienne que-
*» relie de leur Nation j il faifit par les pieds un
•* certain oifeau de proye , qu'ils appellent Mans-
55finis en leur Langue, .& qui a été préparé long-
„ temps auparavant pour ctre employé à cet ufa-
•>ge, & il en décharge plufieurs coups fur fou
» fils jufqu'à ce que l'oifeau foit mort, &: que fa
*5tête foit entièrement icrafée. Après ce rude
„ traitement , qui rend ce jeune homme tout
«étourdi, il lui fcarifie tout le corps avec une
» dent d'Acouti ; 6c pour guérir les cicatrices
?>qu'il a faites, il trempe l'oifeau dans une infu-
3} fion de grains de piment, Se il en frotte rude*-
„ ment toutes fes bleiTnres., ce qui caufe au pau-
» vre patient une douleur très-aiguë de très-cui-
** fante : mais il faut qu'il fouffre tout cela gaye-
" ment fans faire la moindre grimace , &c fans
„ témoigner aucun fentiment de douleur. On lui
^>fait manger enfuite le cœur de cet oifeau, 6c
 
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